S01 E07 : Arugam Bay, Point Break Sri Lankais

Marion Marin Dubuard
28 jours au Sri Lanka
10 min readFeb 19, 2015
La plage d’Arugam Bay. Crédit : Vincent Manilève

Avez-vous déjà vu des surfeurs sri lankais totalement relax et « aware » ? Nous oui !

Mais avant de vous les présenter, posons le contexte.
Après un train matinal (à 5h), plutôt très très bumpy, et une courte journée et nuit à Batticaloa nous avons vite filé vers Arugam Bay. Batticaloa ne nous a pas réellement convaincu, mis à part un délicieux Kottu Roti (le meilleur jusqu’à présent), mélange de poulet et de différents légumes hachés à l’aide de deux plaques de métal que le cuistot utilise pour découper la nourriture avec frénésie. Arugam Bay est une des destinations phares sri lankaises des surfeurs du monde entier. Les plages y sont belles, la mer mouvementée et les rues tranquilles (du moins en ces derniers jours, le plus dure de la belle saison n’ayant pas encore débuté). A peine descendus du bus (on adooore le bus), nous voilà alpagués par un chauffeur de tuk-tuk qui doit nous emmener dans notre guesthouse, le Surf n sun. Du moins, c’est ce que nous pensions.

La première galère

Car il y a une subtilité. Une fois arrivés sur place, nous nous rendons compte que nous n’avons pas réservé au Surf n sun mais au Surf n sand. Il n’y a pas de jolies cabanes ou de surfeurs sympathiques à l’horizon. Mais plutôt deux chambres modestes avec vue sur des maisons en ruines. Devant notre embarras et notre déception, le gérant tente de nous embrouiller : le Surf n sun est comme le Surf n sand, nous avons réservé et nous devons rester ou si nous partons, nous devons payer la totalité de notre réservation. Il nous allume même la climatisation avec des yeux doux pour nous offrir « un bonus » qui n’était pas prévu. Voyez-vous, nous l’avons empêché de donner notre chambre à d’autres personnes qui étaient intéressées. Pour information, la guesthouse est plus vide que vide. Malgré son insistance, il nous indique la route pour aller au Surf n sun, qui n’est finalement pas son établissement. Nous décidons donc d’aller découvrir la fameuse et attendue auberge que le Guide du routard vendait comme The place to be, en espérant qu’il leur reste quelques chambres. Arrivés sur les lieux, les yeux émerveillés par le cadre (on vous laisse juger par les photos), nous ne voulons plus partir et définitivement quitter le Surf n sand.

On était bien !

Vous suivez ? L’un des frères gérants ce superbe endroit, cheveux au vent et habillé d’un short Ripcurl, nous indique que ce genre de problèmes leur arrive régulièrement et qu’il peut nous libérer une villa pour moitié prix pour la nuit et par la suite nous réserver une cabane. Nous sommes ravis. Plus décidés que jamais, nous retournons chez notre ami escroc afin d’en découdre avec lui ! Nous avons les bons arguments et Vincent entame une négociation avec le gérant et son manager qui sort des buissons au moment où nous annonçons, sacs devant la porte, que nous quittons la chambre de suite. Finalement, et comme il est malheureusement bien indiqué sur Booking.com, nous devrons payer une nuit en dédommagement. Cette petite somme déboursée sera vite oubliée quand nous nous installerons dans notre villa pour la nuit (encore une fois je vous laisse juger avec les images).

Surf, sun & safari : la règle des 3 « s »

Dans notre charmante auberge qui sent bon la wax, des journées paisibles s’écoulent. Le premier jour, nous partons à la découverte d’une magnifique plage surnommée le Whiskey Point. Excepté les habituels chiens errants (souvenez-vous d’eux…), nous ne croisons personne. Le temps est au beau fixe. Le sable est doux. Nous profitons pleinement de ce petit moment de bonheur.

Des chiens, des chiens et encore des chiens.

Sur le chemin du retour, notre chauffeur nous montre d’étranges maisonnettes à l’entrée de la ville, en forme de soucoupes retournées. Il nous explique qu’il s’agit de logements fournis aux habitants par le gouvernement italien au lendemain du tsunami, il y a dix ans de cela. Nous lui demandons où il était ce jour-là, il répond : « je dormais, et la vague est venue, j’ai nagé, nagé, nagé. » Il nous lance un grand sourire, puis remet la musique électro à fond. Comme si de rien n’était.

