L’appât de la péridurale ou la force du mental ?

Accouchement 2, le retour.

Marie Colin
9 mois et moi
5 min readAug 9, 2018

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Presque 2 ans plus tard… Rebelote. Me voilà à 15 jours d’accoucher. Je trimballe mon gros ventre comme une baleine qui ferait de l’oedème. Je sue, je me lamente, je me traine… et je stresse.

Je n’arrive pas à me décider concernant mon accouchement : péri ou pas péri ? Dans mon article sur “la médicalisation de la grossesse”, j’expliquais mon choix d’avoir un accouchement naturel pour mon fils. Dieu sait si j’avais lu sur le sujet et si je m’étais préparée ! Mais je n’avais pas été mise au courant que le démarrage d’un premier accouchement pouvait mettre autant de temps… 12h d’allumage pour moi. C’est à dire 12h de contractions qui ne servent à rien, si ce n’est à mettre la machine en route. 12h dont une nuit blanche à douiller dans la chambre de la maternité, à tourner en rond en attendant qu’on veuille bien m’admettre en salle de naissance. J’aurais préféré rester chez moi, avec mon chéri, ma baignoire, mon ballon et mon confort, mais j’avais perdu les eaux de façon assez spectaculaire, donc à 23h cap illico vers la maternité.

Quand le pré-travail s’est enfin achevé, j’ignorais qu’il me restait encore 12h de travail… des vraies contractions cette fois, régulières, intenses, exponentielles. J’étais épuisée par ces vagues de douleur qui submergeaient tout mon corps. Impossible de penser, impossible de me rappeler comment respirer, quelle position adopter, quel son produire. J’avais tout oublié, je me foutais de tout, je voulais juste qu’on me laisse tranquille et qu’on accélère le temps.

Je n’ai pas réussi à vivre l’accouchement que j’avais désiré. J’ai fini par demander la péridurale, à bout de force. Je me suis laissée convaincre deux fois par la sage femme de continuer, mais la troisième, je ne pouvais plus tenir… Mon mental avait été noyé sous les déferlantes. Les rouleaux avaient tout emporté, j’avais l’impression d’avoir été laminée. A 15h on m’a posé cette fameuse péridurale dont je ne voulais pas entendre parler. Et là…zeeeeen jusqu’à l’arrivée de mon petit garçon, 8 heures plus tard tout de même. On s’était même payé le luxe d’écouter de la musique brésilienne sur la petite enceinte qu’on avait apportée. Le petit a dû naître sur du Jorge Ben Jor ou du Novos Baianos. La douleur n’était plus qu’un lointain souvenir. Et heureusement, car si l’on m’avait dit que le bébé allait pointer son nez en 24 heures je n’aurais sans doute même pas considéré l’option “accouchement naturel”…

Comment font-elles dans les pays où l’on accouche chez soi sans l’aide de la médecine ? Ces femmes, ces héroïnes. Que je les admire ! Je pense que si j’avais dû vivre mon accouchement naturellement jusqu’au bout, le mot qui me serait resté en souvenir aurait été “torture”. Heureusement je n’en garde que de belles images, malgré la longueur, et malgré ce que je me suis refusée à voir comme un échec. Mon fils était en excellente santé, je n’avais eu aucune complication, aucune déchirure, c’était au contraire une vraie belle réussite. Le fait de ne pas avoir réussi à atteindre mon objectif aura été le fruit d’un manque de préparation de mon mental et d’un manque d’anticipation de ce qu’est la réalité d’un premier accouchement. Ok première tentative ratée, mais ça tombe bien car la vie m’offre maintenant une seconde opportunité !

Alors, que vais-je faire cette fois ? Maintenant que je sais ce que sont les contractions, que j’ai conscience que cela peut prendre du temps, beaucoup de temps. Péri ? Papéri ? J’essaye de me demander pourquoi finalement. Quelles sont mes motivations réelles. Qu’est-ce que j’ai à gagner à accoucher naturellement ? J’ai bien compris que si mon objectif n’était pas assez solide, et mon mental assez musclé, j’allais flancher au premier vacillement. Alors j’ai plutôt intérêt à être au clair avec moi même pour évacuer toutes les hésitations.

Les raisons qui me poussent à vouloir accoucher naturellement se résument en 3 points :

  1. Ne pas avoir recours à un cocktail chimique dont on n’est jamais sûr des conséquences ni des effets secondaires (j’ai dû faire deux séances d’ostéo pour soigner des douleurs dorsales suite à la péridurale de mon premier accouchement). L’idée d’avoir des saloperies toxiques injectées dans mon corps ne me plait guère, moi qui dans la même logique ne suis pas non plus fan des vaccins…
  2. Pouvoir vivre cette expérience pleinement, à fond, en conscience, en m’inscrivant dans la lignée de toutes les femmes de la Terre qui ont enfanté avant moi, pour connaître les sensations de la mise au monde sans filtre, en me reconnectant à mon côté animal.
  3. Réussir un challenge, dépasser mes peurs, atteindre mon objectif, être fière de moi, et espérer que cette expérience saura me renforcer et me donner des ailes dans les futurs défis que me posera la vie.

Et de l’autre côté les raisons qui me feraient désirer une péridurale sont :

  1. Vivre le travail dans la détente, le confort et l’absence de stress, sans avoir à endurer de sensations douloureuses.
  2. Y a pas de point 2…

Dans la balance, les arguments en faveur d’un accouchement naturel sont plus nombreux, plus puissants, plus motivants. Mais l’absence de douleur est tellement tentante… J’ai l’impression d’être perdue entre les injonctions d’un petit ange et d’un petit démon qui voltigent autour de moi. Et à ces réflexions je dois ajouter une composante importante : l’inconnu. Impossible de prédire à quoi ressemblera cet accouchement par rapport au premier. Peut-être qu’il sera incroyablement rapide ? (c’est ce que je tente de visualiser) Ou peut-être devrais-je avoir recours à une césarienne ? Qui sait comment ça se passera le jour J ? Tenter de vouloir garder le contrôle sur un évènement pareil est utopique, la seule voie possible est le lâcher prise.

Lâcher prise oui, mais en gardant confiance, et en se préparant quand même un minimum… Pas facile en fait ! Je tourne en rond en ce moment et j’ai l’impression que la petite va arriver sans crier gare, sans que j’aie eu le temps de trancher dans mon conflit intérieur. J’aimerais avoir des “trucs” pour savoir comment maîtriser mon mental et tenir bon. Des retours d’expérience de femmes déjà passées par là. J’enchaine les vidéos-témoignages d’accouchements naturels sur Youtube, mais aucune ne dit concrètement ce qui se passait dans leur tête à ce moment là pour qu’elles puissent tenir. A quelles pensées faut-il se raccrocher ? Que faut-il visualiser ? Comment arriver à se détendre ? Comment concrètement gérer la vague de douleur ? Ou plutôt devrais-je dire de “sensation”, puisque la douleur est déjà une interprétation subjective.

Je l’ignore pour le moment et sans doute dois-je trouver les réponses en moi-même, le jour J… Affaire à suivre, donc ! En attendant, focus sur un accouchement idéal, naturel, rapide et détendu !

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Marie Colin
9 mois et moi

Mère velléitaire et écrivain en devenir. Ou plutôt l’inverse. Still loading.