Son homme

Elle lut la notification du nouveau message reçu par son homme. On pouvait y lire : « C’était très bon, tout à l’heure. Merci pour ce délicieux moment ».

Étonnée, Pamela fixa à nouveau l’écran du téléphone afin de s’assurer de n’avoir commis aucune erreur de lecture. Hélas ! C’est bel et bien ce que son amie venait d’envoyer à son mari. Mais quel délicieux moment Tobias a bien pu offrir à cette… innocente Marielle ?

Femme pensive. © Iwaria

Alors qu’une pléthore d’imaginations s’apprêtait à prendre d’assaut son esprit, la voix de son fils, à peine rentré dans la chambre, la fit sursauter.

• Maman ! Nous n’attendons que toi pour commencer la prière avec Papa.
• Quoi ?
• La prière Maman, tu as oublié ?
• Ah, la prière ! Non, allons-y mon chéri.

Pamela déposa le téléphone de son mari exactement à l’endroit où c’était sur le lit, avant de saisir sa bible sur la table de nuit pour rejoindre la salle de prière.

La séance se déroule normalement. Pamela ne laisse rien transparaître. L’assurance et la beauté de sa voix étaient une fois encore au rendez-vous pour égayer la famille avec de beaux cantiques d’adoration. Une fois retournée dans la chambre conjugale, Tobias semblait fatigué et ne tarda pas à se mettre au lit après avoir embrassé sa femme. Cette dernière fut tentée par l’idée de demander des comptes à son homme, le jeune Pasteur, mais ses pensées l’en empêchaient.

Tobias ne m’a jamais trompée. Il ne m’a jamais donné de raison de douter de lui. Si je lui pose de questions, cela ne voudrait-il pas dire que je ne lui fais pas confiance ? En plus, il est un homme de Dieu... et Marielle est comme une sœur pour moi. Jamais elle n’oserait me faire ça, elle qui s’occupe d’ailleurs de l’éducation des enfants le dimanche à l’église. Non. Je dois me faire des idées. Peut-être qu’ils n’ont fait que méditer ensemble... profondément.

Pendant que les paupières de Tobias devenaient de plus en plus lourdes sous le poids du sommeil, mille et une questions jouaient au ping-pong dans la tête de son épouse allongée juste à côté de lui. Comme d’habitude, face à tant d’interrogations troublantes, Pamela récita avant de s’endormir une prière silencieuse où elle demandait à Dieu de lui montrer un signe afin qu’elle puisse alléger son esprit avant que ce doute ne devienne un handicap pour son foyer.

Krrr ! Krrr ! C’est le réveil. Il est 4h30, bientôt l’heure de la prière matinale.

Pamela constate que son mari n’est plus dans le lit. Il doit être soit sous la douche, soit déjà en train de méditer dans la war room, mais son téléphone était toujours là. Le simple contact visuel avec ce gadget était suffisant pour réveiller toutes les questions que le sommeil avait tantôt réussi à endormir dans sa tête. Par curiosité, elle s’en saisit à nouveau afin de relire le message, mais… Surprise ! Il n’y a plus de message. Supprimé. Deleted. Disparu. Disappeared. Pendant qu’elle tenait le téléphone en main, Tobias sortit de la douche.

• Que fais –tu avec mon téléphone ?
• Et toi, tu peux me dire pourquoi tu as supprimé le message que Marielle t’a envoyé hier soir.

Le silence s’installa dans la chambre. Au moment d’essayer de se lever du lit, Pamela eut la sensation qu’on la réveillait.

• Maman ! Maman ! Debout nous sommes là.

Oui, ils sont là. Son mari venait de rentrer avec leur fils qu’il est allé chercher à l’école. Toute cette histoire n’était donc qu’un rêve… Oups ! un cauchemar. Même la fatigue qui avait mis Pamela K.O. dans le canapé du salon n’a pas pu l’empêcher d’esquisser un sourire de soulagement qu’elle seule pouvait comprendre. Décidément fatigué aussi, après avoir embrassé sa femme, Tobias décida de prendre une douche rapidement avant le déjeuner en famille. Après avoir servi le repas dans la salle à manger, Pamela allait en informer son homme dans la chambre quand la voix de ce dernier attira son attention derrière la porte. On pouvait clairement l’entendre dire : « C’était très bon, tout à l’heure. Merci pour ce délicieux moment, sœur Marielle ! »

P.S : Cet article est un challenge qui consiste à rédiger un texte avec le premier paragraphe du présent article.