Image du documentaire “Le Premier Cri”

Nouvelle naissance

Le jour où je suis devenue mère

Marie Colin
9 mois et moi
Published in
3 min readAug 21, 2016

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Contrairement à ce que l’on peut croire, le jour où je suis devenue mère n’a pas été celui où j’ai appris que j’étais enceinte.
Et ce ne sera pas non plus celui où j’accoucherai.

Il a commencé comme tous les autres, par une matinée ensoleillée de mon 5ème mois de grossesse. A cette période, je sentais déjà le fœtus bouger, je commençais tout juste à tisser un lien avec lui. Il n’était plus une photo abstraite d’échographie, mais un petit être que je ressentais dans mon ventre. Nous préparions à déjeuner avec mon chéri, tout se déroulait bien, jusqu’à ce que je découvre que j’avais perdu du sang.

Comme à chaque fois que l’émotion est trop forte, mon cerveau s’est mis sur « pause ». Je ne voulais surtout pas paniquer ni laisser place à la frayeur. J’essayais de rationaliser, de trouver une explication rassurante. Que faire, comment réagir ? Roméo était là heureusement. Son calme m’incitait à le rester, même si j’étais en état d’alerte maximale.

Mon réflexe a été de chercher des informations sur internet, pour voir si d’autres femmes à mon stade de grossesse avaient eu le même problème. Je tombais sur des articles qui énonçaient différentes causes possibles, la plupart bénignes, mais conseillaient néanmoins d’appeler la Maternité en cas de doute. Je me suis alors mise à chercher dans mes papiers le numéro des urgences de la salle de naissance.

Tout venait de basculer. Jusqu’ici, à part les symptômes habituels, je n’avais eu aucun souci. Pas une seconde je n’avais imaginé que ma grossesse puisse mal se dérouler. Et voilà que tout à coup j’entrevoyais la possibilité de ne pas la mener à terme.

Avant que je ne téléphone, Roméo m’a prise dans ses bras pour me dire que tout allait bien se passer, et je me me suis enfin autorisée à ouvrir les vannes de toutes les larmes contenues. En coulant, elle libéraient le stress, l’angoisse, les scénarios catastrophes, et ma peur la plus profonde : celle de perdre le bébé.

J’ai compris à quel point je l’aimais déjà. Pas d’un amour classique, comme celui que j’avais connu jusque là, mais d’une autre forme bien plus puissante. Un Amour immense, inconditionnel, universel. Jamais je n’avais ressenti de sentiment si fort, c’était extraordinaire. Il n’était pas né que déjà il éveillait en moi un instinct de protection viscéral.

J’ai compris ce que signifiait être mère, et que je l’étais devenue.

Nous pensons que nous faisons les enfants, mais en réalité ce sont eux qui nous font parents. Le perdre aurait provoqué un double deuil, celui de sa vie, et de la mienne en tant que maman.

Cet évènement m’a fait prendre conscience que naissance et mort sont inextricables, et que l’une implique nécessairement l’autre. Par son existence, mon bébé a amené une partie de moi à mourir, et une autre à voir le jour.
Et ce jour là, c’est mon petit qui m’a fait naître.

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Marie Colin
9 mois et moi

Mère velléitaire et écrivain en devenir. Ou plutôt l’inverse. Still loading.