Maternités, les grandes oubliées du plan santé 2022

Le projet de loi santé présenté par Agnès Buzyn, ce mercredi 13 février en Conseil des ministres, prévoit notamment la création d’hôpitaux de “proximité”. Problème, les maternités, de moins en moins nombreuses, ne sont pas concernées.

Emilie Henny
3 min readFeb 13, 2019

À Creil, les femmes ne peuvent plus accoucher. Depuis le 28 janvier, elles se rendent dans la maternité voisine à Senlis, à 20 minutes en voiture. Une situation qui se répète ces dernières années. Avec la fermeture de nombreuses maternités, un désert obstétrique s’est dessiné. Un sujet absent du projet de loi Santé présenté ce mercredi par la ministre de la Santé et des Solidarités, Agnès Buzyn.

Télé-médecine, labellisation d’hôpitaux de proximité, régularisation des médecins étrangers, suppression du numerus clausus en médecine…Pour résoudre la problématique des déserts médicaux, les mesures de la ministre se multiplient. Mais toujours rien pour les services de maternité.

Deux tiers des maternités fermées en moins en 40 ans.

Si le nombre de naissance est relativement stable depuis 1975 — environ 800 000 naissances par an — le nombre des maternités, lui, s’est effondré. Il y a 40 ans, les femmes pouvaient accoucher dans plus de 1369 établissements, en France métropolitaine. Selon la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), ils n’étaient plus que 498 en 2016. Plusieurs services ont fermés depuis, comme à Decize en Bourgogne ou encore Clermont de l’Oise en Picardie.

Inégalité territoriale

Le maillage territorial des maternités est bouleversé par ces multiples fermetures. Aujourd’hui, 160 000 femmes en âge de procréer habitent à plus de 45 minutes d’une maternité. La disparité s’aggrave en fonction de la technicité du service de maternité. La Corse, par exemple, est dépourvue de maternité spécialisée dans les grossesses à haut risque (type III). Ces établissements offrent un service de réanimation néonatale, nécessaire en cas de complications médicales.

Mais, maintenir à tout prix les petites structures fait aussi débat. L’existence de maternités de type I avec une faible activité, interroge des professionnels de santé. Certaines, en particulier en zones rurales, enregistrent moins d’un accouchement par jour. Le manque de personnel médical et l’éloignement des établissements de type II et III, peut constituer un risque en cas de complications lors de l’accouchement dans ces petites structures, selon les signataires d’une tribune publiée dans Le Monde. Un appel à la réflexion sur l’avenir et la pérennité des maternités de proximité en France.

Alizé Boissin, Emilie Delwarde, Emilie Henny.

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