SOLINUM | De l’information fiable sur l’action sociale

Léa Frydman
Le 21
Published in
5 min readApr 16, 2020

Solinum fait partie de la première promotion d’entrepreneurs accompagnés par 21, l’Accélérateur d’Innovation Sociale de la Croix-Rouge française. Leur outil Soliguide est une cartographie de l’action sociale. Afin de centraliser toutes les informations utiles et de les rendre accessibles aux personnes en situation de précarité pendant cette période de crise, Soliguide évolue pour couvrir tout le territoire national. Le but ? Permettre aux personnes en difficulté de trouver plus facilement les structures de première nécessité encore ouvertes près de chez eux. Victoria Mandefield, fondatrice de l’association, répond à quelques unes de nos questions.

Contexte

En 2018, près de 200 000 personnes étaient sans abris. Aujourd’hui, avec des formes de précarité qui se diversifient et des pouvoirs publics qui interviennent de moins en moins, il est vital de trouver une solution pour aider les sans domiciles fixe à avoir accès aux services de première nécessité.

Une solution à impact social

Solinum propose plusieurs solutions pour aider les plus démunis :
1. Soliguide : une cartographie de l’action sociale ;
2. Merci pour l’invit : un réseau d’hébergement citoyen ;
3. Solilab : activité de recherche action pour éclairer certaines problématiques de la précarité.

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Illustration : Pau Gasol Valls.

Quel est la genèse de ta solution ?

Victoria Mandefield : Comme la plupart des projets à impact, Soliguide vient avant tout du besoin terrain. C’est en maraude auprès des personnes en grande précarité que j’ai identifié le besoin, et surtout l’importance, de l’information. Le projet Soliguide est ainsi né : un guide en ligne qui référence tous les lieux utiles aux personnes en situation de grande précarité (distributions alimentaires, douches, permanences juridiques, sociales, etc.).

Pourquoi as-tu décidé de rejoindre 21 ?

VM : 21, c’était pour moi un mélange réellement innovant entre le monde des incubateurs et accélérateurs des start-ups “normales”, et le monde du social. Ma structure étant également un savant mélange de ces deux mondes, cela faisait pleinement sens ! A travers 21, nous avons surtout vu la possibilité de mettre l’outil dans les mains de ses utilisateurs, expérimenter main dans la main et améliorer nos services pour aider toujours plus de personnes.

Qu’est-ce que tu as mis en place avec la Croix-Rouge française ?

VM : Avec la Croix-Rouge française, nous avons d’un côté amélioré largement nos outils et process interne et, en parallèle, expérimenté le Soliguide sur le territoire du Val-de-Marne. Le territoire a été choisi en raison de l’implantation très forte de la Croix-Rouge sur le département, en tant qu’acteur social majeur du paysage associatif, mais aussi par la volonté qui a été remontée des unités locales et des établissements.

Quel nouveau regard t’a apporté le référent métier CRf sur ta solution ?

VM : Cela nous a apporté un regard réaliste sur les contraintes du terrain — notamment la diversité des acteurs de l’action sociale. Par exemple, la Croix-Rouge porte à la fois des établissements salariés, mais aussi des unités locales bénévoles. Les deux parties de l’association fonctionnent parfois séparément, parfois de concerts, et le référent métier nous a aidé à mieux comprendre les fonctionnements de chacun.

Que t’a apporté l’expérimentation terrain ? Qu’as-tu appris ?

VM : L’expérimentation a été intense et très enrichissante sur tous les plans : les utilisateurs ont été pleinement parties prenantes de l’expérimentation, et nous ont remonté de nombreux retours. Les utilisateurs de l’outil ne manquent pas de créativité sur les améliorations à y apporter, dans une très belle dynamique de co-construction. Cela nous a donné un premier aperçu de l’effet levier incroyable qui est possible en déployant nos projets avec la Croix-Rouge, main dans la main, sur de nouveaux territoires.

Comment l’accélération au sein de 21 a-t-elle changé ta façon de penser ton produit/service ?

VM : De façon peut être un peu contre-intuitive, l’accélérateur 21 nous a rappelé que nous étions une start-up, en plus d’être une association. Et qu’à ce titre, il y avait beaucoup d’outils ou de process que nous pouvions utiliser pour être plus efficaces dans nos actions et notre impact : par exemple, utiliser des outils de mailings ou de calling massifs pour mieux mettre à jour les informations de Soliguide.

Quelle valeur ajoutée aurait le déploiement de votre solution dans le réseau CRf ?

VM : Notre solution est un véritable outil indispensable aux acteurs de l’action sociale, et nous en sommes encore plus convaincus après cette expérimentation. En déployant massivement la solution dans tout le réseau CRf, nous pourrions informer tous ceux qui en ont besoin grâce aux bénévoles et aux salariés de la croix rouge, vers des solutions adaptées à leurs besoins.

Quels sont les difficultés principales que tu as rencontrées et comment les as-tu surmontées ?

VM : Les deux difficultés principales que nous avons rencontré, c’est de travailler avec un grand acteur d’un côté, et de l’autre le timing. La Croix-Rouge est une (très) grosse organisation, et nous ne sommes pas forcément habitués à travailler de la même façon ou au même rythme. L’expérience nous a donc appris l’importance de passer du temps ensemble à bien cadrer les choses, et un peu de patience aussi !

A l’inverse, le programme de l’accélérateur 21 avait un timing très serré. C’est positif parce que cela nous force à délivrer un impact rapidement, mais cela a également été difficile à mettre en adéquation avec la réalité terrain, notamment des bénévoles, pour qui le changement d’outil peut mettre un peu plus de temps. Nous avons donc mis les bouchées doubles sur nos actions terrains afin de les accompagner concrètement là où ils agissent et mettre l’outil dans leurs mains.

Raconte-nous un moment phare de ton expérience à 21.

VM : Lors d’une réunion de présentation de Soliguide au centre d’appels d’urgence du Val-de-Marne, nous avons pu rencontrer une multitude de professionnels de l’action sociale. Leurs retours étaient tous positifs sur la plateforme. Leur diversité de corps de métiers, de point de vue sur l’action sociale et sur les outils qui leurs sont proposés, notamment en fonction des publics différents qu’ils accompagnent, était extrêmement enrichissante. Cette pluralité nous a semblé être une force incroyable pour l’action sociale. Cela nous a également renforcés dans l’idée que Soliguide peut et doit répondre à l’ensemble de ces besoins afin de créer du lien et de favoriser l’unité de tous les acteurs qui interviennent auprès des publics en situation de précarité.

Donne un conseil aux prochains entrepreneurs accélérés au sein de 21.

VM : Profitez bien des 6 mois d’accompagnement, ils passent très vite. Même si vous avez des locaux par ailleurs, passez si possible du temps au sein de l’accélérateur à Montrouge — en plus d’avoir des locaux très agréables, cela permet aussi de créer des ponts entre les projets.

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Léa Frydman
Le 21
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Responsable Programme Entrepreneuriat — Accélérateur d’innovation sociale de la Croix-Rouge française