Pourquoi écrire sur Médium??

Catherine Leduc
6 min readOct 29, 2015

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Voilà bien la question qui me tarabuste depuis que j’ai découvert ce nouveau réseau social, moi qui suis à la fois totalement fâchée avec la notion même de réseaux sociaux, et qui, en même temps, suis totalement passionnée par le pouvoir de l’écrit.

Pourquoi être autant excitée / énervée par cette question ?

Mon radar me dit : réseau social = piège pour l’égo (pour ne pas dire piège à c…)

Et il faut bien dire que Médium est bel et bien un réseau social comme les autres avec sa comptabilité de « followers » et de « following », agrémentée de statistiques hebdomadaires (bientôt des beaux graphiques?) .

And What ? mesure de popularité ou mesure d’idées intéressantes ? Un article populaire développe-t-il des idées intéressantes pour autant ? Faut-il résumer la recherche de visibilité voire de partage de ses idées, le gros mot est lâché, à une recherche de popularité ?

J’ai pourtant l’impression que c’est tout ce que nous vendent les réseaux sociaux, Médium compris.

Pire, l’usage banalisé des réseaux sociaux nous incite à penser que nous partageons, nous échangeons alors que nous ne faisons que, au mieux déposer, au pire déballer.

Je ne peux qu’être effrayée de constater comme « les gens » se vautrent avec volupté dans cet amalgame entre communication et partage/échange d’idées, et ils s’y vautrent d’autant plus complaisamment qu’ils s’y sentent populaires.

Et vous vous étonnez du grand retour des idées populistes ?

Comment échapper à ce glissement sémantique qui démontre aujourd’hui ses effets pervers dans les médias traditionnels ?

Vous allez me dire : oui mais, sur Médium, pas de limitation du nombre de caractères, donc pas d’idées limitées, contrairement à certains autres réseaux ; on a la possibilité de développer, tout ci tout ça…

Et bien, ça ! C’est un beau raccourci ! Beaucoup de mots ne sauvent pas de la platitude de la pensée… Au mieux, cette platitude est diluée dans de belles phrases avec des jolis mots et des belles tournures. Et alors ! on aura au moins passé son temps agréablement, peut-être, qui plus est à lire (au lieu de regarder la télé..), ce qui n’est déjà pas si mal hein ?

Ce qui m’amène au deuxième hic :

Je ne veux même pas parler ici des beaux discours qui en réalité ne valent pas mieux que des conversations de comptoirs (des « c’était mieux avant », et « les politiques sont tous pourris », et «débarrassons-nous de la vermine qui gangrène notre société »….etc… La « Le Pénisation » des esprits servie par les bons mots des experts en communication….

Non, non, ce n’est pas la peine de pousser le débat sur le champ politique. Il suffit d’écouter, d’observer, de lire ce qui se dit en société….

Exemple :

Ne trouvez-vous pas absolument détestables tous ces post qui relayent, en les personnalisant, tout un tas d’injonctions ou leçons de vie : mangez bio…levez-vous tôt…. faites du sport…. aimez mieux (et surtout aime-toi)…. faites l’école à la maison….arrêtez de boire du lait….ne regardez plus la télé…faites votre mammographie dès 45 ans…les 10 conseils pour booster votre vie…

N’oublie pas de faire caca 2 fois par jour et de faire l’amour 4 fois par semaine, et dis bonjour à la dame….

Moi (ben oui je parle de moi), ça m’agace parce que :

oui je préfère manger bio et bon et que les agriculteurs vivent de leur travail, non je n’aime pas la télé, oui je trouve que l’école pose des problèmes, non je n’ai pas envie de mourir d’un cancer du sein, oui j’ai besoin de faire du sport, (et aussi de faire caca)….

Mais je me retrouve là, encore et toujours coincée dans cette même pression sociale enrobée à la guimauve ! On se croirait en train de lire Fémina magazine ! Quel est l’intérêt de ces outils d’expression s’ils ne font que reproduire et même amplifier l’effet « mouton-bêê » de la vie sociale ?

Qui ne s’est jamais senti sombrer dans un ennui profond au repas de M. et Mme « collègues de travail » quand la conversation s’éternise sur le dernier régime de Madame, ou la meilleure manière d’élever … son chien ? Qui ne s’est jamais senti bouillir de l’intérieur en entendant au même repas des absurdités infâmes sur la meilleure façon de régler… tiens ! la crise des migrants… (ou tout autre sujet de l’actualité du JT de TF1) tout en préférant ne pas ouvrir la bouche sous peine de dégueulis de noms d’oiseaux, très mal-venus si tu veux rester en bon terme avec M . et Mme « collègues de travail » ? Ben, oui ! La vie sociale version 2.0 traîne tout pareil son lot de moutons volontairement décérébrés, qui en plus n’ont plus besoin de s’en cacher, se croyant bien à l’abri derrière leur écran de smartphone et leur pseudo.

