Pourquoi je lance 360 Demain

Dans 360 demain #1

Colin Lemaitre
360 Demain
6 min readNov 17, 2017

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Crédit Photo by Jason Rosewell on Unsplash

Voilà. Cela faisait plusieurs mois que l’idée cheminait dans ma tête. Cela faisait plusieurs semaines que j’échangeais avec les uns et les autres. Cela fait quelques jours que c’est une réalité plus concrète. Il est temps que ce soit lancé !

J’ai démarré une nouvelle entreprise, elle s’appelle 360 Demain, c’est une agence de design social & une fabrique à prototyper.

Le logo réalisé par Jean-Sébastien Poncet

Une quoi ?!

Une agence de design. Non, je ne suis pas devenu designer. Entendez par “design”, le fait de concevoir et piloter des projets. De la conception… innovante.

360 Demain travaille entre-autre avec des designers pour proposer des solutions techniques, sociales ou organisationnelles aux structures qui s’adressent à nous.

Ces solutions, 360 Demain les expérimente ou les prototype avec les structures en mobilisant une équipe flexible et interdisciplinaire.

En bref, oui nos équipes réalisent un “plan de bataille” mais oui — aussi — nos équipes mettent les pieds sur le terrain et les mains dans la machine pour “mener la bataille”.

Comme nous sommes des créatifs, des chercheurs et des développeurs passionnés par les idées participant au changement social et environnemental, notre travail est naturellement dédié

  • aux organisations de l’économie sociale et solidaire,
  • aux entrepreneurs soucieux de leur responsabilité sociale et environnementale,
  • aux acteurs publics qui veulent faire “autrement”.

Nous ne faisons pas de l’accompagnement, pas de l’étude, pas de l’audit, pas du conseil…

Nous faisons.

Et — vraiment — vous ne pouvez pas imaginer le bien fou que cela me fait, l’énergie hyper-positive que cela m’apporte d’être dans le faire (ensemble) et le savoir-faire simultanément, d’être dans des démarches uniquement “projet”, d’être à la fois dans le pragmatique et dans le transversal.

Et puis aussi d’être dans le lancement de cette aventure. C’est toujours une période riche, dense, intense mais inoubliable que de construire une nouvelle entreprise.

Donner des outils et des méthodes à l’innovation sociale

Vous le savez, l’heure est à l’innovation partout à toute les sauces. Mais avec quels objectifs, quelle éthique, quels résultats ? Et c’est sans doute encore plus vrai pour les associations, les coopératives, les mutuelles, les entreprises sociales qui sont dans un moment très spécial : ce que l’on appelle l’innovation sociale est en train de gagner sur le plan des idées mais nous ne sommes pas sûrs qu’elle est en train de gagner sur le plan des solutions réelles qui sont mises en œuvre.

Lorsque je me suis penché sur la manière dont les organisations de l’ESS, ou plus largement les organisations qui incluent des impacts sociaux et environnementaux dans leur activité, innovent, j’ai été frappé par plusieurs incohérences. En voilà au moins deux :

  • Nous comprenons que l’innovation aujourd’hui est affaire de cycles de plus en plus courts : itérer de nombreuses fois le fameux triptyque “construire, mesurer, apprendre”, cher au lean management. Nous convenons aussi que l’innovation est par définition une dynamique qui est pleine d’incertitude.

Et pourtant, notamment parce que l’économie et l’écosystème de ces projets dans l’ESS et l’entrepreneuriat social sont très hybrides et ont de multiples parties-prenantes, les processus dominants dans les organisations sont la planification à plusieurs années, le contrôle et la sécurisation budgétaire à outrance, la confusion et parfois l’inaction dans des gouvernances complexes.

Des “tue-l’innovation” en somme.

La question qui émergeait de ce constat était

Comment permettre aux organisations de faire un “pas de côté” pour développer leurs innovations ?

  • Il nous paraît évident que l’avènement d’un nouveau service, d’un nouveau produit, d’une nouvelle manière de faire ou d’organiser va être permis par la mobilisation de nombreuses compétences différentes durant tout le développement de cette innovation. Il apparaît aussi clairement que ce sont les PME et les organisations de petite taille qui ont le plus fort besoin d’innovation.

Vous vous êtes déjà penché sur les profils de poste de “responsable de l’innovation sociale”, de “chargé-e de projets innovants” ou encore de “direction de la recherche et du développement” qui fleurissent (c’est une bonne nouvelle !) dans ces organisations ? Il faut être à la fois très bon manager, designer éclairé, ingénieur sur-diplômé, chasseur de fonds et de subventions, chercheur méthodique, expert expérimenté, technicien hors pair, communicant chevronné. Le tout arrosé d’une forte sensibilité pour la cause ou le secteur et d’une grande capacité à agir dans la complexité (!). Mais bon, il ne faut être qu’1 et unique car l’employeur n’a pas de grands moyens et l’effectif dédié à l’innovation se résume à une ou deux personnes.

