Assassin’s Creed Odyssey : « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. »

Un an après la sortie d’Origins, un épisode réussi sans être exceptionnel, Assassin’s Creed Odyssey se devait de proposer une narration suffisamment poussée et rythmée afin de valider le retour en force de la licence phare d’Ubisoft. Un défi de taille que l’éditeur français a su relever et qui nous rend optimiste quant à l’avenir de la saga.

Ce test a été réalisé sur une PS4 classique après avoir cumulé environ 80 heures de jeu. Toutes les campagnes principales ont été terminées ainsi que la quasi-totalité des missions secondaires et une grande majorité de quêtes annexes. Le test est garanti sans spoilers.

Teasé sur les réseaux sociaux quelques jours avant l’E3 2018, Assassin’s Creed Odyssey s’était présenté en profondeur lors de la conférence Ubisoft. Au programme notamment, l’enrichissement de la dimension RPG de la saga avec la création d’une histoire s’inspirant d’un monde évoluant en fonction des choix et actes du joueur. Une promesse risquée mais nécessaire afin de ne pas perdre les fans qui avaient été déçus du scénario proposé à travers le personnage de Bayek dans l’épisode Origins. Selon vous, l’éditeur français a-t-il relevé ce nouveau défi ? Malgré quelques défauts, la réponse est oui !

Êtes-vous prêts à explorer la Grèce antique ? (Capture PS4)

Alexios ou Kassandra ? Vos choix, leur histoire !

Dans Assassin’s Creed Odyssey, Ubisoft continue de remonter le temps en proposant une période de l’Histoire qui se déroule près de 400 ans avant l’épisode Origins. En effet, après avoir choisi son personnage, Alexios ou Kassandra, on se retrouve plongé en pleine Grèce antique déchirée par la Guerre de Péloponnèse. Fini le temps du bon medjay qui devait aider le peuple égyptien à se soulever contre le pharaon corrompu Ptolémée XIII. Désormais, vous êtes un misthios, autrement dit un mercenaire, et votre seul objectif est d’écrire votre propre histoire tout en remplissant vos poches de drachmes (la monnaie de l’époque). Bien évidemment, cela ne se fera pas sans heurts et votre périple, qui débutera de manière parfaitement linéaire, débouchera assez rapidement vers trois scénarios principaux explorant : le passé de votre famille, l’héritage de la Première Civilisation et les mystères entourant un culte secret sévissant dans toute la Grèce.

Vous l’aurez deviné, les développeurs n’ont pas fait dans la dentelle en proposant enfin une narration digne de la saga. Cela est dû entre autres à la présence de missions rythmées et bien écrites, un casting de personnages particulièrement inspiré mais aussi grâce à la présence d’un système de choix réussi. Certains de vos actes influeront sur la perception des PNJ à votre égard, au point de mettre à plusieurs occasions votre tête à prix à la manière d’un Grand Theft Auto, tandis que d’autres, que l’on espérait un peu plus nombreux, auront de vraies conséquences à long terme sur votre aventure. Il s’agit là d’un véritable atout pour renforcer l’immersion et pour donner un réel intérêt à effectuer les très nombreuses quêtes secondaires disponibles en cours de partie.

Certains choix auront des conséquences (à gauche) tandis que d’autres vous permettront d’obtenir de précieuses informations. (à droite) (Capture PS4)

Toutefois, c’est la première fois que les développeurs se risquent à cet exercice et certaines maladresses semblent avoir échappées à leur vigilance. Ainsi, on notera que les différentes fins apportent plus de questions que de réponses et manquent de liens entre elles. Par moment, le doublage audio français est inégal. Sachez également que les romances manquent cruellement de finesse, au point d’être parfois pires que celles de Mass Effect Andromeda. Enfin, malgré quelques batailles épiques, on regrettera que la mise en scène soit trop classique pour pleinement nous satisfaire. Par exemple, on aurait aimé que la réalisation trouve son inspiration dans l’univers des péplums (Gladiator, 300) comme Spider-Man a su si bien reprendre les codes des grands blockbusters hollywoodiens.

Explorez la Grèce, c’est bon pour le moral !

