Vaincre la peur de l’architecture!

G99
7 min readApr 24, 2018

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En 2004 l’école de La Cambre organisait une réflexion collective sur la qualité architecturale à Bruxelles et en Wallonie, intitulée “Qui a peur de l’architecture?”. La récente charge du MR contre le Bouwmeester bruxellois nous rappelle que, 15 ans après, les initiatives visant à élever le niveau de l’architecture font toujours trembler les tenants du statu quo.

Bruxelles reste une ville marquée par une production architecturale largement dominée par l’initiative privée et majoritairement réalisée par un cercle restreint d’architectes inféodés au secteur de l’immobilier. Une création massive de bâti dont la dimension architecturale est trop souvent réduite à une valeur d’ajustement dominée par des paramètres quantitatifs, normatifs et financiers.

Le Bouwmeester (poste créé par la Région pour orienter la politique architecturale à Bruxelles) part de ce constat et tente d’établir un nouvel équilibre en s’appuyant sur deux types de procédures. Premièrement en organisant des concours. Ensuite en s’appuyant sur la “chambre de qualité”. Ces deux outils sont, avec leurs imperfections, les meilleurs garants actuels d’une élévation du niveau de qualité de la production architecturale publique et privée, ce que nous nous proposons d’étayer.

Ouvrir l’accès à la commande
Un bâtiment est un acteur de la ville avec une influence considérable sur son environnement et une durée de vie souvent plus longue que ses initiateurs. Il affecte avec force les personnes qui vont l’habiter et le côtoyer. Il peut contribuer à la qualité du paysage urbain et à son identité. Il peut participer d’une équité entre les usagers de la cité. La sélection d’un auteur de projet qui pourra s’élever à la hauteur de ces exigences ne peut se prendre à la légère.
Pour aider les maîtres d’ouvrage dans ce choix délicat, le Bouwmeester privilégie la procédure du type concours, soit la sélection d’un bureau d’architecte sur base d’une esquisse de projet dont les qualités architecturales sont appréciées par un comité d’avis composé d’un panel d’acteurs engagés par le futur bâtiment.

Cette procédure qui démocratise l’accès à la commande est désormais classique pour les projets publics. Elle a fait ses preuves à travers de nombreux projets, certains reconnus internationalement. Elle reste cependant encore exotique pour les projets privés. Il est étonnant que le choix d’un projet sur base de ses qualités plutôt que sur des paramètres comptables, et celui d’un architecte pour son habileté plutôt que pour son affiliation à un cercle d’influence, ne tombe pas encore sous le sens pour tous.

Mettre l’architecture au cœur des débats
A Bruxelles, permettre une sélection ouverte d’un projet et de son architecte n’est pas une garantie suffisante à assurer sa qualité. Cette ville se caractérise par une complexité administrative apte à épuiser les plus endurcis. Une complexité qui voit souvent l’architecture prise au cœur de marchandages dominés par les questions de procédures, de jeux politiques ou l’attente des bonnes ondes du marché.

Porte de Namur, avant/après.

Pour permettre au projet de ne pas se fourvoyer en cours d’élaboration, la Région a mis en place une “chambre de qualité”. L’exercice périlleux de cette assemblée composée des acteurs publics concernés, des maîtres d’ouvrages et de leurs architectes est de tenir le projet d’architecture et ses ambitions au cœur des débats. Il ne se substitue pas aux garde fous réglementaires, juridiques et normatifs mais propose un espace où chacun se met au service du projet. Où, malgré la difficulté de l’exercice, des acteurs osent évoquer la maîtrise d’une implantation, la générosité d’un rapport à l’espace public, la pertinence d’un programme, la subtilité d’un choix de matériaux, et surtout la capacité d’un bâtiment à représenter un projet de ville commun.
A nouveau on peut s’étonner que certains souhaitent l’abrogation de ce lieu d’implication collective visant l’amélioration des projets au profit d’instances de décisions qui continuent de fabriquer, dans une opacité entretenue, l’environnement chaotique et de plus en plus inégalitaire qui caractérise notre région.

Alors faut-il avoir peur de l’architecture ?
Ces évolutions nécessaires sont aujourd’hui remises en cause. Que l’on taxe ces nouvelles procédures de “ peu transparentes “ pour privilégier les anciennes pratiques où les promoteurs confient dans des salons feutrés leurs projets aux grandes agences installées est absurde. Et de toute façon, de quoi ont-ils peur ? Que Madame Teitelbaum (MR) se rassure, les 1% sont loin d’être en danger. Le nombre de projets concernés par ces procédures ouvertes est infime au regard des centaines de milliers de mètres carrés conclus par simple consanguinité.

Par ailleurs n’est-il pas un peu vain d’opposer “grands bureaux ” et “petits bureaux”? Les petits bureaux d’architecture, ces 99% du secteur de la création, sont des dizaines de petites PME, souvent bruxelloises, composées majoritairement d’indépendants, qui bénéficient grandement de l’ouverture du marché générée par les procédures de concours. Il s’agit donc d’un outil important de stimulation d’un secteur économique, potentiellement créateur d’emplois, et ces PME pourraient s’attendre à voir dans le monde politique un allié objectif plutôt que le défenseur de logiques de monopoles. Un combat réformateur digne à mener ne serait-il pas plutôt de s’assurer que la mise en concurrence soit faite dans des conditions financières qui ne mettent pas en péril les économies fragiles de ces structures émergentes ? Ou encore de veiller à ce qu’un projet de ville précède les concours afin que Bruxelles ne se réduise pas à une simple suite d’architectures glorieuses et solitaires ?
Il y aurait bien des raisons de craindre les architectes et de se méfier de l’architecture, Bruxelles en est la preuve bâtie. Cependant arriver à dépasser les corporatismes, stimuler la réflexion architecturale, assurer sa mise en discussion et quitter des décennies de ronronnement doivent nous aider à vaincre nos peurs. La qualité des projets réalisés ou en cours sous l’égide des deux premiers Bouwmeester bruxellois constitue un indice rassurant. Le fait que des acteurs immobiliers d’importance fassent appel à ses services de plus en plus souvent en est une preuve supplémentaire.

Nicolas Hemeleers — juriste et urbaniste
Thierry Decuypere — architecte, enseignant à la Faculté d’architecture de l’ULB

Liste des soutiens

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