De mille télécommandes à une seule

Gautier Lemaire
42Entrepreneurs
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4 min readMar 4, 2019

À 42Entrepreneurs nous proposons aux étudiants de faire leur premier stage dans leurs propre startup au sein de notre programme appelé Startup Internship. Nous avons décidé de vous partager l’histoire de certain d’entre eux. Voici celle d’Alexandre Jourdain et de son projet Devmel

Alexandre Jourdain est le genre de personne qui arrive à faire beaucoup avec peu de moyens, capable de redoubler d’ingéniosité pour résoudre les problèmes qui l’affectent. Passionné d’électronique et codant de temps à autre pour automatiser certaines de ses tâches, il décide après son bac de se tourner vers un DUT Réseau et Telecom.

Puis il ouvre dans sa Savoie natale une boutique d’assistance informatique. Il voit alors à longueur de journée des clients le sollicitant pour des problèmes similaires. Rien de très challengeant pour Alexandre qui rapidement met en place des procédures de réparation automatisées. Il arrive donc à se libérer un peu de temps… Temps qu’il consacre alors à ses deux passions, l’électronique et la programmation. Il entreprend la fabrication d’une carte électronique permettant d’activer à distance des relais électriques via une connexion Ethernet. Il part alors d’une carte vierge en cuivre et trace un circuit à l’aide de son imprimante 3D, soude les composants, code les protocoles…

Un jour, en se baladant dans un magasin de bricolage (mine d’or pour débrouillard) Alexandre voit une prise télécommandée qu’il achète pour l’étudier. Cet achat lui permet de prendre conscience d’un problème assez consistant. La prise a une télécommande dédiée, la télécommande ne marche qu’avec la prise… Vous voyez sûrement les problèmes que cela peut engendrer quand on commence à accumuler les objets connectés chez soi. Une multitude de télécommandes dont on ne connaît pas toujours l’objet correspondant. Alors bien sûr, il existe des boxs permettant de centraliser la gestion de ses O.C. mais leurs constructeurs vendent également des objets connectés et ont pour objectif d’enfermer les utilisateurs dans leurs écosystèmes en empêchant la compatibilité avec des produits concurrents. Alexandre voit alors une opportunité.

Il se base sur sa carte électronique déjà existante et entreprend le développement de sa box de gestion d’objets connectés, compatible avec la plupart des marques, fonctionnant en local, pouvant être contrôlée depuis son smartphone ou son ordinateur. Entre temps Alexandre intègre 42 en novembre 2015.

Le travail à fournir est alors considérable, d’autant plus qu’Alexandre est seul et bootstrap son projet. Il faut coder les interfaces clients, sur web et mobile, designer la box, assembler le hardware…

Bien entendu, le développement d’une telle solution n’est pas facile et bon nombre d’embûches se mettent sur la route d’Alexandre. Par exemple, pour que sa box soit compatible avec une marque, il faut être capable de scanner les fréquences radio de sa télécommande afin de comprendre quelles fréquences actionnent les objets connectés, mais bien souvent les marques protègent ces protocoles en implémentant des algorithmes changeant le codage des ondes attendu pour l’exécution d’une action sur l’objet. Pour illustrer, imaginez un volet roulant connecté, admettons que ce dernier attende un codage d’onde de valeur 1 de la part de la télécommande pour s’ouvrir, si l’algorithme de protection incrémente cette valeur de 1 après chaque instruction alors le volet attendra un codage de valeur 2 pour effectuer cette action la prochaine fois. La télécommande doit alors envoyer un signal différent pour la même action. Hélas, les algorithmes sont souvent bien plus compliqués, Alexandre doit alors “hacker” ce système et “reverse” l’algorithme de chaque marque pour la rendre compatible avec sa box.

Après de nombreuses heures de dur labeur, la v1 de la box est prête à être à commercialiser et les interfaces clients sont fonctionnelles. Alexandre étant toujours seul, il doit endosser de nouvelles casquettes dans sa startup et vendre son produit. Il se met en quête de revendeurs et négocie avec ses derniers. Parallèlement, il développe la vente en ligne et fait la promotion de son produit sur des forums spécialisés. Il pensait au début toucher un public assez jeune et très branché tech, mais finalement l’extrême facilité d’utilisation de son produit a plutôt convaincu des propriétaires de 40–50 ans.

Nous sommes à l’heure où ces lignes sont écrites en mars 2019, Alexandre vient de sortir la v2 de sa box et ses ventes sont croissantes. Son optimisme et sa détermination sont rafraîchissants et ses objectifs pour la suite sont fixés. Améliorer sa production, étendre sa compatibilité avec plus de marques et vendre toujours plus de box !

Pour en savoir plus sur son projet : Devmel

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Gautier Lemaire
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