Bienvenue à Sparte ! (Capture PS4)

Quelle que soit la superficie du monde ouvert, l’exploration a toujours été un point clé de la licence Assassin’s Creed. Toutefois, cette dernière se reposait un peu trop sur son système de points de synchronisation. Dans les épisodes précédents, il suffisait de grimper au sommet d’un bâtiment historique marqué d’un logo en forme d’aigle, comme par exemple la cathédrale Notre-Dame dans Unity, pour afficher sur la carte tous les lieux à visiter dans la zone où l’on se trouvait. Un mécanisme logique et utile pour les open-world modestes mais qui a révélé ses limites dans Origins. Pour rappel, le jeu proposait de découvrir les moindres recoins de l’Egypte. Le terrain à couvrir était donc très vaste. Problème, si on décidait de faire l’impasse sur certaines zones, on prenait le risque de manquer certaines quêtes secondaires, missions au combien nécessaires pour engendrer de l’XP et, ainsi, progresser dans l’aventure. Autant dire que, en plus d’être contraignant, ce mécanisme restreignait considérablement le sentiment de liberté vendu par Ubisoft.

Fort heureusement, ce point a été corrigé et amélioré dans Odyssey grâce au système de choix, déjà évoqué un peu plus tôt dans ce test, et le nouveau mode exploration. En choisissant ce dernier dès le début de la partie, les points de synchronisation ne vous dévoileront désormais qu’une quantité très limitée de lieux et d’informations. Par conséquent, ce n’est qu’en vous baladant méthodiquement dans les différentes régions de la Grèce antique ou en questionnant des PNJ, notamment dans le cadre des quêtes secondaires et annexes, que vous parviendrez à percer tous leurs secrets. Ceux-ci vous donneront la possibilité de récupérer de l’équipement, des matériaux et des drachmes. Il se pourrait aussi que vous tombiez nez à nez avec un mercenaire, le dirigeant d’une grande région, qu’il vous faudra tuer si vous souhaitez déclencher une bataille de conquête et faire pencher la balance de la guerre en faveur d’Athènes ou de Sparte, ou encore un membre du fameux culte mentionné dans la première grande partie de l’article. Mais ce n’est pas tout puisque, avec de la chance, il vous arrivera aussi de remplir un contrat de misthios dont vous ne soupçonniez même pas l’existence. Il ne vous restera alors plus qu’à parler au commanditaire pour obtenir votre récompense.

La reconstitution historique et géographique des lieux mythiques de la Grèce antique a été réalisée avec beaucoup de soin par Ubisoft. A gauche, l’Acropole d’Athènes et, à droite, le temple d’Apollon de Corinthe. (Capture PS4)

Vous l’aurez compris, le mode exploration est un atout indéniable du titre. En plus d’offrir un vrai sentiment de liberté au joueur, il met parfaitement en valeur la centaine d’heures de contenu du jeu. Il est important de noter que c’est aussi grâce à des graphismes de très grandes qualités et au soin grandiose apporté à la reconstitution historique et géographique des lieux qu’il est aussi agréable d’arpenter les différentes régions de la Grèce antique.

Combattre par défi, s’infiltrer par facilité

Repensé de fond en comble il y a un an, le système des combats atteint l’âge de la maturité dans Odyssey puisque, en plus d’acquérir des armes, arcs et autres pièces d’armures, qui bénéficient de statistiques uniques plus complètes, il est possible d’utiliser certaines aptitudes lors de vos affrontements. Celles-ci se débloqueront au fur et à mesure, en fonction de votre niveau d’expérience, et se répartissent, comme dans Spider-Man, en trois arbres de compétences bien distincts : Chasseur, pour les attaques à distance, Guerrier, lorsque vous devrez employer la force, et Assassin, pour éliminer vos adversaires discrètement. Plus que jamais, il faudra vous préparer soigneusement avant une mission car votre efficacité dépendra de votre équipement, de vos capacités et de votre façon de jouer. Notez au passage que, s’il est toujours possible d’esquiver une attaque adverse, vous ne pouvez plus vous équiper d’un bouclier pour vous protéger. Ce dernier a été remplacé par un mécanisme de parade assez difficile à maîtriser mais qui peut vous redonner rapidement l’avantage face à vos ennemis lorsqu’il est correctement utilisé.

En combat, les deux roues de compétences, situées en bas à gauche de votre écran, vous seront très utiles pour prendre l’ascendant sur vos adversaires. (Capture PS4)

Parfaitement équilibrés et intégrés au gameplay du jeu, les combats devraient amplement vous séduire, que vous soyez sur terre… ou en mer. Après un timide retour dans l’épisode sorti en 2017, les batailles navales connaissent un net regain de forme dans le titre de 2018. De nombreuses trières (aussi appelées trirèmes en latin) athéniennes, spartiates et pirates vogueront sur les eaux de la mer Égée. Vous devrez améliorer les stats de votre navire en augmentant, par exemple, les dégâts de vos javelots, en réduisant la durée de réutilisation de vos flèches ou encore en affectant des lieutenants spéciaux à votre équipage sous peine d’être rapidement envoyé par le fond.

