Ori and the Blind Forest : Un Metroidvania qui érige le jeu vidéo au statut d’art

Annoncé lors de la conférence Microsoft à l’E3 2014, Ori and the Blind Forest a su marquer les esprits de la presse et des joueurs grâce à sa direction artistique sublime, comparable aux plus grands films d’animation, et un univers digne des contes pour enfants, à la fois riche et variée. Lors de sa sortie le 11 mars 2015, cela s’est vérifié et le monde entier a salué le travail de Moon Studios sur un titre très proche de la perfection.

N’ayant acquis une Xbox One X (ma première console made in Microsoft !) que très récemment et souhaitant avoir accès à la meilleure expérience de jeu possible, c’est avec quatre ans et demi de retard que je vous propose ma critique d’Ori and the Blind Forest. J’ai eu l’occasion d’y jouer dans sa « Definitive Edition » (sortie un an après le jeu d’origine) qui apporte, par exemple, une nouvelle zone à explorer avec ses propres énigmes mais aussi de nouvelles musiques spécialement composées pour l’occasion. Au cas où certaines personnes n’auraient pas encore eu le titre entre les mains, l’article est garanti sans spoilers. Ce test a été rédigé après avoir terminé le jeu une fois à 85%, soit environ 10h de jeu. Comptez quelques heures de plus, 15 grand maximum au total, pour vous offrir le 100%. Toutes les captures d’écran présents dans cet article ont été réalisées sur Xbox One X.

La forêt de Nibel est un lieu majestueux peuplé de nombreux êtres vivants. Parmi eux, nous trouvons le fameux Ori, une petite créature blanche, similaire à un esprit sylvestre. Mais la tranquillité des habitants est troublée par un événement sans précédent. Kuro, une chouette géante s’empare de la lumière de l’Arbre des Esprits, ce qui réduit quasiment à néant toute forme de vie. Notre personnage est le seul survivant de cette tragédie. C’est pourquoi, une autre entité du nom de Seyn le trouve afin de réunir les trois fragments qui permettront de réparer les dégâts causés par le volatile. Mesdames et messieurs, installez-vous confortablement dans votre canapé, prenez votre manette et entrez dans le monde d’Ori and the Blind Forest.

Le jeu vidéo, c’est tout un art !

Le jeu vidéo est-il un art ? Mérite-t-il ce statut au même titre que le cinéma, la peinture ou encore la musique ? En France, le ministère de la Culture a décidé que ce serait le cas en 2006. Cinq ans plus tard, c’est au tour de la cour suprême des Etats-Unis de lui emboîter le pas. En 2012, le MoMA, le très célèbre musée d’art moderne de New York, inclus quatorze titres à sa collection d’œuvres. Parmi eux, nous y trouvons Tetris, Myst et même Portal. Oui, n’en déplaise à certains, le jeu vidéo est un art et Ori and the Blind Forest et là pour le prouver.

Qu’on se le dise, si le titre de Moon Studios n’avait, pour différentes raisons, jamais vu le jour, sa direction artistique lui aurait permis de se décliner en une grande collection de toiles. Les environnements sont d’une richesse, d’une beauté et d’une précision rarement égalée. Son univers mélancolique, à la fois sombre et coloré, pourrait être facilement utilisé afin de réaliser un long-métrage. Merci à l’histoire, aux personnages, à la mise en scène et à la qualité apportée aux animations prenant le joueur par la main pour ne jamais la lâcher. Quant à sa musique, composée en intégralité par Gareth Coker, elle aurait sa place dans un grand concert symphonique. Les moments de joie, de peine, de danger et de satisfaction d’avoir su aider la petite créature à atteindre son objectif sonnent toujours justes et bercent nos oreilles en permanence. Les émotions sont présentes et se ressentent du début à la fin. Et le plus incroyable, c’est qu’il ne faut pas attendre longtemps pour se rendre compte de toutes les qualités du jeu. Dès l’instant où l’écran titre apparaît, la forêt de Nibel s’ouvre à nous. Dans le casque, une douce mélodie nous invite à y entrer. En quelques secondes, on sait que l’on est sur le point de prendre une grosse claque et cela se vérifie tout au long de la partie.

