A QUOI SERVENT L’OPEN DATA ET L’OPEN CONTENT ?

Le jeudi 27 juin ont eu lieu les rencontres IESA au 11 Conti — Monnaie de Paris. Créées il y a 2 ans en collaboration avec {CORRESPONDANCES DIGITALES], ces rencontres accueillent un parterre de professionnels (agences, institutions culturelles, universitaires) pour échanger sur différentes thématiques autour du numérique et de l’innovation dans le secteur culturel.

Cette année, 4 thèmes sont abordés :

Cet article propose de restituer les échanges de la deuxième rencontre sur les enjeux et limites de l’ouverture des données et des contenus dans le secteur culturel patrimonial. Il sera l’occasion d’interroger les usages qui favorisent cette ouverture et les freins ou limites auxquels se confrontent de telles politiques.

1. En introduction, une mise en perspective.

Présentation introductive réalisée par les étudiants de l’IESA.

En préambule de cette rencontre, une définition de l’open data et de l’open content est proposée. Le cadre juridique dans lequel ces politiques se sont développées est ensuite esquissé pour aborder plus avant différentes pistes d’usages auxquels l’ouverture de données et de contenus peut contribuer.

Cette introduction est aussi l’occasion de recenser une pluralité d’enjeux organisationnels, techniques, budgétaires ou psychologiques liés à la numérisation, à la mise à disposition et à la valorisation des données et contenus auprès des publics.

Pour évoquer ces différents points, la parole a donc été à :

Pour écouter le podcast de la rencontre, c’est ici :

Ecoutez le podcast de la rencontre

2. Antoine Courtin : Des usages de l’open data pour expérimenter, créer et faire de la recherche en histoire de l’art.

1:10 : Où Antoine Courtin évoque les différents types d’open data dans le champ des GLAMs.

Cette intervention est l’occasion de distinguer les différentes formes d’ouverture des données qu’elles soient d’usages, de collections ou liées à des contenus numérisés. Si quelques limites sont évoquées, la profusion d’images de mauvaise qualité sur le web engage nombre d’institutions à avoir une réflexion et une stratégie plus aboutie dans la mise en valeur numérique de leurs collections.

Une illustration révélatrice des propos d’Antoine Courtin par l’évocation du Syndrome de la laitière (cf. Tumblr évoqué lors de la rencontre).

7:59 : Où Antoine Courtin recense les apports de l’open data pour favoriser des usages créatifs, expérimentaux et de recherche en histoire de l’art.

L’ouverture des données des institutions culturelles peut contribuer à outiller l’histoire de l’art pour rechercher des images par l’image et non plus par les méta-données.

Un exemple d’application avec un moteur de recherche par l’image (cf. site du projet)

10:00 : Où Antoine Courtin partage quelques projets de l’Institut national d’histoire de l’art.

Différentes expérimentations mises en œuvre par l’Institut national d’histoire de l’art pour mettre à disposition des données là où les publics se trouvent sur le web (notamment, sur Wikimédia ou le portail des institutions).

Un des projets portés par l’Institut national d’histoire de l’art : le programme Images/Usages porté par l’INHA et soutenu par la Fondation de France, et en partenariat avec Wikimédia France.

En guise d’ouverture, l’intervention d’Antoine Courtin conclut sur le fait que si les institutions culturelles se mobilisaient pour déployer plus de projets d’open data, des couches informationnelles pourraient ainsi être constituées et enrichir les connaissances sur les objets et œuvres de collections. C’est notamment le pari réalisé par Paris Musées qui souhaite mettre en œuvre un projet d’open content d’ici à la fin de l’année.

3. Philippe Rivière : la mise en œuvre d’un projet d’open content pour Paris Musées.

17:02 : Où Philippe Rivière propose une réflexion sur comment l’on arrive à l’open content.

Créé en 2013, Paris Musées disposait déjà d’une base de collections existante. En mai 2016, un portail est lancé (284 000 œuvres en ligne en mai 2019).

Le portail de collections lancé en 2016 recense à ce jour près de 300 000 oeuvres

20:40 : Où Philippe Rivière évoque la disparition de la Parisienne de photo, agence photo de Paris Musées qui a incité l’établissement public à s’orienter vers l’open content.

