Qu’attendre du rouble ?

MEF Moscow
3 min readOct 2, 2020

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La chute « saisonnière » du rouble russe s’est poursuivie pendant la totalisé du mois de septembre et pose de sérieuses questions sur la fiabilité à long terme de la devise russe. La chute va-t-elle se poursuivre ? La banque centrale russe doit-elle, et peut-elle, intervenir ? Éléments de réponse, d’après Forbes.ru

Les raisons de la chute

Spécificité russe, le rouble connaît des fluctuations saisonnières assez régulières. Ces vingt dernières années, son cours a chuté presque systématiquement en juillet-août. Selon les analystes de JP Morgan, la corrélation est à chercher du côté des dividendes aux actionnaires, versées à cette période de l’année. Cette année, la vague est d’autant plus importante que, malgré une conjoncture économique particulièrement délicate, les entreprises russes n’ont pratiquement pas réduit les dividendes à leurs actionnaires. De plus, sur 40 milliards de dollars versés, environ 8 milliards le sont à des investisseurs étrangers, enclins à préférer les devises étrangères.

La levée des mesures de confinement à Moscou et dans le reste du pays, accompagnée d’une reprise de l’activité des entreprises, provoque elle aussi une hausse des importations, et donc de la demande de devises étrangères. Dans le même temps, l’accord OPEP+ est entré en vigueur et réduit de 15 % la production russe de pétrole.

Plusieurs facteurs géopolitiques sont également à prendre en compte : le risque accru de nouvelles sanctions étrangères, les menaces pesant sur le projet North Stream-2, et récemment l’instabilité régionale provoquée par le conflit du Haut-Karabakh.

En septembre, cette chute, jusque-là contre-cyclique, s’est associée à la dégringolade générale des marchés sur fond de seconde vague de la pandémie de coronavirus. Les « facteurs saisonniers » sont également toujours actifs : Sberbank, par exemple, a annoncé des dividendes record début octobre.

L’action de la Banque Centrale

Le scénario le plus probable est une hausse continue de la pandémie et de nouvelles restrictions. Celles-ci provoqueront sans doute une fuite des capitaux des marchés émergents, y compris la Russie, et probablement une nouvelle chute, limitée, des cours du pétrole. Les exportations, et la règle d’or budgétaire selon laquelle la banque centrale vend des devises en cas de chute de ces cours, assureront de leur côté des entrées de devises régulières. Les importations devraient se contracter sous le double effet du ralentissement de l’activité et de la chute du rouble.

La réaction de la Banque Centrale russe jouera un rôle essentiel. Si, en même temps que les investisseurs étrangers, les clients des banques se détournent du rouble, elle sera contrainte d’accélérer ses ventes de devises pour assurer la stabilité financière du pays.

Il est probable que dans les jours à venir, le dollar se lance à l’assaut de son précédent maximum historique de 81,5 roubles ; puis retombe doucement en-dessous de 75 roubles d’ici à la fin de l’année sous l’effet de la réaction de la banque centrale. Les réserves d’or de cette dernière sont immenses (590 milliards de dollars), hors de proportion avec les sommes nécessaires pour soutenir le cours du rouble. Il serait absurde de ne pas les utiliser. Dans le cas contraire, il est probable qu’une proportion importante des roubles en circulation seront converties en devises étrangères ; mais un tel scénario est très peu probable, sauf influences extérieures de l’ordre du séisme politique.

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