Pourquoi la Foodtech ?
Foodtech : comme son nom l’indique, la Foodtech désigne l’ensemble des startups alliant technologie et food. Autrement dit, il s’agit de l’utilisation de la technologie dans le secteur de l’alimentation, de la production à la distribution.
Aujourd’hui c’est surtout la livraison qui est reine de la Foodtech. Mais celle-ci est à comprendre dans son ensemble. En 2015, le Foodtech a levé à elle seule 1 milliard d’euros. Cette nouvelle bulle intéresse, interroge et soulève une série de questions. En voici cinq.
1. Pourquoi la Foodtech est-elle à la mode ?
La Foodtech est en plein essor. Autant du côté des utilisateurs qui multiplient les applications food sur leurs smartphones, que du côté des investisseurs qui permettent aux startups toujours plus nombreuses de réaliser d’importantes levées de fonds. Mais pourquoi la Foodtech est-elle à la mode ?
Tout d’abord, le domaine de la Foodtech prend de l’ampleur parce que les mentalités évoluent. Bien se nourrir est désormais au centre des préoccupations de chacun, et pour cause : de nombreuses études, comme celle de l’université de Montpellier, ont montré ces dernières années que la malnutrition était responsable de l’explosion des maladies cardiovasculaires, du diabète et de certains cancers. Ensuite, la technologie fait irruption dans la food car la plupart des Occidentaux ont Internet dans leurs poches. C’est le terreau optimal pour le développement des startups alliant alimentation et technologie.
Par ailleurs, la Foodtech répond à de nouveaux besoins : les exigences de traçabilité (Biotraq qui aide les entreprises agro-alimentaires à réduire leur gaspillage de produits périssables en optimisant leur supply chain), la recherche du bien-être (Nutrikéo, une agence de conseil en stratégies nutrition), l’optimisation du temps (Fudo, la promesse d’un repas à emporter en moins de 10min), et la transition vers le durable (OptiMiam qui propose des bons plans anti-gaspi).
Enfin, la demande importante pour la réinvention de la food peut être satisfaite parce que l’entreprenariat attire. Beaucoup de jeunes diplômés ou non, rêvent de lancer leur startup. Enfants du digital, et habitués d’Uber, c’est tout naturellement qu’ils investissent la Foodtech.
Celle-ci n’a donc pas fini d’être en vogue.
2. L’anti-gaspi, c’est sexy dans la Foodtech ?
D’apparence, l’anti-gaspi peut paraître repoussant ou lourd. Mais en réalité, lutter contre le gaspillage, c’est sexy. Pour le comprendre, il faut retracer le processus qui conduit aux excédents alimentaires. Lutter contre le gaspillage alimentaire n’est pas rendre désirable ce que les autres n’ont pas voulu. C’est répondre à la réponse d’un commerçant suite au succès d’un de ses produits. Prenons le pain au chocolat, très populaire. Etant très désiré, il va être produit en quantité supérieure à la demande par le commerçant. Mais cette anticipation conduira inévitablement à des restes. C’est là qu’OptiMiam intervient par exemple. Nous sauvons des pains au chocolat, en réalité victimes de leur succès. Le but à termes étant que les commerçants diminuent spontanément leur production afin d’éviter d’avoir recours à OptiMiam. Ce serait synonyme de la fin du gaspillage alimentaire. Quoi de plus sexy ?
Bien sûr, la lutte contre le gaspillage alimentaire peut faire peur si elle est trop contraignante.
« Seul avec la fille la plus sexy que je n’ai jamais rencontré, il m’avait suffi d’entendre le mot « mariage » pour avoir eu froid aux yeux » disait Harpo MARX.
Mais OptiMiam ne propose pas un mariage, mais une liaison ponctuelle avec le gaspillage alimentaire. L’anti-gaspi est sexy.
