La Mère et le Diable

Instant d’Altitude n°2

Carine VIAL
1 livre, 1 don pour ACSE
2 min readJan 31, 2017

--

Le pic de la Mine dans la tourmente avec ses reconnaissables Bec de Corbeau et Aiguille Morin

Certaines aventures ne sont parfois initialement que de vagues paroles, des idées jetées au vent, guettant furtivement que tous les paramètres concordent pour pouvoir se réaliser : partenaires, conditions, forme physique, disponibilité… Comme des petits rêves stockés dans un recoin du cerveau, attendant une étincelle rare pour exploser au grand jour. D’autres aventures ne sont même pas embryonnaires, et prennent forme au dernier moment, pour contrer les aléas climatiques et faire que tous les astres soient alignés pour donner le feu vert au départ…

Car parfois, tout a beau être orchestré, il ne subsiste qu’un seul paramètre. Peut-être LA donnée qui va déterminer la concrétisation d’un projet ou pas, le Diable et à la fois la Mère de l’alpiniste, celle qui dicte sa loi et qu’on ne peut pas contrôler, tout juste tenter d’estimer avec plus ou moins de réussite. Cette loi naturelle qui, par ses caprices peut rendre toute expédition dangereuse ou au contraire lui donner un relief et une saveur toute particulière. La météo, c’est donc bien ce dernier élément qui peut mettre à mal toute une organisation de plusieurs jours ou mois. Pluie, mauvais temps, nuages, « purée de pois », vent, … Étudiées au plus près, les prévisions météorologiques, comme leur nom le souligne, ne sont en rien des prédictions et sont donc toujours sujettes à changement…

« C’est mort ». Parfois, il faut faire une croix sur un objectif qui tient à cœur, repousser à plus tard une entreprise de longue date… La déception, la rage, plein de sentiments négatifs se mêlent et s’entremêlent face à une telle fatalité. La raison est parfois douloureuse…

Mais de cette incrédulité renaît toujours une force sous-jacente, celle qui nous fait ne jamais renoncer à nos projets, cette volonté intime de pouvoir se retrouver là-haut. C’est donc un nouveau challenge qui s’engage. Échafauder au plus vite un bien nommé plan « B » soit le plan de repli. Trouver un endroit où les conditions de neige et météorologiques sont favorables, déterminer un parcours qui correspond à nos aspirations et à notre niveau… La recherche en est grandement facilitée aujourd’hui par les technologies du web. L’alpiniste 2.0 se fait alors quelque peu geek : on surfe, on pianote, on s’appelle, on fait le tour de toutes les idées, et finalement bien souvent l’évidence surgit.

Et ces aventures-là ont encore une autre saveur, un caractère soudain et inattendu, qui leur confère un piquant et une magie difficilement descriptibles…

--

--