Etre ou paraître, là est la question…

Dans une société basée sur des normes, des codes, une culture de l’apparence et où il fait bon de se ranger dans le rang pour s’intégrer correctement, quelle place pour les personnes “hors norme” ou “différentes” ? Si vous n’avez pas suivi un chemin de vie dit “classique” devez-vous vous justifier de cela ? En aucun cas car c’est bien en cela que réside finalement votre force.

Nicolas Morin
5 min readJan 21, 2017

Etre juste soi…Un luxe ?

On peut, en effet, se poser la question. Alors non, ça n’est pas une interrogation nouvelle ou un phénomène récent, mais l’on peut se demander tout de même si, encore à notre époque, rester soi-même en toute circonstance n’est pas un luxe.

Nous vivons, encore et toujours, dans une culture du paraître et il ne faut pas en vouloir aux personnes baignant dans cette culture, en ayant fait leur rapport à la vie et à la société, on peut juste se dire que, parfois, cela peut relever du pathétisme gentillet.

Conditionné(e) dès l’enfance.

Pourquoi conditionné(e) dès l’enfance ? Car, dès notre plus jeune âge, cette culture s’immisce doucement dans nos vies, peut-être pour en donner le ton pour certaines personnes et nous indiquer, inconsciemment, de quelle manière nous allons devoir fonctionner le reste de celles-ci.

L’école, premier outil d’intégration sociale et de culture du paraître.

En effet, l’école est, dès que nous y mettons un pied, le premier outil d’intégration sociale. C’est elle, également, qui va conditionner qui nous serons plus tard, dans quel domaine nous allons travailler, créer notre premier réseau d’amis.

L’école est, en quelque sorte, le didacticiel nous confrontant aux divers aspects de la société, comme l’amitié, la trahison, la reconnaissance, le fait de se démarquer, être apprécié ou non, être respecté ou non. Elle peut nous offrir les meilleures expériences comme les plus mauvaises, permettre de se challenger, entrer en compétition, bref un bel entrainement pour une vie à venir.

Et le fait d’être ou paraître se ressent dès cette période, le ton est donné. Etre un bon élève qui vous évite de paraître, vous attirant, bien souvent, la sympathie automatique de vos camarades, et être un élève moyen voire mauvais où le paraître peut être le meilleur allié.

Le mimétisme, le conformisme se joue, en effet, dès l’enfance et dans la cour de récréation. L’élève qui n’aura pas les dernières fringues à la mode, ou de marque, ne voulant pas se plier aux “règles de la cour” sortira du lot, risquant la mise à l’écart car ne se noyant pas dans la masse du paraître de ses petits camarades.

Etre parmi ses semblables, cela rassure…

Si vous observez le monde qui nous entoure, la société ou les personnes que vous connaissez vous l’avez sûrement déjà constaté, les individus se sentent plus à l’aise avec leurs semblables. Dans une société où ces mêmes personnes prônent le “vivre ensemble”, l’ouverture aux autres et se retrouvent parfois en complète contradiction dans leur façon de vivre, de se comporter.

“L’ouverture d’esprit n’est pas une fracture du crane.”

Pierre Desproges.

La différence fait peur.

Vous n’y pouvez rien, et il ne faut pas en vouloir à ces personnes mais les personnes ne nous ressemblant pas, n’étant pas forcément un “reflet” de ce que nous sommes ou un “stéréotype” de ce qui nous rassure fait fuir.

Prenez un premier exemple. Vous avez face à vous deux personnes dans la rue et vous devez aller obligatoirement vers l’une d’elles. L’une d’elles est bien habillée, bien coiffée, parait sympathique dans sa façon d’être, mais est un abruti. L’autre a le crane rasé, des tatouages, est mal habillée mais est une personne très sympathique et gentille. Vers qui irez-vous spontanément ? Vers l’abruti, car même si cela reste un abruti ce qu’il dégage dans sa manière de paraître est plus rassurante pour vous.

Un second exemple. Vous le connaissez sûrement cet ami, vous avez dans votre entourage cet “ami” que vous avez connu au collège ou au lycée, avec qui vous avez gardé contact. Vous vous voyez de temps en temps mais vos chemins sont en totale opposition. Lui a fait des longues études et est devenu ingénieur, vous, vous êtes arrêté bien plus tôt, voire n’avez aucun diplôme et avez un boulot bien moins important. Vos styles de vie, vos “codes” de vie, votre monde sont totalement différents. Cet “ami” viendra vous rendre visite ou l’inverse mais ne vous conviera jamais au sein de son cercle d’amis car il se sera entouré, sûrement inconsciemment, de ses semblables, qui paraissent comme lui, et vous seriez “l’intrus” pouvant nuire à une image qu’il donne ou veut donner, n’assumant finalement pas cette amitié en public.

Tout ça pour démontrer que, quelque soit l’ouverture d’esprit que certaines personnes veulent afficher, elles retournent inconsciemment vers ce qui les rassure, se disant ouverts aux autres mais sans réellement vouloir les côtoyer…Il ne faut aucunement les blâmer, juste se dire qu’elles passent très certainement à côté de certaines richesses humaines quand on sait se “contenter” de ce que sont les autres.

L’overdose du caméléon.

Quand vous n’êtes pas celle ou celui qui colle aux codes, à une “normalité” vous devez vous adapter à ce qui vous entoure et devenir un véritable caméléon.

Sauf qu’être un bon caméléon n’est pas donné à tout le monde, cela va à l’encontre de qui vous êtes vraiment, trahissant votre “vous”, votre personnalité, votre façon d’être. Quand l’on est obligé de paraître pour être accepté par une masse de gens, ou une catégorie, est-ce vraiment ce qu’il y a de plus épanouissant ?

Beaucoup y arrivent, sachant jouer d’hypocrisie sur leur personne afin de plaire à une assistance, à une personne que cela pourrait rassurer de la voir comme elle. Pour d’autres, comme l’on dit, quand on chasse leur naturel il revient très vite au galop.

La sélection naturelle…

Pour conclure, entre l’être et le paraître, pour ma part, j’ai définitivement choisi d’être. La vie, votre vie, est bien trop courte pour que vous gâchiez du temps à ne pas la vivre en étant vous tout simplement, et surtout en l’étant dans absolument toutes les circonstances.

L’essentiel étant de se dire que si les individus que vous y croisez ne veulent aller vers vous, vous fréquenter, vous découvrir car vous ne paraissez pas être dans leur norme, cela ne sert à rien de perdre votre temps, vous croiserez le chemin de personnes plus authentiques cela ne fait aucun doute.

J’aimerai juste, pour finir, partager avec vous cette citation d’Oscar Wilde.

“Soyez vous-mêmes, les autres sont déjà pris”

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