Concevoir la notification du futur

Hugo VERMOT
7 min readJun 2, 2016

L’addiction du téléphone s’est construite autour de différents facteurs, mais la notification a une place importante dans cette emprise du digital sur l’humain. Ce rappel sonore qui vous dérange pour que vous consultiez votre smartphone est devenu au fil du temps une alerte automatiquement perçue par notre cerveau.

Combien de fois vous êtes vous repris à regarder votre téléphone lorsque vous entendiez le bruit d’une notification ou la vibration du bureau alors que vous n’avez finalement rien reçu ?

Cela va au-delà lorsque celles-ci vont servir de jauge à estime liée à la prolifération des réseaux sociaux. Quand certaines personnes s’attachent trop à leur influence virtuelle, le manque de notification après une publication sur les réseaux sociaux peut provoquer un véritable dérangement dans l’esprit de l’utilisateur.

Aujourd’hui la notification s’utilise différemment en fonction de son message. Certaines notifications s’avèrent très utiles pour les applications qui sont indirectement utilisées par l’utilisateur. Par exemple les applications de sport, de cuisine ou de transport qui parfois fonctionnent en tâche de fond et vous transmettent des informations uniquement grâce aux notifications sans avoir à ouvrir l’application, parce qu’à ce moment vous êtes typiquement en train de courir, cuisiner ou conduire.

Hormis ceci, les notifications restent trop intrusives et ne prennent pas assez en compte le contexte de l’utilisateur. Il faut que la notification ait de la valeur pour l’utilisateur au moment où il l’a reçoit. De plus il faut utiliser la notification comme une fonctionnalité à part entière dans une application pour s’en servir uniquement pour transmettre des informations importantes.

Les notifications trop présentes

Globalement nous recevons beaucoup de notifications par jour et par application, cela va évidemment de paire, car plus vous aurez d’applications et plus vous augmenterez vos chances de recevoir des notifications. Un autre facteur rentre en compte, c’est celui de votre implication pour une application. Typiquement, plus vous utiliserez une application plus vous serrez susceptible d’être notifié par vos actions. Sans prendre en compte l’influence des utilisateurs sur les réseaux sociaux, en une journée une personne reçoit un grand nombre de notifications perturbant son quotidien et sans grand intérêt.

De plus, les applications tendent à augmenter le nombre de notifications : toujours plus pour encore plus d’engagement.

Quand on sait que la cause principale de désinstallation des applications est due à l’abondance de notifications, il vaut mieux revoir son rythme d’envoi.

Récemment j’ai reçu comme notification d’Instagram : “Utilisateur1 a posté une photo alors qu’il était inactif depuis longtemps”.

Son équivalent pour Twitter est : “@newflux_fr et @chilka_ ont récemment aimé le même tweet”.

Ce type de notifications vient s’ajouter en plus à notre liste de sollicitations quotidiennes déjà présentes sur nos smartphones. Les applications voient au travers des notifications, le moyen de ramener facilement l’utilisateur vers leur application. Notons que si l’information délivrée n’est pas suffisamment pertinente pour l’utilisateur, l’effet produit sera nul.

Déranger au bon moment

Hormis les notifications concernant les messages des proches, l’intérêt de l’utilisateur pour la notification va surtout dépendre du moment où la notification arrive. Nous courrons tous après le temps et par définition interagir avec une notification va nous en faire perdre. Ainsi une notification reçue au mauvais moment provoquera de l’insatisfaction ou de l’ignorance, en plus de l’effet perturbateur et du sentiment d’urgence que procure l’alerte sonore.

Personne n’a envie de savoir que notre application de sport nécessite une mise à jour avec de nouvelles fonctionnalités géniales alors que nous nous trouvons en pleine réunion. En revanche on est ravi quand Google Now nous prévient que dans 1 heure notre train part et qu’il nous faut 35 minutes pour si rendre.

Ces exemples ont évidemment une pertinence de contenu différente, cependant le contexte dans lequel se trouve l’utilisateur lors de la réception de la notification a une importance sur la valeur que va lui accorder l’utilisateur.

Être instantané n’est pas forcément une bonne solution, notamment pour les notifications qui ont un but récapitulatif ou qui ont une importance moindre.

L’instantanéité peut aussi s’avérer frustrante ou oppressante pour l’utilisateur lorsqu’il est en pleine utilisation de l’application. Lorsque les notifications agissent comme un suivi de tâches consécutives, il est préférable de proposer d’ajuster la récurrence d’envoi ou de demander à l’utilisateur les heures où il souhaite ne pas être dérangé.

