Photo: Emma Hall

Pourquoi je voyage en solo

Fleur Casassus
4WD Magazine
5 min readMay 11, 2017

--

Pourquoi sommes-nous sur cette Terre ? Qui suis-je réellement, au delà de mon diplôme, de ce que pensent les autres, de ce que je pense ? Qu’est-ce qui fait que je suis unique ? Quelle est ma mission de vie ? Comment cultiver mon bonheur ?

Ces grandes questions existentielles ne devraient pas être réservées aux rares moments de remise en question avant de replonger de plus belle dans le métro-boulot-dodo. Le risque est de se reposer ces mêmes questions à postériori, sous forme de regrets.

J’ai décidé de voyager en solo l’année dernière, alors que j’étais en plein questionnement sur ma vie professionnelle. J’étais alors en V.I.E. en Suisse, dans un grand groupe français pour lequel je gérais des projets de gestion de l’énergie et de l’eau pour le secteur industriel. Un vraiment bon début pour moi qui ai justement étudié en école d’ingénieur pour pouvoir contribuer à un monde plus écologique, en me spécialisant dans le génie énergétique. J’y voyais l’opportunité de développer une expertise technique que je pourrais utiliser dans des projets d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable.

Devant l’opportunité de m’intégrer à plus long terme dans cette entreprise, de m’assurer une certaine sécurité et de nombreuses opportunités, j‘ai décidé de partir. Il m’a fallu du temps et beaucoup de recul pour m’écouter vraiment et comprendre que, si je m’acharnais à continuer ce travail, c’était plus pour développer une forme d’expertise utile au monde que pour faire quelque chose que j’aimais réellement. Il m’a fallu me détacher de ce que la société pouvait attendre de moi avec le diplôme que j’avais. Car lorsque l’on nous propose un contrat dans un grand groupe, le refuser fait poser beaucoup de questions, que ce soit de la part des managers de ladite entreprise ou par son entourage. “Tu ne te plaisais pas dans cette entreprise ?” “Es-tu sûre qu’il n’y a pas d’autres missions qui pourraient te plaire ?”…

Oui je suis sûre, et je n’ai jamais été aussi sûre. Car quand on s’écoute enfin, on comprend le sens de ses choix. Je décidais donc de partir 6 mois en sac à dos. Ayant déjà voyagé en solo auparavant, je me souvenais que c’était la meilleure manière d’apprendre sur le monde et sur soi. Et c’est précisément ce dont j’avais besoin. Quelle voie professionnelle me permettrait de dévoiler mes réels talents, de grandir et de m’épanouir ? De quoi est fait mon bonheur ? Il me fallait aller plus loin dans ces questionnements. Je ne pouvais plus me contenter d’un travail reconnu, de bons amis, d’une vie agréable dans une ville animée, de vacances dans des pays éxotiques pour se changer les idées…

En plus de cette quête de moi, j’avais un grand besoin de liberté pour évoluer comme bon me semble. L’être humain a en permanence besoin de grandir. C’est dans sa nature. J’ai trouvé dans les entreprises hiérarchiques beaucoup de freins à cela. La structure hiérarchique en elle-même me pose problème, puisqu’elle impose l’idée que évoluer dans une entreprise signifie monter les échelons et donc devenir manager. Or, il ne s’agit là que d’une manière de s’épanouir parmi d’autres. Et pourtant, nombre d’employés en fin de carrière se sont battus pour cela. Ceux qui n’étaient pas fait pour ça en ont tiré beaucoup de frustration et finalement peu de lauriers. Elle me pose également problème lorsqu’elle est utilisée abusivement, dans un sens comme dans l’autre. Les uns ne sont responsables de rien, les autres ont un oeil sur tout. Le résultat est souvent une perte de temps, un manque de confiance, une perte d’envie réelle de travailler. Cela me ramène à la deuxième image de cet article : la perte de temps est quelque chose de tragique. Nous pouvons tous donner tellement plus à la société dans le temps qui nous est imparti.

Le voyage en solo, c’est le grand bol de liberté dont j’avais besoin. Mais ce n’est bien sûr pas qu’une partie de plaisir. Le jour J arrivé, mon sac à dos bouclé pour 6 mois et les au-revoir à mes proches faits, j’ai eu l’impression de littéralement m’arracher à ma zone de confort. Et dans ces moments, il y a toujours cette petite voix intérieure qui dit “Mince, pourquoi je fais ça déjà ? J’aurais pas pu trouver mon bonheur ici ?”. De toutes façons, c’est parti. Le plongeon dans le grand bain. Advienne que pourra. Au moment où l’on dépasse cette zone de confort, on entre dans quelque chose de magique. On ne peut plus tout prévoir et c’est tant mieux, car c’est là où l’on apprend. La rencontre des autres est réellement enrichissante. La rencontre de soi-même l’est plus que jamais.

Cela fait presque 4 semaines que je suis partie sur les routes d’Europe. Rien de très éxotique me direz-vous, mais l’aventure tient beaucoup à la posture de voyageur. Les besoins ne sont plus que les plus essentiels : dormir, manger… Pour le reste, on se laisse surprendre par ce qui vient sur notre route : des belles rencontres, de beaux endroits, des jours de beau temps, … Tant de raisons d’exprimer sa gratitude. Et j’ai bien compris que c’était là un élément essentiel à mon bonheur.

Je ne peux aujourd’hui pas affirmer de quoi sera faite ma vie professionnelle dans 5 mois, mais j’ai pleinement confiance en l’avenir puisque je pourrai la construire sur les bases d’une meilleure connaissance de moi.

Tout le monde ne doit pas tout plaquer pour partir en sac à dos. Je pense en revanche que tout le monde aspire à être heureux et qu’une composante importante du bonheur est de grandir en permanence et de montrer au monde ce que l’on est réellement.

Et vous, est-ce que votre travail actuel vous le permet ?

Si vous pensez que non, restez optimistes et faites un tour sur ma page facebook où je poste des interviews de personnes qui vous montreront qu’il est possible de s’épanouir par le travail.

Et si cet article vous a inspiré, cliquez sur ❤ pour que d’autres puissent l’être aussi ☺

--

--