3. Les applis food contribuent-elles à éloigner les gens ?
On reproche souvent au digital de fragiliser les relations humaines. Trop virtuelles, trop impersonnelles dit-on. Mais dans la Foodtech, certaines applications ont fait le pari du local et de la proximité pour rapprocher les gens. C’est le cas de Colunching par exemple qui constitue « le premier réseau social de rencontres amicales et professionnelles autour de repas thématiques et géolocalisés ».
Les applis de la Foodtech cherchent aussi à rapprocher les gens et leur alimentation en proposant une consommation locale, responsable et basée sur des circuits courts. Locavorium est la première supérette de consommation de ce type. En plus de proposer des produits locaux pour les consommateurs, le concept du circuit court profite également aux producteurs qui en finissent avec les intermédiaires, et peuvent directement vendre en magasin leurs produits à un prix raisonnable pour tous. C’est le pari que s’est lancé Ah la vache dans le secteur de la viande. La jeune startup achemine la viande de différents producteurs directement dans vos assiettes et se veut ainsi le garant d’une viande fraîche, authentique et équitable.
4. Quel rôle pour la France dans la Foodtech mondiale ?
La France qui jusque-là a dirigé sa stratégie de production vers le luxe et les filières de qualité devrait parfaitement se retrouver dans la Foodtech mondiale, et y jouer un rôle central.
La Foodtech a émergé notamment grâce à la prise de conscience autour de l’importance du bien se nourrir. La multiplication des reportages chocs à la télévision a averti les consommateurs sur les dangers de la nourriture industrielle et les insuffisances en termes d’hygiène. C’est ainsi que se détournent les consommateurs, inquiets, de la grande distribution au profit d’autres acteurs, plus locaux et collaboratifs. Dans ce contexte, la France qui se veut être pionnière du qualitatif et du Made in France, peut parfaitement relever le défi.
Par ailleurs, la réputation culinaire française est aussi gage de qualité. Le rayonnement de notre patrimoine, la diversité de notre cuisine, et la vitalité de notre agriculture invitent définitivement la France à se positionner comme leader mondial de la Foodtech. Au vu du dynamisme des startups françaises dans ce domaine, le pays aux 1200 variétés de fromages à tout pour réussir.
5. Quels rapports entre startups et grands groupes dans la Foodtech ?
A priori, les grands groupes industriels de l’alimentaire aux bénéfices impressionnants, ont peu à se soucier des jeunes startups de la Foodtech encore à la recherche de leur business model et de leurs clients. Pourtant, le rapport entre grands groupes et jeunes pousses est plus étroit qu’il n’y paraît.
Les groupes de la grande distribution ont peu évolué depuis les années 90, et souffrent d’un retard en termes d’innovation. Afin de pallier à ce manque, c’est tout naturellement qu’ils se sont tournés vers les startups de la Foodtech, et qu’ils ont misé leur développement sur l’innovation, la technologie, le digital, et le durable. Ainsi, on assiste à un intérêt croissant des groupes industriels pour les jeunes startups. Cet intérêt va de la simple collaboration au rachat. Au salon VivaTech par exemple, les responsables Innovation des grands groupes défilent, échangent avec les startups qui les intéressent, et notent les contacts prometteurs.
Néanmoins, le baromètre 2017 de la relation startups/grands groupes, réalisé par le Village by CA et Bluenove, démontre que les grands groupes se disent beaucoup plus satisfaits de la relation que les startups. Hormis les exigences de confidentialité pour lesquelles les deux parties sont positives, les startups trouvent la communication, la clarté des objectifs et la rapidité d’exécution insuffisantes. Pour éviter la collaboration dont les relations peuvent s’avérer compliquées, certains grands groupes préfèrent aller plus loin en rachetant les startups. La récente acquisition de Rue du Commerce.fr par Carrefour illustre cette tendance.
Malgré tout, les relations startups/grands groupes restent gagnant-gagnant pour les startups comme pour les groupes. Alors que les premiers peuvent poursuivre leur développement grâce aux fonds, les seconds se réinventent.
Juliette HAZARD, Business Developer OptiMiam