Le 21 mars dès 13h, un débat un peu particulier placera les cinq principaux candidats à la présidentielle face à leurs électeurs… et à l’ensemble du monde vivant.
Sur l’initiative de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité et de l’association Humanité et Biodiversité , la Maison des Océans accueillera une rencontre ouverte au public, invité à se pencher sur la question suivante:
Et si l’effondrement de la biodiversité était plus grave que le changement climatique ?
A 6 semaines du premier tour, est-ce bien sérieux? Face à la crise de l’emploi, aux tensions sociales, ou à la menace terroriste, la biodiversité semble un sujet cosmétique, oublié par une campagne où les luttes politiciennes ont de toute façon volé la vedette aux débats de fond.
Et pourtant. Les pandas ne sont pas là pour faire joli. Comme le rappelle la FRB dans un vibrant appel aux candidats, la sécurité alimentaire et l’avenir médical de l’humanité reposent sur une biodiversité dynamique. Celle-ci joue également un rôle essentiel dans la régulation du climat, un enjeu sur lequel les candidats se savent désormais attendus.
Or, croulant sous les pressions que l’activité humaine fait peser sur lui — dégradation et fragmentation des habitats, surexploitation des espèces, invasions exotiques, pollution chimique… — le monde vivant accuse le choc.
Dans l’édition 2016 de son rapport Planète Vivante, largement relayée par les médias, le WWF se fait le prophète de l’anthropocène: la 6e extinction massive du vivant a déjà commencé. L’Indice Planète Vivante contrôlé par le WWF enregistre un déclin exponentiel tant du nombre d’espèces que d’individus. Tous milieux confondus, les seuls vertébrés ont ainsi chuté de 58% entre 1970 et 2012.
Déclencheur de la crise, l’Homme ne saurait tarder à en être victime. Le réchauffement climatique et l’effondrement de la biodiversité, deux phénomènes qui s’entretiennent l’un l’autre, menacent directement . La seule montée des eaux, en cas de réchauffement de plus de 2°C, pourrait créer plus de 500 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050, d’après l’Environmental Justice Foundation. Ce qui devrait suffire à faire du développement durable une politique de gestion des risques plutôt qu’un vernis éthique.
Au-delà de ce constat alarmiste, des solutions opérationnelles existent; Humanité & Biodiversité a ainsi formulé dix propositions pour le prochain quinquennat. Mieux connaître la biodiversité — de la recherche à la sensibilisation des citoyens, renforcer les espaces protégés mais aussi les trames vertes et bleues, intégrer la biodiversité aux politiques énergétique et alimentaire, tout en favorisant l’emploi et le tissu économique local…
Loin d’une politique de niche, ces recommandations s’inscrivent dans une perspective globale de transition écologique porteuse d’emploi et de cohésion sociale. Mobilisant une volonté politique profonde, elle doit renforcer plutôt que divertir des ressources consacrées aux thèmes principaux de la campagne — emploi, pouvoir d’achat, sécurité, crise identitaire, participation citoyenne.
Les acteurs mobilisés par le débat n’ont d’ailleurs rien d’une minorité d’écologistes idéalistes. L’alarme lancée sur la disparition des abeilles a amorcé une prise de conscience citoyenne sur l’ampleur des enjeux liés à la biodiversité et aux services écosystémiques, au-delà du sort des grands mammifères emblématiques et menacés. Les contributeurs habituels de la FRB — chercheurs, entrepreneurs, acteurs associatifs — mais aussi responsables politiques, étudiants, média, et citoyens sont attendus au RDV du 21 mars comme du 7 mai.
Reste à savoir si les présidentiables se sont, eux aussi, saisi de l’enjeu. Ou du moins leurs portes-parole, puisque ni Mme Le Pen, ni MM. Fillon, Macron, Mélenchon et Hamon ne se déplaceront personnellement.
RDV le 21 mars dès 13h à la Maison des Océans, 195, rue Saint Jacques, Paris 5e. Inscription ici.