034 — Force

Thomas Tissot
100 mots pour 1 vie
3 min readMar 14, 2019

( Petite nouveauté cette semaine : voici une playlist que je vous propose afin d’accompagner votre lecture : https://www.youtube.com/watch?v=yT13r0xVF5M&index=1&list=RDEMbq7ixd5FGSKW4ANB6e8koA )

Photo by Alora Griffiths on Unsplash

La force, notion galvaudée et dévoyée s’il en est. Souvent associée à l’expression d’une caractéristique physique acquise au prix d’efforts continus voire parfois de sacrifices importants. De la sueur, du sang, des larmes. De la douleur, de la résistance. Des doutes.

J’en parle d’autant plus facilement que je pense avoir grandement contribué à propager cette image de ce que se doit d’être la force. Mon identité était intimement liée à cette idée. Ce que je donnais à voir, la manière dont je souhaitais être perçu, tout tournait autour de ce besoin d’être perçu comme quelqu’un de fort. Au point de m’être moi-même mis dans des situations délicates.

En effet comment mesurer la force si ce n’est face à l’adversité ? Comment la jauger si ce n’est à travers son expression la plus pure, la plus brutale ? Ne parle-t-on pas de démonstration de force ? La force ne pourrait être appréciée que lorsqu’elle s’exprime, elle n’existerait que lorsqu’elle se montre, lorsque l’on peut observer ses effets.

Du moins c’est, semble-t-il, l’appréciation la plus commune et la plus répandue que l’on en a.

Mais qu’en est-il de la force tranquille, de l’assise, de l’assurance qui émane de ceux qui possèdent une certaine forme de force sans qu’ils aient besoin de l’exprimer ?

Parfois ces mêmes personnes semblent habitées par une puissance qu’ils ne savent même pas posséder.

Ma mère en fait partie.

Ma compagne en fait partie.

Certains de mes amis possèdent aussi cette qualité et je m’estime particulièrement chanceux de pouvoir côtoyer ces personnes.

Il semblerait donc parfois que la force soit encore plus prégnante lorsqu’elle ne s’exprime pas. La retenue, le détachement voir le lâcher prise seraient autant d’expression “négatives” de la force que l’on a bien souvent tendance à sous-estimer.

Il y a une formule qui m’est apparu il y a quelques mois pour ne plus me quitter depuis et qui fait en quelque sorte écho à cette idée : viser l’action juste.

Quelque soit le contexte, les parties prenantes, les enjeux, toujours viser l’action juste. Un peu à la manière de ce maîtres sans âge que l’on dépeint dans les films d’arts martiaux : tranquille, discipliné, l’air toujours un peu ailleurs mais dont la conscience aiguisée ne laisse aucune place à l’hésitation au moment de l’action. L’action juste, au bon endroit, au bon moment, proportionnée, sans fioriture. En un mot : parfaite.

Plutôt qu’une démonstration aveugle de force comme un moyen d’asseoir l’autorité. Plutôt qu’une action entreprise en réaction à un événement, de manière disproportionnée, sous le coup de l’émotion, juste pour prouver que l’on en est capable, pour se prouver que l’on existe.

Viser l’action juste, celle qui n’aurait pas d’autre fin que son accomplissement. Voilà peut-être la plus grande démonstration de force que je connaisse.

Parce qu’elle suppose de faire preuve de maîtrise de soi, qu’elle ne peut pas voir le jour si l’on agit sous le coup de l’émotion, par orgueil ou pour satisfaire son ego.

Parce que parfois l’action juste suppose de ne pas agir.

Prenez soin de vous.

Thomas

--

--

Thomas Tissot
100 mots pour 1 vie

J’écris chaque semaine sur la stratégie, la performance, la psychologie et les organisations. Retrouvez mes écrits sur : www.thomas-tissot.com