Comment les réseaux sociaux influencent le débat public scientifique #NoFakeScience

Climat, nucléaire, pesticides, médicaments... Plus le monde devient complexe, et plus l’information scientifique est d’intérêt public. Mais l’arrivée des réseaux sociaux a bouleversé sa diffusion…

Noé Falque
4 min readSep 8, 2019

Fake news ! Souvenez-vous de la panique médiatique au moment des élections américaines de 2016. Aux yeux des grands journaux et des chaînes d’info, les réseaux sociaux sont subitement passés du statut d’innocent trombinoscope de chatons à celui de machiavélique machine à fake news qui menace la démocratie.

Face à la crise de confiance auxquels ils sont eux-mêmes confrontés, les médias traditionnels proclament alors plus que jamais la différence de nature entre l’information de qualité créée par les journalistes professionnels, et les intox qui, elles, circulent sur les réseaux sociaux.

Mais sur les sujets scientifiques, on ne reconnaît pas toujours une pomme au premier coup d’œil…

Et pourtant, le 15 juillet 2019, 250 scientifiques du collectif #NoFakeScience ont dénoncé dans une tribune le traitement réservé aux sujets scientifiques dans les médias traditionnels. Ils s’alarment de la diffusion massive et courante d’inexactitudes et d’un traitement déformé par des partis-pris idéologiques et sensationnalistes.

Pourquoi spécialement l’info scientifique ?

Dans les démocraties occidentales, le débat public s’est longtemps concentré sur des sujets qui laissent la part belle à l’idéologie, la culture et la vision politique. Le système médiatique s’est ainsi structuré pour mêler opinions, théories économiques et actualité démocratique et pour accepter la controverse en toute matière.

Cependant, à mesure que la société a évolué vers des modes de production plus complexes et que l’impact de l’industrie est devenu ubiquitaire dans le monde, les connaissances scientifiques sont devenues indispensables à la prise de décision politique, et donc au débat public. Ainsi, pour défendre leurs intérêts, nos sociétés ont besoin de comprendre le dérèglement climatique, l’impact de certaines substances sur la santé ou encore le fonctionnement des écosystèmes naturels.

Cependant, même lorsque ces faits font l’objet d’un large consensus scientifique, leur importance ou leur véracité sont souvent contestées dans le débat public.

Dans son livre La démocratie des crédules¹, le sociologue Gérald Bronner illustre le paradoxe que constitue ce manque de confiance envers les sciences :

« Une société fondée sur le progrès de la connaissance devient, paradoxalement, une société de la croyance par délégation, et donc de la confiance »

Partie 1 : Les nouvelles voi·es·x du débat public sur les questions scientifiques

Depuis une quinzaine d’années, la démocratisation d’internet, amplifiée par celle des réseaux sociaux* a provoqué des mutations sans précédent dans la diffusion de l’information. Ce phénomène a permis l’apparition de nouveaux supports d’expression, plus horizontaux, et dont chacun a une influence sur le contenu distribué. Ces supports ont aussi permis de faire émerger de nouveaux acteurs du débat public, et donc d’autres méthodes de médiation des informations scientifiques.

Partie 2 : Impact sur la qualité d’information du public

Alors que les sujets scientifiques sont particulièrement concernés par la diffusion croissante des fausses nouvelles, il convient aussi de comprendre l’influence et les conséquences de ces mutations sur la capacité du public s’informer de manière rationnelle sur les sujets scientifiques d’intérêt public.

Partie 3 : Les réponses à ces nouveaux défis

En réponse à ces phénomènes, certains acteurs de la médiation scientifique réinventent leur manière de communiquer, remettent en cause leur légitimité et fondent pour les citoyens les bases d’un autre rapport aux faits et à la communauté scientifique.

TL;DR

Objectif : Je tente de comprendre en quoi l’utilisation massive des réseaux sociaux modifie l’ensemble de la chaîne de médiation des faits et arguments scientifiques d’intérêt public, jusqu’au niveau d’information des citoyens.

Méthode : J’ai observé ses principaux supports et acteurs, leurs méthodes de médiation, puis leurs conséquences cognitives sur le public. J’ai ensuite tenté d’évaluer la qualité de cette médiation en interrogeant des scientifiques.

Résultats : En imposant partout leur rythme, leur horizontalité et leurs formats, les plateformes ont libéralisé le débat scientifique. Elles ont affaibli les intermédiaires historiques, mais ouvert la voie aux scientifiques vulgarisateurs comme aux fausses informations qui s’y diffusent plus facilement.

Interprétation : La défiance à l’égard des experts née de ce décloisonnement prédispose au complotisme. Mais elle pousse aussi à adopter une pensée critique proche de la méthode scientifique.

Conclusion : Le débat de l’information scientifique a toujours été imparfait. Il est aujourd’hui davantage manipulé par l’émotion, mais il devient plus transparent et participatif.

💚 Merci de votre lecture !

Je ne fais encore que découvrir les premières couches d’un sujet large et infiniment complexe. Je serais ravi d’avoir votre avis ! (Mais avant n’oubliez pas de lire la suite ›)

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