Naviguer (à droite) et combattre (à gauche) sur les eaux de la mer Égée est un véritable bonheur. (Capture PS4)

Abordons maintenant une autre mécanique de gameplay d’Assassin’s Creed, souvent décriée : l’infiltration. Souffrant de nombreux ratés dans Origins, l’IA des ennemis d’Odyssey est, quant à elle, particulièrement stupide. Ainsi, il est relativement aisé d’éliminer des soldats sans se faire repérer. De nuit, on s’est même amusé à déclencher l’alerte dans un fort de haut niveau. Tous les gardes éveillés se sont fait massacrer pendant que les autres dormaient très profondément. Un peu trop peut-être ?

Vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais ça fait quand même deux bonnes minutes que l’on suit cet idiot partout où il va sans qu’il nous ait repéré ! (Capture PS4)

Des problèmes de finition toujours présents

Il est grand temps de mettre un point final à notre épopée grecque en mentionnant certains défauts toujours présents malgré les différents patchs déployés depuis la sortie du jeu. Nous noterons en priorité que les temps de chargement sont à la fois nombreux et, pour quelques-uns, anormalement longs puisqu’il faut parfois attendre jusqu’à 30 secondes pour continuer à jouer, voire déclencher le lancement d’une très courte cinématique. Beaucoup de bugs (freeze, collision, ralentissements) se manifestent également en cours de partie. Enfin, notons que le système de verrouillage d’un ennemi est placé sur la même touche que la caméra. En théorie, son placement paraît logique. En pratique, cette aide devient inutilisable dès que l’on affronte plusieurs ennemis puisqu’il lui arrive de rendre la caméra complètement folle.

Ce que l’on a aimé :

  • Les différentes missions principales constituent un véritable atout scénaristique
  • Le système de choix donne un réel intérêt à effectuer les très nombreuses quêtes secondaires disponibles
  • Le casting de personnages est très inspiré
  • Le soin apporté à la reconstitution historique et géographique de la Grèce antique est grandiose
  • Le mode exploration offre une sensation de liberté totale
  • Le système des dirigeants, des mercenaires et des adeptes et parfaitement intégré
  • Énorme durée de vie (il faut environ une centaine d’heures de jeu pour tout finir)
  • Les graphismes sont toujours d’aussi grande qualité
  • Le système combats/compétences est parfaitement équilibré et offre des affrontements sympathiques et techniques
  • Le retour au sommet des batailles navales
  • La clarté des différents menus du jeu
  • Enfin une OST bien mise en valeur !

Ce que l’on n’a pas apprécié :

  • Les différentes fins manquent de liens entre elles et elles apportent plus de questions que de réponses
  • Arc post-Desmond toujours aussi anecdotique
  • On aurait aimé que certains choix aient plus d’impact sur le monde qui nous entoure
  • Une mise en scène qui manque de panache
  • Quelques maladresses dans l’écriture des dialogues et la VF
  • Des romances qui manquent cruellement de finesse
  • Lock et caméra sur la même touche en combat
  • La stupidité de l’IA dans les phases d’infiltration
  • Des temps de chargements interminables et trop nombreux
  • Quelques bugs sont encore présents malgré les différents patchs déployés (freeze, collision, ralentissements)

Assassin’s Creed Odyssey est un très bon jeu, mis en valeur par des scénarios plaisants à suivre et un système de choix réussi. Le mode exploration offre une réelle sensation de liberté au joueur qui prend beaucoup de plaisir à évoluer dans les moindres recoins de la Grèce antique. Par ailleurs, celle-ci a bénéficié d’une reconstitution historique et géographique soignée. Cependant, les différentes fins apportent plus de questions que de réponses et manquent de liens entre elles. L’écriture de certains dialogues est maladroite et les romances auraient méritées beaucoup plus de finesse. Même si l’épisode 2018 souffre également de quelques problèmes de peaufinage, il parvient à décrocher haut la main le titre de meilleur opus de l’histoire de la saga. Et quand on sait qu’Ubisoft a décidé d’attendre au minimum 2020 pour sortir un nouveau chapitre de sa licence, on est en droit d’espérer qu’il sera encore meilleur qu’Odyssey. Au point de devenir la référence dans le genre action-RPG ? Et pourquoi pas !

17/20

Trailer “La Force du Choix” d’Assassin’s Creed Odyssey (Crédits: Assassin’s Creed FR/Youtube)

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PikaBlogMaster (Clément Mora - PikaDocMaster78)

Rédacteur contributeur Actugaming.net — Journaliste plurimédia à la recherche d'un emploi (Préférences : Sport et Jeux Vidéo) — Ex JVCom, Auto Plus, Wootbox