Le Crowdfunding ou financement participatif au secours de la Culture ?
Une fois n’est pas coutume, j’aimerais consacrer cette chronique à un phénomène qui soulève de nombreuses questions dans le milieu culturel, le financement participatif ou crowdfunding.
Vous avez dit Financement Participatif ?
Pour rappel, le crowdfunding est un mode de financement de projet reposant sur la libre participation financière des internautes et leur capacité à générer du bouche à oreille afin de lever plus d’argent, notamment grâce aux réseaux sociaux. Chaque internaute est libre de donner une somme d’argent (plusieurs s’il le souhaite) qui sera collectée via une plateforme qui récolte les fonds (un site web généralement) et déposée sur un compte bancaire bloqué, le temps que la somme totale nécessaire soit récoltée.
De nombreux sites de ce type se sont lancés depuis 2007 dans le secteur culturel, comme MyMajorCompany.com, le premier et le plus connu dans l’hexagone, mais aussi Peopleforcinema.com, TousCoProd.com, et plus récemment Kisskissbankbank.com (2010) et Ulule.com.
Ces sites, en particulier MyMajorCompany, ont fait dernièrement l’objet de critiques sur l’opacité du système, le faible retour sur investissement pour les internautes producteurs, l’échec d’un projet sur deux, critiques dont s’est fait l’écho LeMonde.fr le 16 janvier dernier dans l’article “La création à l’heure du crowdfunding”.
La valeur des plateformes de financement participatif réside-t-elle essentiellement dans leur capacité à lever des fonds pour financer intégralement des projets et à donner un retour sur investissement aux internautes ?
Vous aurez bien compris qu’il n’en est rien. Ces levées de fond interviennent bien souvent plutôt comme des catalyseurs d’empathie pour une institution et ses projets et comme une roue de secours ponctuelle permettant de palier au déficit d’aide publique ou de subventions, de boucler un budget de communication ou un plan de financement… Il ne s’agit donc pas d’un nouveau mode de financement pérenne, mais plutôt d’une diversification du modèle économique de la culture dans un contexte de restrictions budgétaires et de tarissement des pistes de financement. Finalement l’enjeu derrière le financement participatif réside plus dans la capacité des institutions à fédérer des publics au sein de projets identifiés et à les associer au développement de la structure, qu’à ne l’envisager que sous un angle économique court termiste et inefficace.
Récompenser les internautes producteurs dans la Culture : gain financier, social ou moral ?
Le gain pour les financeurs individuels peut certes être financier, mais il est surtout d’ordre moral et social. La récompense essentielle pour les participants est bien souvent d’ordre personnelle, la reconnaissance de leur soutien à une création ou un projet. En cela, ce système n’est finalement pas très éloigne des sociétés d’amis comme on retrouve pour certains musées, des cercles de mécènes particuliers en somme. La différence essentielle repose sur l’utilisation d’une plateforme dédiée ou le développement d’un site participatif, communautaire, qui facilite le bouche à oreille et favorise donc cette longue traine de financeurs. Comme le dit le proverbe, l’union fait la force.