Des “tue-la-créativité-et-la-motivation” à plus ou moins court-terme.

Le dilemme induit par cette réalité était

Comment conjuguer le besoin de diversité dans les équipes d’innovation avec la nécessaire “frugalité” des moyens dédiés par l’organisation ?

360 Demain s’efforce de résoudre ces contradictions et quelques autres problèmes.

Internaliser les forces-vives, externaliser les dynamiques

Il y a eu quatre mots-clés dans la construction de 360 Demain :

Ouverture

Pour permettre aux organisations de franchir des seuils significatifs dans leurs développements, il faut leur donner accès à des communautés, y compris et peut-être même surtout celles qui n’auraient jamais été imaginables pour l’équipe et les dirigeants.

De la même manière, il faut donner accès aux membres de ces communautés au cœur de l’organisation : c’est quoi son activité, ce sont quoi ses processus, ce sont quoi ses moyens, etc. Les cas de “secret industriel” sont tout de même rares dans notre secteur, et quand ils existent, nous savons les préserver tout en ouvrant au maximum les projets.

Collaboration

C’est terminé l’époque des monopoles sur un territoire, l’ère de l’interlocuteur social, culturel ou économique unique pour les collectivités locales, le siècle de la marque indétrônable à laquelle se réfèrent tous les habitants. En bref, la vie en “silo” de l’organisation, c’est mort.

Les gens sont d’une richesse et d’une créativité incroyables, le tissu d’organisations commerciales et non-commerciales a des capacités insoupçonnées. Pour permettre à une organisation de s’appuyer avec réussite sur son écosystème, il faut cultiver un sens et une technique de la coopération, manier la subtilité des relations humaines et la fermeté des cadres juridiques. Une vraie spécialité que l’on aiguise à 360 Demain.

Agilité

Un projet d’innovation, c’est comme un électrocardiogramme : c’est continu mais il y a des pics d’activité. Sauf que vous, vous ne pouvez pas vous permettre d’avoir un service de R&D en continu ni d’embaucher plus durant les pics.

À 360 Demain, grâce à une forme de mutualisation entre nos différents projets en cours et entre nos organisations associées, nous pouvons avoir le luxe d’équipes ultra diverses et compétentes en permanence. On juxtapose les électrocardiogrammes et tous les pics d’activités sont gérés. En même temps, on peut aussi se permettre de se pencher sur les sujets en continu sans faire exploser nos coûts.

Pluridisciplinarité

Avez-vous déjà créé une bonne recette, un repas épatant, avec pour seul ingrédient des patates ? Non. Savez-vous comment mettre en valeur des patates ? Oui : vous avez des ustensiles de cuisine variés pour les préparer, vous connaissez plusieurs modes de cuisson et vous maîtrisez les différentes variétés de pommes de terre.

Comme notre travail est d’inventer les recettes plutôt que de les reproduire, notre principal challenge, c’est de bénéficier d’une abondance d’ingrédients pour pouvoir cuisiner sans cesse de nouveaux plats. Sans blague, nous sommes convaincus que dans un monde féérique, chaque organisation aurait les moyens d’équipes de chercheurs, d’innovateurs et de développeurs dans un assemblage composite, mixte… décoiffant. Chaque organisation adorerait avoir les ressources à la fois pour inventer et à la fois pour reproduire à la plus grande échelle possible chaque invention. Mais non, elle n’a pas les ressources.

Nous essayons à 360 Demain de proposer un accès facilité aux ressources créatives pour trouver les bonnes recettes. On ne se concentre que là-dessus.

360 Demain, c’est parti !

Voilà donc. J’ai démarré une nouvelle entreprise. Elle explore pour le compte d‘organisations associées des sujets d’innovation, elle conçoit des solutions avec ses équipes de l’idée au prototype ou à l’expérimentation, puis elle développe le service ou le produit aux côtés des organisations et de leurs parties-prenantes.

Et elle ne le fait qu’avec un seul objectif : que le changement soit socialement, environnementalement et économiquement positif, que cela ait du sens.

Pourquoi je vous écris tout cela ? Comme vous l’avez compris, 360 Demain fait de l’innovation dans un cadre pluridisciplinaire, agile, collaboratif et ouvert.

Alors pourquoi ne pas tenter aussi l’entreprise ouverte me suis-je demandé. Ben oui, une boîte qui distillerait son procédé et qui emmagasinerait les meilleures essences reçues de l’extérieur, pour poursuivre un seul but : constituer le concentré parfait.

Il me reste encore 359 demain pour arriver à cela. À vous de suivre et de m’aider à ouvrir cette entreprise.

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Colin Lemaitre
360 Demain

Fondateur de www.medium.com/360demain | Direction de projets innovants | #SocEnt, #ESS, projets qui ont du sens & aventures collectives | www.colinlemaitre.com