Le soir, Nuwan, le second frère gérant l’établissement nous propose un barbecue sur la plage. Bière, poisson au feu de bois, plage… Il a su trouver les mots pour nous convaincre. Second petit moment de bonheur de la journée : manger un délicieux seerfish (espèce proche du colin) cuit au feu sur la plage accompagné d’une délicieuse salade, avec une bonne bière et la bonne compagnie de Carole et Pierre (deux jeunes français rencontrés le matin et qui débute leur tour du monde. D’ailleurs, pour les suivre, c’est ici : http://tour-oulepournous.jimdo.com/ ).

On était bien (bis) !
Beaucoup plus bon que ça n’en à l’air !

Nous avons eu le privilège de tester, pour la première fois, l’arrack. Il s’agit de l’alcool fort préféré dans le pays provenant de la distillation du nectar extrait des fleurs de cocotier. On pourrait le comparer à notre habituel rhum puisqu’on peut aussi le mélanger avec du coca. Un, deux, trois verres… Ce n’est pas mauvais !

Le second jour, c’est surf pour Vincent et Pierre. Histoire de bien débuter la journée. Vincent retrouve ses aises après plusieurs années sans avoir touché une planche. Il a pu chevaucher quelques belles vagues, j’en suis le témoin (cette phrase n’a pas écrite avec une machette sous le menton).

L’après-midi, c’est un grand moment pour nous et que nous attendions (surtout pour ma part je dois le dire) avec impatience : le safari.

En route !

A bord d’une jeep et pendant plus de 5 heures, nous découvrons et parcourons le parc de Yala par l’entrée est. Ce côté du parc est plus sauvage que celui du sud. Selon notre chauffeur Nuwan et notre guide, il a été fermé tout au long de la guerre civile qui a fait rage au Sri Lanka pendant plusieurs années et n’a été ré ouvert qu’en 2009, lorsque les violences ont pris fin. Ce côté du parc est effectivement très sauvage et nous ne croiserons aucune autre jeep dans l’après-midi. Après à peine une heure dans la brousse, nous croisons en revanche la route de magnifiques familles de daims, mi-apeurés mi-intrigués par notre présence.

“Coucou c’est nous !”. Crédit : Vincent Manilève

Quelques minutes plus tard, nous voilà à quelques mètres d’un adorable éléphanteau (comment écrire autre chose qu’« adorable » quand on parle d’un bébé éléphant ?!). Ce dernier est tout d’abord effrayé et retourne dans la forêt. Mais sa curiosité l’emporte et il revient nous faire un coucou. Vincent, Pierre et Carole qui nous accompagnaient et moi–même étions tout simplement redevenus de jeunes enfants.

Trop mignon non ? Crédit : Marion Marin Dubuard

Deux ou trois passages dans de véritables pluies de jolis papillons blancs plus loin, nous voilà en face de crocodiles, et plus tard, d’une famille de macaques. J’ai envie de dire normal !

Posey ! Crédit : Vincent Manilève
Crédit : Vincent Manilève

Tout au long de l’après-midi, les paysages magnifiques et totalement dépaysant se succèdent. L’impression d’être totalement privilégiée et surtout minuscule comparé à la puissance de la nature m’envahit. D’autant plus quand nous recroisons la route d’un éléphant, en plein repas.

“Je suis totalement invisible comme ça !” Crédit : Vincent Manilève

C’est avec beaucoup d’amusement que nous le voyons reculer pas après pas, tout doucement, après que nous soyons restés un peu trop longtemps à son goût à l’admirer. « Je ne suis pas là, vous ne me voyez pas » semblait-il penser. « Je suis caché » nous paraissait-il vouloir nous dire quand il remettait des branches devant lui afin de masquer sa présence. C’est vrai qu’un éléphant, c’est plutôt discret il faut se le dire. Étonnamment oui, c’est d’une force et d’une agilité impressionnante. Des dizaines de buffles, de daims et de paons faisant la roue rien que pour nous (et pour les demoiselles aux alentours) plus loin, nous rencontrons notre troisième pachyderme. Nous devons ces belles rencontres à notre guide à l’œil de lynx qui a su faire reculer, avancer ou ralentir la jeep aux bons moments.

