L’Avocat Augmenté.
Que sera l’avocat de demain face aux innovations permises par les NTIC et les turbulences issues des @legaltech ?
Poésies Industrielles s’est penché sur la question des innovations légales tout en dressant des pistes pouvant accompagner l’avocat audacieux à la métamorphose. Notre rôle est de les aider à définir leur communication, au travers de dispositifs éditoriaux créatifs et d’activations digitales.
Réglementé ! C’est grave docteur ?
L’avocat, comme toute autre activité est exposé à l’apparition du nouveau et peut-il ne rester qu’avocat ?
“Omnia mutantur, nihil interit” — Tout change, rien ne meurt.
Avocat et innovation, l’eau et l’huile ?
Jadis encore, l’avocat était-il épargné ? Barrières à l’entrée, conservatisme, secret, communication limitée, périmètre de droit délimité, déontologie…
Aujourd’hui, est-ce que la profession peine à innover avec son temps et à prendre en marche le train du numérique ? Certains diront qu’elle se crispe subissant déjà la concurrence des métiers du chiffre et des braconniers du droit.
“La tradition est souvent une trahison du futur”
Existe-t-il deux écoles ?
L’école de la solidarité séculaire qui rejetterait comme une mauvaise greffe, les projets innovants en marge de la profession…
Et l’école des fans qui observe pour mieux s’inspirer et agir.
Ou y aurait-il un clivage générationnel devant être traité par les instances représentatives comme un levier d’inspiration et de croissance mutuelle ?
Le justiciable de son point de vue, identifie aisément le décalage existant entre ses besoins et l’accès à la justice. Existe-il un fossé à combler, et si oui, qui le fera ? L’exemple de l’industrie de la musique soufflée par le P2P et celle de l’empire Kodak dont on connait la chute, a t-elle créé un précédent dans la conscience collective des avocats?
L’Avocat, à la confluence des nouveautés.
L’avocat est chahuté dans son pré-carré :
- Ebranlé par les raids de “Legaltech”
- Remplacé dans la création de démarches administratives
- Interloqué par l’apparition d’intelligences juridiques artificielles
- Pris de vitesse par la vélocité de robots juridiques
- Subjugué par l’apparition de justices prédictives
- Blockchain, Big Data, Deep Learning et quoi d’autre encore … !!?
La science juridique serait-elle devenue la meilleure source d’inspiration d’une science fiction qui se retournerait contre elle-même ? D’où qu’ils proviennent, des ingénieurs inventent l’avocat de demain et automatisent les standards du droit, à la découpe, en des briques technologiques. Seront-elles Open Source ?
Le marché du droit atteint ses limites face à des utilisateurs qui ne souffrent plus l’attitude de professionnels ne daignant pas évoluer et le justiciable d’aujourd’hui, éclairé, souhaite un véritable accès à la justice. Maintenant que les sources du droit sont accessibles par tous et pour tous, le delta entre l’offre et la demande, va immanquablement être comblé par le marché.
Aux USA, l’étude de l’Université de Georgetown nous relate que les cabinets ont identifiés les risques qui menacent leurs modèles économiques. Leur réaction est assez édifiante :
- Soit ils ne savent pas s’adapter à la demande de leurs clients.
- Soit ils choisissent délibérément de ne pas agir pensant encore bénéficier d’un modèle économique les ayant jusqu’à présent, toujours mis à l’abri.
Très peu de cabinets en effet, ont engagé un processus pro-actif dans l’intégration de changements opérationnels permettant de répondre efficacement à leurs attentes.
Et pourtant, depuis la récession de 2008, les clients souhaitent plus d’efficacité, de prédictibilité et un retour sur investissement mesurable.
Ce changement a en partie été analysé par “the Hastings College, Center for WorkLife Law -University of California”, dans lequel sont identifiés des modèles d’affaires modifiant la manière de fournir les services juridiques.
- Détachement d’avocats intérimaires chez le client
- Fusion des conseils d’affaires et juridiques
- Sociétés en accordéon fournissant un réseau d’avocats expérimentés répondant aux besoins en RH des cabinets.
- Cabinets dématérialisés éradiquant leurs frais généraux par la mise à disposition d’un réseau d’avocats travaillant de chez eux.
- Des cabinets innovant dans leurs modes de facturation et de prestation de services.
“ Elle visait bas, elle visait juste.” Céline.
L’innovation numérique attaque, érode et ronge la base des prestations juridiques ne nécessitant pas la valeur ajoutée de l’avocat, ce qui le place à l’abri. Mais ces prestations peuvent dès lors être opérées par des logiciels et des robots permettant la rédaction, l’adaptation de contrats de baux ou la constitution de statuts de société… L’avocat ou le juriste, n’intervenant qu’en dernière lecture pour valider l’efficience juridique de la prestation.
Quel est l’effet combiné de toutes ces forces ? Y a-t-il un effet Kodak, planant sur l’industrie juridique ? Les règles du jeu changent-elles ?
