Afghanistan : nous, nous sommes restés…

CICR
3 min readMar 29, 2016

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Photos de Gueorgui Pinkhassov/Magnum Photos pour le CICR

En Afghanistan, la population vit dans un état de violence quasi permanente depuis plus d’une trentaine d’années. Avec près d’un million de déplacés dans le pays et d’innombrables personnes sur les routes, aucun groupe de la population n’est épargné.

En janvier, Gueorgui Pinkhassov, photographe de l’Agence Magnum, nous a rejoint en Afghanistan et, il capture, loin de la une de l’actualité, la vie quotidienne de personnes en proie à l’héritage de la violence.

Vous trouverez ci-dessous quelques histoires.

Quand la famille perd son soutien

Niamatullah Rasikh travaillait pour une ONG de déminage lorsqu’il a été enlevé et retenu 40 jours en captivité. Il a réussi à s’enfuir, mais il est marqué par cette expérience traumatisante. Il a quitté le pays sans avertir sa femme et n’a pris contact avec elle qu’une fois arrivé en Iran. Il lui a alors parlé de son projet de partir pour l’Europe.

Niamatullah est resté en contact avec sa femme jusqu’au jour où il l’a appelée de Turquie pour lui dire qu’on lui avait tout volé.

C’était en octobre 2015. Depuis, sa famille n’a plus aucune nouvelle.

Loin de la maison

Les familles qui vivent dans ce camp de déplacés à Kaboul ont été chassées de chez elles par le conflit armé il y a environ huit ans. Elles ont dû tout abandonner.

Le conflit continue de faire rage dans leur province et dans beaucoup d’autres régions au sud de l’Afghanistan.

La vie n’est pas normale dans le pays

Khalilullah a envoyé son fils Ahmad Faysal, âgé de 14 ans, en Europe.

Il a trois filles et deux fils et travaille dans un centre de réadaptation physique à Kaboul pour subvenir aux besoins de sa famille. « Dans ce pays, je ne sais pas ce que peut bien être une vie normale », explique-t-il.

« Il n’y a ni stabilité ni prospérité. Depuis ma naissance, les conflits perdurent sans fin. J’aimerais que mon fils ait une vie différente de la mienne. »

Douze bouches à nourrir, un salaire

Haji Ahmad Shah, 60 ans, a perdu une jambe dans l’explosion d’une mine durant la guerre civile.

Il vit à Kaboul dans une maison perchée sur une colline, et c’est très difficile — dit -t-il — pour quelqu’un dans sa situation. Mais ce n’est pas son seul souci. Il a cinq fils et sept filles, qui, pour la plupart, sont encore en formation.

« C’est dur de subvenir aux besoins de cette grande famille car nous ne sommes qu’un ou deux à travailler. Je suis pratiquement le seul sur qui ma famille peut compter car tous mes enfants étudient ou vont à l’école. »

Non, ce pays n’est pas pour les jeunes hommes

Abdul Malook travaille aujourd’hui comme jardinier. Il a perdu sa jambe dans l’explosion d’une mine pendant la guerre civile en Afghanistan.

Il a envoyé son fils en Europe mais il vit avec le reste de sa famille à Kaboul.

« J’ai souffert de ce conflit prolongé. Dans ce pays, il n’y a pas d’avenir pour les jeunes générations. »

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CICR

Le Comité international de la Croix-Rouge s'efforce d'apporter protection et assistance aux victimes de la guerre et d'autres situations de violence.