« Work can wait » de Basecamp permet de choisir le moment où on souhaite recevoir des notifications pour éviter d’être dérangé le weekend ou après les heures de travail, malin !

Les notifications peuvent aussi être périodiques et ne s’afficher que durant la période la plus pertinente. Par exemple lorsqu’il s’agit d’un e-mail ou d’un message privé, la notification sert parfois de simple signal très spontané qui disparaît très vite dans l’esprit de l’utilisateur.

Grâce au machine learning et à l’intelligence artificielle, le futur permettra d’envoyer les bonnes notifications au bon moment.

S’aider de la géolocalisation

La localisation de la personne va très souvent de paire avec ses activités. Ainsi cela représente un facteur majeur pour juger de la pertinence d’envoi d’une notification à l’utilisateur. Le cas typique des vacances en est la preuve concrète. Si vous êtes à l’étranger, les notifications en rapport à votre ville d’origine ne vous intéresseront plus puisque vous n’avez plus d’intérêt lié à la localité.

Certaines applications font déjà bon usage de la géolocalisation pour améliorer la pertinence de leur notification, cependant je pense que l’on peut aller encore plus loin dans le concept de notification personnalisée.

Regrouper les notifications du même type

Il faut éviter d’envoyer plusieurs notifications à peu de temps d’intervalle. Il faut regrouper les notifications pour n’en faire qu’une et ainsi privilégier l’ordre de priorité d’affichage.

Cela s’applique aussi aux utilisateurs qui reçoivent énormément de notifications du fait de leur activité ou notoriété, lorsque le flux de notification est élevé, il faut regrouper par grand nombre les arrivées de push.

Rendre la notification interactive

Une notification doit pouvoir délivrer un message clair et précis mais aussi pouvoir laisser la possibilité à l’utilisateur d’effectuer rapidement la tâche proposée, comme répondre directement à un message instantané ou effectuer un rappel lorsqu’on reçoit un e-mail.

Cela peut aussi servir pour afficher plus d’informations ou appliquer directement un changement dans une application sans y accéder.

On peut imaginer un grand nombre d’interactions possibles n’impliquant pas l’ouverture de l’application et permettant à l’utilisateur de se débarrasser rapidement de ses notifications.

Être plus proche de l’utilisateur

Lorsque l’on dérange l’utilisateur, il préférable de le faire avec légèreté et courtoisie. Lorsque la notification est envoyée par un BOT, qu’elle n’implique pas directement un autre utilisateur, il faut avoir un ton similaire à celui de l’homme. Il faut avancer ses propos de manière délicate sans trop allonger le contenu de la notification

Prioriser, mettre en avant et machine learning

Il va être très difficile de proposer des notifications avec la bonne information au bon moment pour l’utilisateur, cependant on peut à terme connaître ses préférences. Il est également possible de faire certaines concessions lorsque l’utilisateur va avoir une forte présence sur l’application, il risque d’engendrer plus de notifications que d’habitude et ainsi on peut prioriser pour éviter de le submerger.

Aussi il faut mettre en avant les informations qui importent l’utilisateur. En fonction de ses actions avec l’application on peut déterminer les fonctionnalités qu’il apprécie le plus, ainsi on peut mettre en avant les notifications en rapport avec ces fonctionnalités.

L’habitude des utilisateurs et leur sensibilité à ouvrir certaines notifications peuvent permettre d’améliorer l’affluence ainsi que le classement et le regroupement des notifications.

Grâce aux différentes réactions des utilisateurs, l’application peut améliorer son algorithme qui gère l’envoi des notifications, même si celles-ci impliquent un autre utilisateur. Les datas déterminent l’affinité entre l’utilisateur et ses contacts, elles peuvent prioriser certaines notifications par rapport à d’autres en fonction du contact impliqué. Quand Twitter nous annonce que deux personnes ont retweeté la même photo, si ces deux personnes ne sont pas des utilisateurs avec qui on interagit souvent, cette notification n’aura aucune valeur à nos yeux.

Conclusion

Finalement la notification représente un enjeu assez complet concernant l’expérience utilisateur. La récurrence, le profil utilisateur, la sérendipité, la pertinence d’information, l’interactivité, la sécurité… autant de critères qu’il faut prendre en compte pour avoir une expérience de la notification convaincante.

Il y a encore beaucoup à faire pour arriver à la notification du futur, cependant cette recherche se fera encore une fois grâce aux besoins et aux usages des utilisateurs.

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Publié sur Newflux

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Hugo VERMOT

UX Designer at @Marcelagency / Publicis #UserExperience #Storytelling #SocialMedia #AI