La création d’une photothèque fusionnant les différentes bases de données (dont celle de la Parisienne de photos) et un travail de conviction en interne ont été nécessaires pour mettre en œuvre un projet d’open content sur les œuvres de Paris Musées dans le domaine public.

La disparition de la Parisienne de photographie à la source des réflexions de Paris Musées sur l’open content.

23:04 : Où Philippe Rivière aborde la nécessité d’accompagner la publication de contenus par une stratégie d’animation et de diffusion auprès des communautés et des publics en ligne.

Le versement des contenus ouverts se fera par étape à partir de janvier. Pour accompagner la diffusion de ces contenus, une stratégie d’animation au fil des versements sera réalisée auprès des communautés et de Wikimédia.

4. Michel Donval : diffuser les œuvres dans un cadre négocié pour préserver les droits des artistes contemporains.

27:07 : Où Michel Donval présente l’ADAGP.

L’ADAGP a pour but de gérer les droits d’auteurs des artistes plasticiens morts depuis moins de 70 ans et artistes contemporains vivants (soit, 13 000 artistes pour 11 000 auteurs vivants).

Le site de l’ADAGP

32:50 : Où Michel Donval précise, selon lui, la distinction qui doit être faite entre open data et content.

Une différence réelle existe entre l’open data et les travaux des artistes (plutôt du ressort de l’open content).

La logique de l’open data si elle se base sur une liberté de réutilisation des œuvres n’est pas envisageable pour une société de défense des œuvres des artistes.

En revanche, l’ADAGP souhaite, bien sûr, chercher des solutions pour œuvrer à la diffusion des œuvres des artistes dans un cadre négocié avec les institutions culturelles.

5. Xavier Cailleau : des avantages de wikimedia pour œuvrer aux biens communs.

43:04 : Où Xavier Cailleau met en avant le fait que les licences Creative commons servent d’abord à replacer l’auteur au centre.

Présentation réalisée par Xavier Cailleau dans le cadre des rencontres IESA du 27 juin 2019 sur l’open data. Pour les slides relatives aux projets toulousains : CC-BY Christelle Molinié et Shonagon.

Wikimedia travaille sur des œuvres déjà dans le domaine public mais la vraie question est la réutilisation de ces œuvres qui engagent cette notion de bien commun et de culture commune.

En 2001, Wikipedia, l’encyclopédie libre est créée. Wiki data, base de connaissances, dernier né de apparait en 2012 et fait le lien avec tous les projets Wikimedia.

45:12 : Où les enjeux et limites d’open data et d’open content méritent une clarification.

On ne peut plus parler d’open data sans parler d’open content car désormais les données sont associées à des images.

49:03 : Où les avantages de Wikidata sont essentiels.

19 000 contributeurs et institutions culturelles sont actifs sur Wikipedia. 20 000 le sont sur Wikidatade, et ce, de partout dans le monde. Ils participent ainsi à la diffusion internationale des contenus qui y sont publiés. Le versement des images permet aussi de les éditorialiser, d’en faciliter la mise à jour et de participer aux biens communs en mettant l’utilisateur au centre du process.

51:59 : Où la stratégie d’open content de Toulouse est partagée.

Les partenariats se sont faits au fil de l’eau depuis 2009, chaque musée a pu développer des projets en commun.

1:48 : Où les Archives nationales abandonnent leur redevance pour mettre en place une politique d’open content.

En 2017, les Archives nationales ont décidé de mettre de côté le principe de redevance pour mettre en place une politique d’open content, véritable enrichissement pour l’institution et les utilisateurs.

7. En guise de conclusion

Un sujet technique mais aussi passionnant car les applications sont variées pour contribuer tant à la documentation qu’à la recherche mais aussi pour les institutions culturelles de mettre en place des logiques contributives et collaboratives avec leurs publics. L’open data s’orientant de plus en plus vers de l’open content, les informations sur les contenus ouverts s’enrichissent de plus en plus par, notamment, la mise à disposition d’images et l’abandon du droit de redevance de certaines institutions culturelles. Si l’open content se concentre principalement sur les œuvres tombées dans le domaine public, la protection des droits des artistes contemporains nécessite, néanmoins, un cadre négocié de diffusion. Pour ces différents projets, le rôle de Wikimédia est particulièrement important et favorise l’éditorialisation des contenus, l’animation des contributions et l’internationalisation de leur diffusion.

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