Il faut distinguer :
- L’exception des premium lawyers et des grandes structures, toujours capables de fournir des services à très haute valeur ajoutée et qui tireront toujours leur épingle du jeu. Les grands cabinets deviendront encore plus grands en gérant l’ensemble des problématiques de leurs clients.
- Les cabinet spécialisés deviendrons encore plus spécialisés : cabinet de niche Laser-Focus.
- Les services légaux et para-légaux, délivrés par des avocats et juristes, software & templates adaptables pourront à terme, satisfaire 80% des clients utilisant ce genre de prestations.
Avocat créatif et évolutif
D’où viennent les grandes idées qui changent le monde dans lequel nous vivons — notamment, dans nos sociétés évoluées et dans lesquelles l’accès au droit est encore, inéquitablement distribué ?
L’invention de l’ampoule électrique ne provient pas d’une amélioration de la bougie, la fermeture éclair n’a pas été inventée dans une manufacture de boutons. ‘ The winner takes it all”, c’est à dire que la nouvelle norme s’impose au détriment de l’ancienne. Souvenez-vous de Fosbury, le premier qui pour aller plus haut, sautait sur le dos.
Et chez l’avocat ? Comment valoriser les forces d’une profession qui devrait être inspirée par sa jeunesse et vitalisée par sa créativité, d’autant plus qu’elle pèse démographiquement dans les barreaux nationaux.
Avocat Inventif
L’avenir sera fait des outils que nous auront créés. Devise du Grand Palais
a. De nouvelles opportunités créatives pour l’avocat (augmenté)
L’existence des réseaux sociaux, l’amélioration des échanges, l’apparition de nouveaux modes de collaborations, la possibilité reconnue de communiquer et de faire de la sollicitation personnalisée, sont autant de formidables vecteurs de différenciation et de création.
Ces outils permettent d’exprimer la singularité de l’avocat, de se démarquer tout en créant du lien et de l’audience.
Pour autant, comment se positionner quand il est difficile d’asseoir sa réputation lorsque l’on crée son cabinet ? Que l’on est avocat et entrepreneur. Qu’il faut patiemment allier crédibilité expérience et réputation dans un environnement en pleine mutation ?
b. Patrimoine & développement
L’un des devoirs de l’avocat (augmenté), c’est la valorisation de son patrimoine immatériel : il comprend son image de marque, une charte graphique, pourquoi pas un site ou une page facebook, sa gestion d’identité numérique, son cursus, son savoir-faire, son savoir-être, sa réputation, sa confiance et son intelligence. Il se distingue en tout point d’un système automatisé et doit transformer ce capital en avantage concurrentiel.
Bâtir une stratégie :
- Connaissance de son environnement et positionner son offre envers le justiciable
- Identifier et exploiter une niche adaptée aux besoins des utilisateurs
- Valoriser et cultiver son actif immatériel
Pistes d’optimisations selon the Altman Weil Law Firm Survey
- Revoir ses modèles de collaboration et de facturation
- Améliorer la manière de délivrer le service juridique au client
Transmettre sa vision : un enjeu de recrutement
Les talents veulent plus qu’un travail, ils veulent un sens à leur engagement. Il y a 10 ans, les étudiants visaient la sécurité de l’emploi, aujourd’hui, ils rêvent de métiers utiles pour le bien social et souhaitent aussi devenir entrepreneurs…
Avocat communiquant
La loi n° 2014–344 du 17 mars 2014 autorise effectivement le recours à la publicité et à la sollicitation personnalisée. C’est une évolution logique qui comble une tendance naturelle de l’avocat à ne pas communiquer. Comment l’exploiter maintenant que l’avocat dispose des meilleurs conditions jamais rencontrées pour communiquer. Et pour les créatifs, pas de créativité sans contrainte !
Une publicité ouverte mais encadrée par des principes :
- Le caractère nécessaire de l’information communiquée au public
- La véracité de l’information
- La protection du secret professionnel
- Le respect des principes de dignité et délicatesse.
Il n’existait en réalité, plus aucune restriction tenant au format de la publicité, puisque la presse, le web, la radio et même la TV peuvent désormais être investis par les cabinets.
Pour autant, la communication n’achète pas la compétence et une bonne communication ne doit pas ressembler à une communication.
Une autre communication est à inventer, généreuse qui éduque et informe. Le contenu que l’avocat doit produire, à l’heure des nouveaux médias, est sans stock et sans frontière et les possibilités de viser son audience sont désormais à portée de clic.
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Conclusion
Les innovations adviennent toujours et le rôle de l’avocat est d’être acteur de ce changement. Il doit s’adapter pour continuer. Poésies Industrielles observe les mutations à venir tout en étant témoin de l’inventivité des avocats entrepreneurs.
La métamorphose de la profession relève aussi d’une approche culturelle face à la nouveauté. Cette audace, nous la stimulons, pour accompagner les avocats dans leur développements et pourquoi pas un jour, voir se lever une assemblée d’avocats développeurs…
