The Rise and Fall of Algol 68

En septembre 1967, une équipe de quatre universitaires venus des quatre coins du monde s’attelait à la lourde tâche d’écrire un langage de programmation qui succéderait à Algol 60. Le manque de popularité de ce dernier fut le moteur de cette entreprise.

En effet, 7 ans après son apparition, force était de constater le manque d’intérêt du monde de l’ingénierie et de l’industrie envers Algol 60. La principale raison de cet échec était la complexité du système d’entrées/sorties du langage. Les universitaires qui l’avaient élaboré accordaient en effet une grande importance à l’algorithmie, et se préoccupaient peu de la manière dont l’information était transmise au monde extérieur.

Les quatre “auteurs” s’attelèrent donc à la rédaction d’un long rapport qui devait formaliser la grammaire d’Algol 68. Un groupe de travail de l’IFIP (International Federation for Information Processing) devait superviser l’avancée du travail, et cadrer son évolution.

La volonté d’Adriaan van Wijngaarden, le leader du groupe d’auteurs, était de créer un langage à la fois élégant et orthogonal. Cela signifie que les règles qui régissent la grammaire du langage sont peu nombreuses, et cela implique donc une certaine simplicité dans la formalisation du langage. Le concept principal sur lequel s’appuyait déjà Algol 60, la grammaire à deux niveaux, ou two-levels-grammar, fût réutilisée pour son successeur. Ce type de grammaire est en fait une grammaire formelle qui génère elle-même une autre grammaire.

Après la parution du rapport en 1968, et l’apparition des premières implémentations du langage, Algol 68 fût beaucoup utilisé dans le monde universitaire, mais eu très peu d’utilité dans le domaine applicatif. Le mathématicien et informaticien célèbre Edsger Dijkstra affichait son manque d’enthousiasme dans une lettre adressée aux auteurs : “ The more I see of it, the more unhappy I become”.

Les raisons de cet échec sont multiples. Tout d’abord, les différentes implémentations proposées firent leur apparition trop tardivement, et n’étaient pas toujours à la hauteur en terme d’efficacité. De même, le langage ne reçut pas le soutien escompté du monde de l’industrie. Ce langage trop académique n’avait finalement pas sa place dans l’univers de l’ingénierie. Un des auteurs, Cornelis Koster, affirmera avec du recul : “Algol 68 fût le résultat et la conclusion d’une décennie de recherche du langage algorithmique idéal”. Les années 70 marquèrent l’avènement de nouveaux champs de recherches moins théoriques en informatique ; il était déjà trop tard pour Algol 68.

--

--