Crédit : Vincent Manilève
Crédit : Vincent Manilève
Crédit : Vincent Manilève

Pour notre troisième et dernier jour à Arugam Bay, nous n’avons malheureusement pas pu faire tout ce que nous aurions désiré. Une pluie torrentielle s’est abattue sur la ville et ce presque toute la journée. Nous avons à peine eu le temps d’aller poster quelques cartes postales (qui arriveront peut-être !) et de prendre quelques photos souvenirs de cette jolie ville.

Une des allées d’Arugam Bay. Crédit : Marion Marin Dubuard
Le Hawaï sri lankais. Crédit : Marion Marin Dubuard

Et aussi, je dois l’avouer, de m’essayer au surf. Passage obligé dans LA ville sri lankaise des Brice de Nice. La narration de mon initiation ne sera pas bien longue. Après avoir tenté de soulever ma planche, beaucoup trop lourde pour moi, dans l’eau, je me suis fait retournée deux fois d’affilé par deux belles vagues en la prenant de plein fouet sur la cuisse puis sur l’épaule. Autant vous dire que le vent insistant et la pluie pointant de nouveau le bout de son nez, je n’ai pas pris la peine de prolonger cette première rencontre avec la mer. Et les bleus sur mon corps sont encore là pour me le rappeler aujourd’hui ! Si la journée de la loose avait dû s’arrêter là pour moi, autant vous dire que j’aurais été bien heureuse.

Fight dogs

En début de soirée, nous décidons d’aller manger en ville malgré la pluie qui perdure. Tout juste sortis dans la rue, voilà que la seconde coupure de courant de la journée fait son apparition. Notre faim ne nous a pas empêchés de nous poser dans le restaurant en face de notre guesthouse, un des seuls éclairés dans la rue grâce à une lampe blanchâtre électrique et de nombreuses bougies. Romantique ! Sous cette lumière qui nous donne le teint blafard, nous demandons à changer de place pour une table plus agréable sur la terrasse et avec bougies, s’il vous plait. Nous commandons un rice & curry aux légumes. Un des plats apparemment les plus longs de la carte à préparer et qui nécessitera plusieurs allers-retours cuisson dans un restaurant non loin. Une heure plus tard, nous dégustons. C’est beaucoup trop épicé pour moi et malheureusement je ne peux aller plus loin. Mes papilles sont beaucoup trop sensibles pour les plats sri lankais et je dois souvent arrêter ma dégustation en cours de route, tout de même contente d’avoir pu goûter une nouvelle spécialité du pays.

Coca aux chandelles.

Et la soirée catastrophe ne s’arrête pas là.

Depuis plusieurs minutes, des chiens errants se grognent dessus pour une question « de territoire » nous précisera le serveur peu après. Ils décident de s’affronter et d’entamer un corps à corps musclé sous notre table et à nos pieds. Oui, sinon ce n’est pas drôle. Coincée entre le mur et des chaises, paniquée, je ne peux faire autrement que d’attendre que ça passe et que les trois toutous en finissent. Malheureusement, au passage, l’un d’eux en profitera pour me griffer le pied. La blessure n’est pas profonde mais assez visible pour que ma panique perdure et me rappelle que ces animaux vivant dans la rue peuvent être bourrés de maladies très sympathiques. Plusieurs Sri Lankais me rassureront en me précisant que l’important est que je n’ai pas été mordue et surtout, que du sang ne soit pas apparu. Je suis donc « chanceuse » dans mon malheur et plus rassurée après avoir lavé et désinfecté la blessure une bonne dizaine de fois en une soirée. Hypocondriaque vous avez dit ? Toutefois, le lendemain, avant de filer vers notre prochaine étape, je m’arrêterais dans un dispensaire qui me conseillera de tout de même surveiller ça de près pendant la semaine. Si vous n’avions pas changé de table ni commandé ces plats précis, la soirée aurait été bien plus tranquille mais je n’aurais pas pu vous raconter comment j’ai survécu à une attaque de chiens sauvages enragés au Sri Lanka (au moins !).

Dans le prochain épisode : un second problème inattendu de réservation, une randonné dans une plantation de thé et l’ascension mouvementée du fameux Adam’s peak.

--

--