Islam et liberté d’expression, combat primordial.

Arsène Wenger
3 min readJul 28, 2017

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À terminer.

En 1988, Salman Rushdie publie Les Versets Sataniques, inspiré en partie de la vie de Mahomet. L’Inde, l’Afrique du Sud, le Pakistan, l’Arabie saoudite, l’Égypte, la Somalie, le Bangladesh, le Soudan, la Tunisie, la Malaisie, l’Indonésie et le Qatar interdissent rapidement le livre, qu’ils jugent blasphématoire. Peu de temps après, l’Ayatollah Khomeini lance une Fatwa contre Salman Rushdie. Il déclare: “Les Versets Sataniques a été écrit en opposition à l’Islam, au prophète et au Coran. J’appelle tous les musulmans à exécuter rapidement Salman Rushdie, où qu’ils le trouvent, afin que personne n’insulte les saintetés islamiques.”. Rushdie vit sous protection policière depuis.

En 2004, Theo Van Gogh est assassiné par un islamiste dans la rue d’Amsterdam pour avoir réalisé, en collaboration avec Ayaan Hirsi Ali, “Soumission” court métrage dénonçant la place de la femme dans l’islam.

En Janvier 2015, les frères Kouachi assassinent 11 membres de la rédaction de Charlie Hebdo en criant “Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète”. Le mois suivant, lors d’une conférence au Danemark sur le thème “Art, Blasphème et Liberté”, un islamiste tue un réalisateur et blesse 3 policiers.

Chaque année, des dizaines de blogueurs séculaires dans le monde musulman, surtout au Pakistan et au Bangladesh sont tués par des islamistes ou jetés en prison, à l’image du blogueur Saoudien Raif Badawi, emprisonné depuis 2012 et condamné à 1000 coups de fouet pour apostasie et insulte à l’islam.

Curieusement, face à ceux qui revendiquent encore le droit à la critique du religieux et face aux libres penseurs du monde musulman, une partie de la Gauche et de l’intelligentsia occidentale fait frond commun avec les islamistes.

En 2016, le Southern Poverty Law Center (SPLC), organisation américaine de défense des Droits de l’Homme, place Ayaan Hirsi Ali et Maajid Nawaz sur une liste noire des “extrémistes anti-musulman”. Pourtant, ce dernier, ex-islamiste passé par des chambres de torture en Égypte, est aujourd’hui président de la Quilliam Foundation au Royaume-Uni, association qui se bat contre le terrorisme, pour la liberté d’expression, pour les droits des femmes et des homosexuels, et surtout, contre toute forme de racisme. Son tort aux yeux du SPLC? Croire en l’universalisme des droits de l’Homme et oser dénoncer certaines modes de pensée rétrogrades, même au sein des communautés musulmanes.

La même année, Louis Smith, gymnaste Britannique double médaillé aux Jeux Olympiques est suspendu deux mois par sa fédération et contraint de s’excuser publiquement pour “ses actions irresponsables qui ont pu causer de profondes blessures”. Son crime? Avoir imité sur le ton de l’humour certaines prières musulmanes dans une vidéo privée.

Sur les campus universitaires, particulièrement aux États-Unis, des conférenciers sont régulièrement déprogrammés s’ils s’avère qu’ils n’ont pas toujours couvert l’Islam de louanges. Dernier exemple en date: Richard Dawkins, célèbre biologiste britannique connu pour ses prises de position très critiques à l’égard de l’Église et du Christianisme, dont la conférence à Berkeley a été annulée lorsque les syndicats étudiants ont découvert qu’il dénonce aussi l’homophobie et la misogynie du Coran.

La semaine dernière, Justin Trudeau a déclaré qu’il ne fallait surtout pas qualifier l’excision de “barbare”, car cela pouvait heurter la sensibilité de certains musulmans. D’ailleurs, sous l’impulsion du gouvernement Trudeau, une loi qui “condamne l’islamophobie” est entrée en vigueur l’année dernière au Canada.

La France n’est pas épargnée, en témoigne le récent procès pour islamophobie intenté à Georges Bensoussan (il avait dénoncé un antisémitisme culturel musulman) par le CCIF, auquel se sont associés la plupart des associations anti-racistes dont la LICRA, organisation créée pour défendre le Capitaine Dreyfus mais qui aujourd’hui mène une guerre à tous ceux qui osent prononcer des vérités dérangeantes. Et lorsque ce n’est pas en justice, c’est par intimidation morale que la guerre est menée, en conteste la levée des boucliers après que l’écrivain Kamel Daoud ait expliqué les incidents de Cologne par “le rapport à la femme” dans le monde musulman.

Ainsi, nous avons implicitement réintroduits en Occident un délit de Blasphème que beaucoup se battent pour abolir dans le monde musulman. Nous avons abandonné les Lumières, nous prenons le parti des fanatiques face aux libres penseurs.

Les Lumières nous ont apporté la liberté d’expression, la liberté de critiquer et de remettre en cause tout système de pensée. C’est ainsi que l’obscurantisme chrétien a pu être vaincu, et les sociétés libres et tolérantes dans lesquelles nous vivons aujourd’hui sont les résultats de ce combat. L’islam, n’étant qu’une religion et donc ni plus ni moins qu’un ensemble de textes, doit pouvoir être critiqué librement. Le racisme anti-musulman, injustifiable, ne doit pas être confondu avec le libre examen de la religion musulmane. Comme le dit Maajid Nawaz, “chaque humain mérite d’être traité avec dignité, mais chaque idée mérite d’être scrutée”.

À terminer

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