L’interview de la chope #3 : Les Éveillés dansent pour les réfugiés

Les Journalopes
4 min readDec 1, 2016

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Tous les 15 jours, rencard avec une personnalité qui se bouge, et nous inspire. Notre crush professionnel du moment.

Cette semaine chez Les Journalopes, on a repéré un tout jeune collectif de bénévoles avec un nom qui nous parle : Les Éveillés. Leur concept est simple : organiser des soirées payantes dans des clubs parisiens dont la totalité des bénéfices sont reversés à des associations d’aide aux réfugiés. La fondatrice Océane, 25 ans, assume l’image d’initiative « bobo ». Avec un argument pragmatique : sur le terrain, les assos ont besoin d’argent.

Allier clubbing et aide aux réfugiés : tu nous expliques comment tu as eu l’idée ?

Quand j’étais en école d’architecture, j’ai décidé de faire un centre de réinsertion pour les SDF pour mon sujet de diplôme. Du coup, je me suis intéressée aux structures d’accueil et à force de faire des recherches, je me suis retrouvée à Stalingrad sur le campement de migrants. A la fin, je passais ma vie là-bas. J’ai terminé mes études et je n’avais aucune envie d’entrer en agence. Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour continuer à aider les réfugiés. Je suis quelqu’un qui fait beaucoup la fête. Alors je me me suis dit que ça pouvait être un bon moyen de trouver de l’argent facilement pour le reverser aux assos. Je me suis entourée de gens du milieu de la nuit et on est désormais une vingtaine dans le collectif, tous bénévoles.

Comment ça marche ?

En gros, on fait des deals avec les clubs. Le premier, c’est le Zig Zag, près des Champs-Elysées. J’ai été surprise de leur accueil quand je suis allée les voir, je m’attendais plutôt à ce qu’ils se foutent de ma gueule ! Mais dans l’équipe, il y avait un directeur artistique très engagé auprès des réfugiés qui a vachement porté le projet, Eric Labbé. Pour notre première soirée, le 6 janvier 2017, ils nous laissent le club : on prend 100% des entrées à 20 euros la place et eux gardent le bar. Il y a d’autres boîtes avec lesquelles on est en discussion qui sont aussi prêtes à s’engager. Les DJ, on leur paye le billet de train mais c’est tout : pas de dîner avant et ils viennent jouer gratos. Ensuite, l’argent est donné à deux associations. Il y a le Collectif parisien de soutien aux exilé-e-s (CPSE), dont je fais partie comme bénévole et qui est une association de terrain qui s’occupe notamment de la distribution de nourriture. Il y a aussi La Chapelle Debout, plus politisée, qui va payer les avocats. On n’y pense pas forcément mais il y a plein de choses à payer au quotidien, comme le photomaton pour les photos d’identité en vue d’une demande d’asile, pour ne citer qu’un exemple.

Est-ce que c’est pas un peu gênant que des petits jeunes aisés aillent danser pour les réfugiés pendant qu’eux dorment dehors ?

On l’assume totalement : notre seul but, c’est de faire de l’argent pour les associations. On en a besoin, on est en galère sur le terrain. Ça ne me gêne pas que des jeunes aisés viennent dépenser leur argent dans le club, ça me va autant que des gens engagés ! Faire des goûters de solidarité à Stalingrad, ça rassemble 100 personnes à tout casser. Dans un club, tu montes à 2000. En une soirée, tu fais un an de bénéfices. Puis l’idée c’est quand même d’éveiller les consciences. Je suis écœurée du discours ambiant sur les réfugiés et ça me choque de voir des gens de notre génération qui ne sont même pas au courant de la situation, alors que ça se passe en bas de chez eux. Les soirées, c’est une bonne manière d’approcher les jeunes. Si t’en as un peu rien à foutre mais que tu fais la démarche d’aller dans ce club-là, ça veut dire que tu soutiens un minimum la cause.

La prochaine soirée des Eveillés, c’est le 6janvier prochain. Event Facebook par ici.

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