« Le facteur humain au cœur de l’innovation »

LOUIS ZERO
3 min readAug 26, 2019

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Depuis près de quinze ans, Sarah Goldberg secoue le monde de la création. Elle est à l’origine de multiples événements qui sont autant d’occasions d’échanges et de transversalité entre artistes et créateurs. En 2013, elle s’est tout naturellement tournée vers l’univers des Fablabs et des makers et, depuis, elle participe à des projets de grande ampleur autour de la fabrication numérique.

Dans le cadre de notre série consacrée aux fablabs comme catalyseurs de créativité, Sarah nous raconte son parcours et replace l’humain au cœur de l’innovation.

Louis Zero : Bonjour Sarah. Que faites-vous aujourd’hui et où en sont vos projets ?

Je partage mon temps entre trois principaux projets :

  • Bagel Lab, structure que j’ai créée il y a quatre ans et dont la mission est d’opérer le maillage des nouveaux outils numériques avec les métiers d’art et d’artisanat.
  • Matières, société de conseil en AMO (assistance à la maîtrise d’ouvrage) que j’ai co-fondée avec quatre associés en 2019. Nous intervenons en amont auprès de lieux émergents qui souhaitent créer des espaces de fabrication.
  • Et Fab City Grand Paris dont je suis la secrétaire générale.
© Elodie Le Floch

Louis Zero : D’où vient votre intérêt pour les Fablabs ?

Mon intérêt pour les Fablabs remonte à l’époque où j’ai créé « Be My Toys », le premier festival art toy en France. Je souhaitais proposer des solutions aux créateurs qui n’avaient pas les moyens de passer par l’industrie traditionnelle. J’ai alors entendu parler de l’impression 3D et, de fil en aiguille, j’ai rencontré des responsables de fablabs et des makers. L’idée de Maker sur Seine, le premier artlab de la capitale, a germé. Je l’ai réalisée fin 2013 et depuis, j’ai monté Bagel Lab dans le même objectif.

Louis Zero : En quoi les fablabs sont-ils vecteurs de créativité ?

En premier lieu parce qu’ils font sauter de nombreuses barrières, techniques et psychologiques, qui entravent l’innovation. Travailler à côté d’autres makers est très enrichissant et déjà formateur en soi.

Par exemple, en entrant dans un Fablab, la plupart des créateurs sont intimidés par les outils numériques. Puis très vite, en observant d’autres travailler, ils dépassent leurs peurs et conçoivent des solutions qu’ils n’auraient pas entrevues autrement. Ces deux aspects ouvrent le champ des possibles et libèrent la créativité.

Louis Zero : Qu’en est-il de la collaboration au sein d’un lab ?

© Nadia El photography

Le partage et les échanges sont bien entendu essentiels mais, il ne faut pas se voiler la face, les collaborations fructueuses ne naissent que si elles sont provoquées par ceux qui sont à l’initiative des labs, s’ils mettent en place des dispositifs pour les générer. Il ne suffit pas de rassembler des individus autour de machines, aussi sophistiquées soient-elles, pour qu’une émulation créative surgisse comme par magie. Le facteur humain reste donc essentiel. Les responsables d’un lab impriment leur état d’esprit au lieu et il faut du talent, des idées et des méthodes pour comprendre comment se font les connexions.

Louis Zero : Comment voyez-vous l’avenir des Fablabs dans les villes ?

Ils sont amenés à s’y multiplier pour au moins une raison : la nécessité de relocaliser la production. C’est le défi que se sont lancées les 28 villes constituant aujourd’hui le mouvement Fab City en se fixant pour horizon d’être auto-suffisantes à 100% d’ici 2054 grâce aux fablabs.

Pour le quatrième et dernier volet de cette série sur les Fablabs et les makerspaces, nous iront voir du côté des entreprises : comment s’inspirent-elles de ces lieux de création et d’innovation ?

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LOUIS ZERO

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