Clichés ou le syndrome de ma cabane

Sophie Alex-Bacquer
Le 21
Published in
3 min readJul 15, 2020
Illustration : Brice Laurent.

Cela fait un peu plus de 3 semaines que nous sommes confinés. C’est une période professionnelle dense et en même temps, c’est pour moi une période de repli, de calme.

Jeudi 9 avril - Je reçois un appel concernant le projet Clichés que je développe dans le cadre de 21, l’Accélérateur d’Innovation Sociale de la Croix-Rouge. En un appel et une réunion en visio-conférence, je comprends mieux la définition d’accélération.

Nous allons concevoir, en collaboration avec Louie Média, un podcast de 10 épisodes présentant le témoignage de bénévoles, de salariés, d’étudiants de la Croix-Rouge qui ont décidé d’agir pour eux et pour les autres. Le premier épisode doit sortir dans moins d’un mois.

Il faut définir une ligne éditoriale, trouver les personnes qui vont témoigner, les interviewer, les enregistrer et je dois concevoir et enregistrer les lancements et je n’ai jamais fait ça.

Ma première préoccupation c’est de comprendre comment enregistrer en plein confinement, quand on est chez soi sans matériel ? Et bien, on improvise et on fait confiance à l’expérience des autres.

Sans Maud, la journaliste de Louie Média qui m’accompagne pour ces lancements, je n’y serais jamais arrivée et je n’aurais jamais eu ma cabane. Sur ses conseils, je construis une cabane et l’installe au sous-sol. Comme les tissus épais absorbent les sons extérieurs, je la fabrique avec des couettes, des draps et de grands plaids coincés entre la planche à repasser et le lave-linge.

Il me faut maintenant rédiger les lancements. Chaque témoignage est une histoire forte, singulière qui fait écho avec la mienne. Je dois trouver le ton juste, partager mon ressenti et introduire d’une façon pertinente l’engagement de toutes ces personnes. Sans relâche, Maud est là. Que de coups de fils, de messages, de larmes ou de rires pour arriver à trouver les bons mots.

Mais quand la magie des mots s’est opérée, je peux enfin descendre dans ma cabane pour enregistrer. Très vite, je m’y sens bien comme dans un refuge. J’ai ma bouteille d’eau, mon ordi et mon téléphone, je suis prête, enfin presque…

Mais quand la magie des mots s’est opérée, je peux enfin descendre dans ma cabane pour enregistrer. Très vite, je m’y sens bien comme dans un refuge.

J’ai juste oublié que mon chat est joueur et que le toit de ma cabane est bien fragile face à son envie de découvrir ce que j’y fais. Dès le premier enregistrement, ma cabane n’est plus qu’un souvenir et Maud est rassurée quand j’émerge de mon enchevêtrement de couettes et de draps. Je reconstruis un modèle plus solide, mais j’interdis surtout l’accès du sous-sol à mon chat.

Dès le premier enregistrement, je réalise aussi qu’enregistrer un lancement, c’est boire de l’eau souvent, c’est parler plus lentement que d’habitude, c’est mettre du sourire dans sa voix, c’est penser aux liaisons entre les mots et c’est de ne pas oublier d’appuyer sur le dictaphone de son téléphone…

Chaque épisode est une aventure, surtout quand mon lave-linge déborde et que ma cabane est inondée. Mais avec l’expérience je suis passée de 45 minutes à 9 minutes pour avoir la bonne version du lancement et ma cabane a résisté.

Et puis le jour du dernier lancement est arrivé. J’ai la gorge serrée, du mal à parler car c’est le dernier épisode et il compte beaucoup pour moi… mais pour se rappeler de cette aventure formidable, il restera toujours ma cabane au fond de mon sous-sol.

Louie Media : http://louiemedia.com/croix-rouge-cliches
Apple podcast : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/clich%C3%A9s/id1510810558
Soundcloud : https://soundcloud.com/user-731469510
Spotify : https://open.spotify.com/show/2JKP8GCgx7d6EFP4MfujWG
Flux RSS du podcast : https://rss.acast.com/cliches

Crédits
Journaliste et chargée de production : Maud Benakcha
Musique : Marine Quéméré
Illustration : Brice Laurent
Réalisation : Nicolas Vair

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