Benoit Granger
3 min readMay 16, 2019

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J’avais dit à Michel Nizon, que je lis régulièrement et avec beaucoup d’intérêt, que si j’avais eu un dossier de ce genre, j’aurais tenté de décourager les créateurs, dès le départ, d’après les données de ce récit –et avec beaucoup de prétention de ma part. Mais les réactions offensées d’Ulysse m’ont amusé !

Voilà quelques raisons issues de l’expérience :

1 — les associés : 2 copains mêmes diplômes, même culture (ingénieurs = l’amour du produit !), si j’ai bien compris : c’est une erreur. Il faut s’associer avec quelqu’un d’une culture différente. Un vendeur dans ce cas.

2 — le nom ! ! ! Everything = nothing, ou everybody, c’est nobody. Si vous vous adressez à tout le monde pour leur fournir tout, c’est que vous ne vous adressez à personne pour n’importe quoi. Même si je n’ai pas eu le pitch, l’état d’esprit est là ; et à mon avis c’est une erreur de stratégie

3 — les Bifaces (comme dit Jean Tirole, notre « Nobel » d’économie), ou les plateformes, il y en a des quantités, dans tous les secteurs de services. Donc soit on démarre avec 100 M$ minimum (le B2C, c’est cher), soit avec rien du tout, mais pas entre les deux… Ulysse s’en rend compte a postériori en écrivant « Nous aurions pu créer en un après-midi un blog présentant chaque jour des petites pépites du web »… qui n’aurait rien couté, se serait développé plus lentement, mais en moins sexy ! Alors que c’est le meilleur moyen de créer la fameuse « communauté » en question !

4 — car vendre ses usagers à ses annonceurs — clients, ça suppose que les Usagers constituent vraiment une « Communauté » ! Or ils ont de moins en moins envie, les usagers, de se faire prendre pour des pigeons. Trop d’offres, et parmi elles, trop peu de qualité.

5 — les autres erreurs sont au fil de l’eau, donc je n’aurais pas pu les voir au départ, mais les 2 principales (qui font soupirer les vieux routards…) sont directement issues des ci-dessus : « Les seules personnes à convaincre en early stage, ce sont vos clients. Vos clients et personne d’autre » : Ah bon ! ? et « après plusieurs mois de dev…pas adaptée SEO » : dommage ! ! ! … ce sont des erreurs d’ingénieurs assez typiques…

Tiens, juste un dernier point pour finir d’énerver Ulysse, qui tance son interlocuteur : « Je passe sur le commentaire “Mysogyne” qui n’a rien à faire là et qui est insensé » : il s’agissait d’un commentaire de Michel Nizon sur sa video. Du coup, intrigué, j’ai patiemment regardé la vidéo. En fait, Michel, la confusion vient du titre de la vidéo : « seul à travers l’amérique du sud » « mon voyage en solo »… Il manquait la suite du titre : « avec la copine sur place, qui suit derrière et sourit à la demande ».

Oui, je confirme, il y a bien de la misogynie dans cette vidéo ! Je dois avoir à peu près 45 ans de plus qu’Ulysse, mais je croyais que sa génération était nettement plus féministe, respectueuse et égalitaire !

(Ulysse : ne le prenez pas mal ! quand on publie, on prend le risque d’être lu ; et quand on se met en spectacle, on prend le risque d’être regardé)

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