Les revenants

Quentin Parizot
3 min readJan 20, 2016

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Critique de la série produite par Canal Plus (Spoilers)

Comment vivre avec nos morts ? Comment accepter l’impossible, comment être en paix avec ce qui dépasse l’entendement le plus élémentaire ? Dans cette série produite par Canal Plus, ceux qui ont quitté ce monde reviennent d’outre-tombe et hantent le quotidien des habitants d’un petit village situé au coeur des Alpes françaises. Si la saison 1 pose bien l’intrigue et dessine l’ambiance générale qui règne au creux de la vallée, la saison 2 est un modèle de réflexion existentielle.

On entre bien dans Les Revenants. Ceux qui sont morts mais reviennent dans la vallée sont dans un premier temps aussi déboussolés que ceux qui sont toujours en vie et qui ont fait leur deuil. En plein désarroi, le spectateur l’est aussi. Que faut-il comprendre ? Que faut-il penser ? A la lumière de ces morts qui retrouvent leurs familles, on entre peu à peu dans l’histoire et l’intimité de chacun des protagonistes. Et si l’heure est d’abord à l’incompréhension la plus totale, le développement de la saison 1 est par la suite axé sur la nécessité d’accepter ce qu’il se passe, et de protéger ceux qui sont revenus. Bénédiction ou malédiction ? Les avis divergent et l’intrigue se construit lentement mais sûrement autour de cette question, sans nous donner de véritable réponse. Mais bien de quoi nous donner l’eau à la bouche pour un deuxième acte qui s’est fait longtemps attendre, mais qui vaut définitivement le détour.

Pourchassés par Pierre et ses sbires de la Main Tendue, les morts semblent être dans cette seconde saison à la recherche d’un chemin qu’il leur faut emprunter. Parmi eux, certains sont apathiques et ne présentent aucun signe de leur précédente existence. Les autres cherchent à retrouver leurs proches et perturbent les plans de Lucie, dont la mission semble être de tous les protéger et les guider vers un chemin qu’ils ne peuvent emprunter faute d’être tous réunis. On comprend peu à peu que Louis — ou Victor — le petit garçon mystérieux de la saison 1 recueilli par Julie est la pierre angulaire à l’origine de tout ce qu’il se produit d’étrange et de surnaturel dans la vallée. Une grande partie de l’intrigue se noue autour de lui, et par l’intermédiaire de flash back très bien utilisés on se pose de nouvelles questions aussitôt qu’un élément de réponse nous est fourni. C’est indéniable, il y a du Lost dans cette série. On pose plus de questions que l’on n’y répond, et c’est bel et bien ce qui forge sa qualité : son pouvoir d’introspection.

Laisser l’autre s’en aller, accepter qu’il parte pour de bon même après l’avoir retrouvé, comprendre que le sens de la vie nous échappe finalement autant que le sens de la mort. De toutes ces souffrances et ces déchirements à laisser partir les êtres qui nous sont chers vient la puissance émotive de la série. Ficelées d’une main de maître, les histoires s’entrelacent et les liens se mêlent dans une symphonie qui nous tient en haleine malgré un rythme volontairement très lent. Un parti pris qui contraste avec la plupart des séries américaines que nous avons l’habitude de voir, et un pari réussi par la profondeur de réflexion qu’elle nous apporte. Les Revenants renouvelle notre vision de la vie, de la mort, et notre tolérance à ce qui dépasse le plus simple entendement.

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