Frédéric et sa compagne, Alice, se promènent dans le port de Sète. L’odeur de la mer, le cri des goélands, le ballottement des chalutiers amarrés aux pontons, l’odeur de friture embaumant l’air d’un parfum que ne connaissent pas les habitants du Nord. Midi approche. Ils se mettent à la recherche d’un restaurant.
Alice — Imagine…
Frédéric — Houlà, je te sens venir avec tes histoires morbides.
Alice — Maaaais nooooon…
Frédéric — Mmmh… D’accord, raconte.
Alice — Imagine une pratique qui consisterait à capturer des gens dans la rue, à les mettre dans un énorme filet où ils seraient entassés jusqu’à écraser ceux du fond, à les jeter dans un camion en les privant d’oxygène pour les asphyxier, puis à les décharger sur un plateau roulant pour leur couper la tête.
Frédéric — Ce serait horrible !
Alice — Je suis d’accord. Mais imagine qu’en fait, ces gens ont la peau recouverte d’écailles.
Frédéric — Euh… quoi ?
Alice — Ils ont la peau recouverte d’écailles.
Frédéric — Qu’est-ce que ça change ?
Alice — Je ne sais pas, à toi de voir. Imagine aussi qu’ils ont des nageoires à la place des mains.
Frédéric — Je ne vois pas où tu veux m’emmener.
Alice — Et qu’ils ont un QI pas très élevé.
Frédéric — Et alors ?
Alice — Et que leur ADN est très différent du nôtre.
Frédéric — Ça ne change rien. Ça reste horrible. Tu aimerais être à leur place ?
Alice — Non, tu as raison.
Alice et Frédéric finissent par trouver un restaurant qui leur plaît. Ils s’installent autour d’une table. Elle commande une salade garnie, et lui, un fish and chips.