Les MooCs sauveront-ils l’éducation ?
Si vous décidiez de rentrer au hasard dans un amphi d’université ou une salle de formation professionnelle, il y a de fortes chances que vous tombiez sur une foule ressemblant fortement à celle sur la photo ci-contre, les ordinateurs et smartphones en plus (voir mon autre billet sur le sujet) 😉
En effet, à l’heure de l’Internet haut-débit, de l’entertainment et du multi-écrans, on peut sérieusement se demander quel intérêt d’avoir un modèle principal d’éducation basé sur la transmission de savoirs et compétences d’une personne (le professeur) vers une foule de personnes (les élèves) situés géographiquement dans la même salle, surtout lorsque cette transmission n’est ni ludique, ni participative. La frustration est même à son comble lorsqu’on sait qu’il existe des professeurs exceptionnels, capables de partager leur savoir de manière ludique et participative, malheureusement situés dans une autre université, voire dans une autre pays.
MooC à la rescousse
Si l’on part de ce constat, comment donc ne pas voir dans les MooC, ces formations en ligne ouvertes à tous, une extraordinaire solution aux problèmes de l’éducation cités plus haut ? Grâce à la technologie, j’ai maintenant accès à des cours ludiques (comme ceux de Khan Academy), sur tous les sujets possibles (Udacity propose un cours pour devenir ingénieur en voitures autonomes), dispensés par les meilleurs professeurs du monde, sans avoir à quitter mon fauteuil ! Des quelques cours disponibles çà et là sur Internet il y a 8 ans aux près de 5 millions de cours disponibles aujourd’hui (voir ci-dessous), les MooCs ont fondamentalement transformé le paysage éducatif mondial.
Pourtant, malgré un public de plus de 35 millions de personnes à travers le monde en 2015, les MooCs ne représentent pas la seule et unique alternative aux cours académiques. Au contraire, il serait dangereux de s’y limiter exclusivement.
La formation présentielle est morte, vive la formation présentielle
Permettez-moi un parallèle avec une industrie assez proche de celle de l’éducation : la gastronomie (en effet, si la gastronomie nourrit nos estomacs, l’éducation nourrit notre esprit 😊). Si vous allez au restaurant et que vous avez un service détestable alors que de l’autre côté, en commandant des repas à domicile vous pouvez avoir de la nourriture dans un environnement confortable, sans avoir à sortir de chez vous, arrêteriez-vous complètement d’aller au restaurant ? Certaines personnes répondraient oui mais la majorité préfère continuer à aller au restaurant car il existe des restaurants où la nourriture est exceptionnelle, où le service est chaleureux et où l’expérience globale surpasse de loin la livraison de repas à domicile.
De la même manière, si l’expérience de formation présentielle est actuellement mauvaise, il ne faut pas la supprimer mais la changer en profondeur et la démocratiser au maximum (comme nous essayons de le faire à STUDIIO). Mais pourquoi insister sur la formation présentielle ? Selon moi, pour deux raisons :
- Premièrement, pour peu que l’expérience de formation intègre complètement la participation active des étudiants/participants, celle-ci permet de développer le sens de la collaboration, une compétence de plus en plus demandée par les entreprises (voir cet article du Forum Economique Mondial) ;
- Deuxièmement, la formation présentielle permet de travailler autant (voire plus) sur l’attitude que sur l’acquisition des compétences. En effet, si l’acquisition de nouvelles compétences (notamment numériques) est primordial aujourd’hui, accepter leur utilisation, voire savoir la remettre en question de manière argumentée, sont toutes des attitudes difficilement transmissibles de manière asynchrone.
La troisième voie
Bien entendu, le but de ce billet n’est absolument pas d’opposer formation en ligne et présentielle mais plutôt de proposer des pistes de réflexion sur le futur de l’éducation. Les cours en ligne restent un support pédagogique extraordinaire grâce notamment au pouvoir ludique de la vidéo et surtout à la possibilité de pouvoir revoir un cours où on veut et autant de fois que l’on veut. Les cours en présentiel, pour peu que l’expérience pédagogique soit optimale, vont également persister grâce à leur capacité à créer des connexions fortes entre les êtres humains présents. La prochaine étape ? Peut-être le mix des deux dans des systèmes d’hologrammes et de réalité augmentée, mais çà, c’est une autre histoire 😊