Mourir avec le sourire

Ori and the Blind Forest est un platformer Metroidvania tout ce qu’il y a de plus classique et qui n’a absolument pas la prétention de révolutionner le genre. La carte se dévoile au fur et à mesure et, pour avancer, il faut explorer les moindres recoins de la forêt de Nibel, résoudre des puzzles et vaincre plusieurs types d’ennemis. Pour ce faire, la petite créature a à sa disposition tout un arsenal d’aptitudes déblocables en atteignant certaines zones ou en récupérant des points de compétences. Autre mécanique importante, des orbes vertes et bleus ont été disséminées un peu partout dans le jeu. Les premières restaurent et augmentent votre vie. Quant aux secondes elles influencent votre jauge « spirituelle ». En plus d’ouvrir certaines portes, elles permettent de générer des liens d’âme indispensables pour améliorer votre personnage et surtout ne pas perdre votre progression. Et oui, tout comme dans Celeste et Dead Cells, le titre de Moon Studios restreint les points de sauvegarde permanents et automatiques. Il adopte également un système de « die and retry ». Rassurez-vous, il n’est pas punitif à l’extrême, loin de là, mais certaines énigmes s’avéreront particulièrement retors et échouer sera parfois un mal nécessaire pour trouver le meilleur moyen de franchir un obstacle. Si cela peut s’avérer rapidement frustrant pour les joueurs les plus impatients et dont vous faites peut-être partie, sachez que la difficulté est parfaitement dosée. Notez aussi que le level-design a été conçu avec le plus grand soin et que plus on se rapproche de la fin, plus on sent Ori gagner en puissance. Autrement dit, mourir se fait avec le sourire.

La perfection incarnée ?

Après tant d’éloges, il convient de se poser la question suivante : Ori and the Blind Forest est-il exempt de défauts ? Non car aucune œuvre d’art n’est parfaite. Cependant, ils sont peu nombreux et n’impactent aucunement le plaisir de jouer. Si on veut vraiment chercher la petite bête (ou être de mauvaise foi ?), on pourrait reprocher, par exemple, que la caméra soit occasionnellement un peu trop éloignée de l’action ou encore que certains décors au premier plan cachent une petite partie de l’écran. Mais, on le répète, ces détails sont anecdotiques et ils n’ont pas une influence néfaste sur notre expérience dans la forêt de Nibel.

Trailer Ori and the Blind Forest — Definitive Edition (Source: Xbox/Youtube)

Ce que l’on a aimé :

  • Direction artistique riche et sublime
  • Lieux variés, sombres et colorés
  • Univers digne des plus grands films d’animation
  • Difficulté parfaitement dosée, le sentiment de progression est présent
  • Level-design soigné et réussi
  • Bande-son qui restera longtemps dans les mémoires

Si on veut vraiment être exigeant à l’extrême, on n’a pas apprécié :

  • Caméra un peu trop éloignée de l’action à de rares occasions
  • On peut être réfractaire quant à la présence de certains éléments du décor au premier plan qui cachent une petite partie de l’écran

Ori and the Blind Forest ne réinvente pas le concept du Metroidvania et ce n’est pas son objectif. Ce qu’il souhaite, c’est nous prendre par la main afin de nous faire découvrir son monde, son histoire, ses personnages, son ambiance à la manière d’un conte pour enfants. Le but est de passer un moment inoubliable qui nous marquera à jamais. S’inspirant directement de la peinture, du cinéma d’animation et de la musique, il remplit son rôle à la perfection. Une fois la partie lancée, on ne veut pas s’arrêter et, même lorsqu’elle est terminée, on a envie de recommencer et de replonger dans cette magnifique aventure. C’est la définition d’un chef-d’œuvre qui propulse le jeu vidéo au rang d’art.

20/20

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PikaBlogMaster (Clément Mora - PikaDocMaster78)

Rédacteur contributeur Actugaming.net — Journaliste plurimédia à la recherche d'un emploi (Préférences : Sport et Jeux Vidéo) — Ex JVCom, Auto Plus, Wootbox