Le Gentil

“Je suis serviable.”
“J’essaie d’être agréable et conciliant avec les autres.”
“Je suis gentil.”

Ce n’est sûrement pas des phrases que vous entendez souvent lorsque vous demandez à quelqu’un quelle est sa plus grande qualité.

Et pourtant.
Je pourrais les prononcer.
Ai-je tort?

Quand vous prononcez une phrase du genre “Ce type est gentil”, à quel genre de personne pensez-vous ? Sans doute à quelqu’un de faible, une personne douce qui ne ferait pas de mal à une mouche, à quelqu’un qui se laissera marcher dessus par les plus virulents, les toujours sûrs d’eux, les méchants.

Mais depuis quand la gentillesse
est-elle devenue une faiblesse ?

La société en a fait un trait négatif, un défaut. Ce trait de caractère a été perçu de cette façon depuis si longtemps que ça va prendre un sacré bout de temps pour changer cette perception. Mais je crois sincèrement qu’il peut être l’un des plus grands atouts de l’être humain.

Quel est le problème à vouloir donner ? À être positif ? À s’assurer que tout le monde autour de vous est heureux ? Pour moi, ces valeurs sonnent comme les choses les plus éloignées d’une «faiblesse», elles demandent de la force, de la confiance en soi et en l’autre, et surtout elles demandent à faire passer son intérêt propre au second plan volontairement.

Effectivement, cette gentillesse peut devenir un problème, mais ce n’est pas la gentillesse elle-même qui pose souci.

Quand la gentillesse devient-elle un problème alors ?

Lorsque vous ne savez pas/ n’osez pas demander quelque chose en retour.

Vous pouvez donner tant que vous voulez, mais si vous n’osez pas demander quelque chose en retour quand (et si) vous en avez besoin, vous n’allez rien y gagner, et peut-être même y perdre. La vie est faite de connexions, d’opportunités et de dur labeur. Lorsque vous donnez à quelqu’un quelque chose dont il a besoin, quand vous transformez le rêve d’un autre en réalité, ils (dans une certaine mesure) vous doivent quelque chose. Et ils seront beaucoup plus disposés à vous rendre un service grâce à votre geste. Ce scénario du “donner pour recevoir” est vieux comme le monde. On appelle cela l’entraide. L’être humain n’en serait pas arrivé à ce stade sans travail en commun, sans “je te protège contre cet ours, tu me protégeras contre les loups”.

Mais vous devez demander lorsque vous avez besoin. Rien ne tombera jamais tout seul si vous ne l’exprimez pas. Qui vous défendra contre ce loup si vous n’appelez pas à l’aide en le voyant ?

Sans gentillesse, sans services rendus avec plaisir, on est vraiment seuls.

Nous avons toujours plus d’amis et de followers, et pourtant la société tourne de plus en plus au “me, myself and I”, au “moi-d’abord et les autres plus tard, si j’ai le temps (mais tu vois, là il y a une after, alors…)”.

Donc arrêtez d’essayer de lutter contre une partie de vous-même. Vous ne voulez pas que votre gentillesse soit perçue comme une faiblesse, et vous ne devriez pas laisser les gens le dire. Vouloir profondément rendre les autres heureux est un trait de personnalité génial pour vos proches.

Mais vous ne devez pas omettre de regarder à l’intérieur de vous.
Exprimez vos besoins.

Ne vous oubliez pas.