Pourquoi utiliser aussi mal la liberté totale d’expression qui nous est offerte aujourd’hui grâce à internet, à nous tous et pas seulement aux petits cercles introduits dans le bon milieu ?

Sur Médium, cela me navre encore plus car écrire c’est déjà, ça devrait être une démarche de distanciation, de réflexion. Je suis sûre qu’il y a dans tout ce flot d’écrits de vrais articles avec des vraies histoires, des vrais débats d’idées, des vrais talents, mais comment les trouver sans faire appel ni à la popularité, ni à la cooptation, ni à la sélectivité et encore moins l’élitisme ?

En revenant aux fondamentaux du travail éditorial, non ?

S’il vous plaît, mesdames et messieurs les développeurs et penseurs du futur ultra connecté, ne pourriez-vous pas montrer un peu plus d’inventivité et abandonner le sacro-saint modèle Facebook ? Je veux dire, trouvez un vrai truc pour que tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le moule, la norme sociale, puissent malgré tout être visibles par la société, sans qu’ils aient besoin de chercher à être populaires.

La société va nécessairement passer du modèle pyramidal actuel à un modèle en réseau, parce que l’internet et les neurosciences ont grandi ensemble main dans la main. On a appris avec eux à concevoir des modèles connectivistes, où la complexité des relations peut être regardée sans avoir recours à un morcellement simplificateur et donc simpliste. Qu’allons-nous faire dans ce réseau ?

Ça pourrait ressembler à « qu’allons-nous faire dans cette galère ? » …. ou alors à « qu’allons-nous décider d’inventer ? ».

S’il vous plaît, mesdames et messieurs les développeurs et penseurs du futur ultra connecté, n’oubliez pas que tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans le moule, la norme sociale, sont ceux qui, en pensant, chantant, peignant, dansant, écrivant, préfèrent la créativité à la moutonnerie. Ils choisissent de s’exprimer eux (le s’ pronominal ne me semblait pas suffisant…) librement plutôt que de relayer des poncifs, et surtout ils le font en prenant le risque que personne ne s’y intéresse.

Et vous voulez les obliger malgré tout à rechercher la popularité ?

Croyez-vous vraiment que tous les artistes, grands ou petits, qui ont influencé notre vision du monde avant la « révolution numérique » (la préhistoire en quelque sorte) ont existé grâce à leur popularité ?

Alors, que diable ! Arrêtez la soupe populiste ! STOP le LIKE ! Mesdames et messieurs les éditeurs, au boulot ! C’est sur la toile qu’on vous attend !

Oui, j’ai envie d’écrire sur Médium !

Non pas que je me sente l’âme d’une artiste…. c’est juste que j’ai envie et même besoin de m’exprimer, mais pas n’importe comment.

Oui, j’ai envie d’écrire sur Médium, parce que j’ai envie d’espérer que Médium change vraiment quelque chose dans la « vie sociale numérique », qui me donne une chance de m’exprimer moi, pour que d’autres gens aient la possibilité de s’exprimer (=sortir de soi pour exister?) et compter. Merci la polysémie ! Compter, non pas comme comptabiliser mais comme exister au milieu de tout le reste, comme 0 et 1. Ne croyez pas que le système binaire soit simpliste, il ne fait que coder « pareil/ pas pareil »! Et paf ! Tout est complexe ! La vie quoi !

Oui j’ai envie d’écrire sur Médium, peut-être pour parler de ma peur d’être avalée, noyée dans une espèce de masse sans forme que pourrait être le grand réseau mondial s’il restait sur ce modèle du LIKE.

AU SECOURS !!!!!!

Mais attention ! Ne me dis pas que je fais le lit du Front National !! (LOL)

Si tu as trouvé cet article intéressant, je devrais te dire de ne pas le « liker », mais comme c’est le seul moyen qu’on me donne pour savoir si ce que j’exprime a du sens pour toi, alors…

It’s up to you !!

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Catherine Leduc

Passionnée idéaliste en quête de sens et d’énergies. J’aime les renards et les petits princes #utopieréaliste (et j’adore mon métier d’orthophoniste!)