Le mythe des inégalités salariales

Arsène Wenger
3 min readJun 24, 2017

On explique souvent qu’en entreprise, les femmes sont rémunérés 25% de moins que les hommes pour le même travail. C’est faux.

(Pour une exploration plus approfondie de ces enjeux, lire notamment l’excellent livre de Samuel Fitoussi “Woke Fiction, comment l’idéologie change nos films et nos séries”, paru en septembre 2023 aux éditions du Cherche-Midi).

Toutes les études convergent: à responsabilités égales, aucun écart salarial n’existe entre les hommes et les femmes. En France, l’inégale rémunération d’hommes et de femmes occupant le même poste dans une entreprise est d’ailleurs un délit pénal depuis 1983, en Angleterre, depuis 1970.

Les chiffres trompeurs, souvent relayés par la presse, sont calculés en faisant la moyenne, dans un secteur donné, des rémunérations des hommes et des femmes, sans tenir compte de l’ancienneté dans l’entreprise, de l’intensité du travail fourni, de la dangerosité de la tâche, du temps du travail, de sa flexibilité… Une étude de The Economist conclue qu’au Royaume-Uni, une inégalité salariale de seulement 0.8% persiste lorsqu’on prend en compte tous les facteurs affectant la rémunération.

En effet, les femmes ont plus tendance à faire des pauses dans leur carrière pour s’occuper de leurs enfants, ce qui ralentit leur progression professionnelle, étudient plus les sciences sociales que les sciences dures, et sont plus enclins à avoir des horaires flexibles. Par exemple, une étude de la Chicago Booth University montre que parmi les titulaires d’un MBA ayant fini leurs études depuis 10 ans, 16% des femmes ne travaillent plus contre seulement 1% des hommes, tandis qu’uniquement 62 % des femmes travaillent à temps plein contre 92% des hommes. Selon la Heritage Foundation, think tank Américain, “lorsqu’on prend en compte toutes ces variables, l’écart salarial se réduit au point de quasiment disparaitre”.

Cela se vérifie dans tous les chiffres. June O’Neill observe qu’aux Etats-Unis, les femmes âgées de 35 à 45 ans célibataires et sans enfants gagnent en moyenne légèrement plus que les hommes du même age. Les femmes lesbiennes, elles, dont les choix de vie et de carrière sont souvent différents de ceux des femmes hétérosexuelles, gagnent en moyenne 12% de plus que celles ci.

On peut aussi se demander pourquoi les employeurs, contre toute rationalité économique, rémunéreraient certains salariés 25% de plus pour les récompenser d’être des hommes, ou pourquoi ils n’emploieraient pas uniquement des femmes si cela pouvait leur permettre de faire des économies.

Les études montrent donc que les inégalités salariales ne sont pas le résultat de discrimination, mais s’expliquent par les différences de choix entre les hommes et les femmes. Peut être que ces différences sont dues à des constructions sociales et culturelles sexistes, mais il est aussi possible qu’elles soient le résultat de choix faits par les femmes en fonction de leurs préférences. Il est paradoxal que lorsqu’elles font des choix qui ne correspondent pas à la vision néo-féministe de la femme en société (non pas l’égale de l’homme, mais sa semblable), ceux-ci soient toujours perçus non comme résultant de son libre arbitre (la femme n’ayant peut être pas toujours les mêmes intérêts, envies, et instincts parentaux que les hommes), mais comme le fruit de codes de conduite dictés par une société patriarcale ou par une misogynie internalisée. Pour les néo-féministes, la femme ne serait jamais assez forte pour être maître de ses choix.

Une différence n’équivaut donc pas nécessairement à une inégalité, et ces différences ne semblent choquer que lorsqu’elles confirment l’idée que la femme serait une éternelle victime et l’homme un salaud. Personne ne s’émeut du fait que le taux de chômage masculin soit plus élevé que celui de la femme, que les hommes ne reçoivent que 41% des diplômes d’éducation supérieure décernés, qu’ils représentent 93% des décès sur le lieu de travail, 80% des suicides, 77% des victimes d’homicide, 70% des sans domicile fixe, qu’ils reçoivent une peine de prison en moyenne 63% plus longue qu’une femme pour le même crime, qu’ils perdent la garde des enfants dans 84% des cas de divorces...

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