Portrait de Igor Kostioukov, chef des services de renseignement du GRU
A la tête des renseignements militaires russes depuis 5 ans, le chef du GRU dirige des milliers d’espions envoyés à l’étranger.
A la tête d’une agence agressive
Igor Kostioukov est devenu directeur du GRU en 2018 à la suite du décès de son prédécesseur Igor Korobov. Diplômé de l’Académie diplomatique militaire, il est passé par le renseignement et la marine russe. Aujourd’hui âgé de 62 ans, cet Amiral a reçu par décret présidentiel le titre de héros de la Russie en 2017 pour ses services rendus en Syrie notamment. Igor Kostioukov est directement impliqué dans la conduite de l’intervention de l’armée russe en Syrie. Le président russe Vladimir Poutine a spécifiquement noté le rôle énorme du renseignement militaire dans “la destruction des chefs de bandits, des bases et de l’infrastructure des militants” et dans “les frappes précises et dévastatrices de notre aviation et de notre flotte”. C’est qu’officiellement, les services du GRU “s’occupent” à la fois de problèmes dans les domaines militaire, militaro-politique, militaro-technique, militaro-économique et même environnemental, d’après un site du gouvernement russe. Officieusement, l’agence est accusé d’empoisonnement, de piratages et bien plus. L’agence est par exemple soupçonnée d’être impliquée dans des tentatives de coups d’Etat au Monténégro et en Moldavie. Le GRU est aussi accusé d’ingérence aux Etats Unis, en Pologne, en Bulgarie ou en Ukraine, et d’avoir tenté de pirater les serveurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Et bien sûr, le service est également accusé d’avoir empoisonné l’ancien officier du GRU Sergei Skripal et sa fille en Angleterre.
Beaucoup de données sur le GRU, comme son financement et ses réels effectifs, sont des secrets d’Etat. Composé de différentes directions par secteurs géographiques du monde, il a la charge d’informer Vladimir Poutine sur les conditions propices à la mise en œuvre réussie de la politique de la Fédération de Russie dans le domaine de la défense et de la sécurité; et promouvoir le développement économique, du progrès scientifique et technologique du pays et de la sécurité militaro-technique de la Fédération de Russie. La plupart des agents qui y travaillent proviennent de trois centres de formation : la Faculté de renseignement d’infiltration stratégique; la Faculté d’agent-intelligence opérationnelle; et la Faculté d’intelligence opérationnelle et tactique. Le GRU comprend également deux instituts de recherche situés à Moscou , connus sous le nom de 6e et 18e instituts centraux de recherche. Le siège du GRU est situé rue Grizodubova à Moscou, en voici une photographie.
Des sources britanniques et américaines ont publié en janvier 2016 les principaux objectifs actuels des structures de renseignement russes. Ils ont notamment attribué le financement secret par des officiers de renseignement russes de partis et de fondations européennes afin de « saper l’intégrité politique » de l’ Union européenne , d’introduire des désaccords entre les membres de l’UE sur la question des sanctions contre la Russie , d’influencer négativement la position de l’OTAN, de bloquer le processus de déploiement des systèmes de défense antimissile américains en Europe et de créer les conditions du monopole russe de l’énergie. Parmi les partis d’extrême droite en Europe qui ont été soupçonnés de collaboration secrète et de financement par les canaux de renseignement russes, selon le journal The Telegraph , figurent le parti nationaliste hongrois Jobbik , la Ligue italienne du Nord , la Golden Dawn grecque , et le Front national en France.
Igor Kostioukov sous sanctions
Placé sur la « liste noire » du gouvernement américain pour ingérence présumée dans les élections présidentielles américaines de 2016, Igor Kostioukov est soupçonné notamment d’être à l’origine du piratage des mails d’Hillary Clinton. Il a également été placé sous sanctions par l’Union Européenne en 2020, qui l’accuse d’avoir participé au vol d’e-mails d’Angela Merkel en 2015 lors d’un piratage informatique du Parlement allemand. Le procureur spécial américain Robert Mueller a inculpé plusieurs membres du GRU pour avoir piraté informatiquement des systèmes informatiques du parti démocrate. Et, en juin 2022, le service de sécurité néerlandais AIVD annonce avoir empêché un agent du GRU nommé Sergueï Vladimirovitch Tcherkassov d’accéder à un poste à la Cour pénale internationale à la Haye en utilisant une fausse identité brésilienne. Voici ci dessous le détail des sanctions à son encontre sur les sites d’Opensanctions et de l’Union européenne.
L’argent suspect d’Igor Kostioukov
Une enquête de The insider révélait en octobre 2021 qu’un an après la nomination d’Igor Kostioukov en tant que directeur du GRU, ses enfants étaient devenus propriétaires de belles demeures, sans que l’on sache d’où leur venait tout cet argent.
A présent, pour comprendre quelle agence Igor Kostioukov dirige, voici quelques histoires du GRU.
La 346ème brigade Spetsnaz du GRU en Ukraine
Le site Infonapalm rapporte que la 346e brigade Spetsnaz était présente en Ukraine. Cette unité a été formée en 2012. La brigade a été déployée à Prokhladny, en Kabardino-Balkarie, dans le Caucase russe. Des experts de Solnechnogorsk (près de Moscou) ont participé à la formation de la brigade. Solnechnogorsk est connue pour le centre de formation “Senezh” (il appartient aux forces spéciales du GRU) et d’autres unités des forces spéciales du ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Les tâches opérationnelles de la brigade sont axées sur l’exécution de tâches de reconnaissance, spéciales et d’organisation dans le sud-ouest de la Russie. Les unités de la brigade suivent une formation en montagne et une formation aéroportée.
Les Spersnaz, forces spéciales du GRU
Dans le livre Carnets intimes de la DST, l’ancien haut responsable du contre-espionnage soviétique de la DST Raymond Nart notera que, par rapport aux officiers du KGB, les officiers du GRU étaient « plus directs et moins politisés mais aussi plus brutaux ». Les Spetsnaz de la GRU, unités de renseignement militaire et reconnaissance militaire créées dans les années 1950, sont des forces spéciales militaires. À l’époque, leur rôle était la lutte contre les systèmes mobiles de lancement d’armes nucléaires de type MGM-31 Pershing. Plus tard, leur mission s’est étendue à des actes de sabotage, d’élimination de chefs ennemis, prise d’objectifs stratégiques, reconnaissance, etc… Ils participèrent aux opérations militaires en Afghanistan et en Tchétchénie. Les Spetsnaz de la GRU comprennent des éléments des forces terrestres, des nageurs de combat ainsi que des troupes aéroportées de la fédération de Russie (les VDV).
Le mystérieux décès de l’ancien chef adjoint du GRU
Le 16 août 2010, le corps en état de décomposition avancée du général Iouri Ivanov a été retrouvé sur une plage en Turquie. Officiellement, il est mort noyé lors d’une inspection de la base navale russe de Tartous, en Syrie. Il se trouve que le général Ivanov était le directeur adjoint du renseignement militaire, c’est à dire du GRU. Le Kremlin est alors resté très silencieux. Etait-ce un coup du Mossad par exemple ou un réel accident ? On ne le saura peut être jamais. En 1992, un autre responsable du renseignement russe, Iouri Gusev, avait trouvé la mort dans un accident de voiture, lequel était en fait un assassinat maquillé, dont on ne sait pas qui est l’auteur. Il y a eu aussi le cas du général Viktor Tchevrizov, l’ancien chef du service de renseignement des forces intérieures russes. Cet officier se serait suicidé avec une arme reçue en cadeau pour ses états de service.
Opération du GRU au Qatar
Plusieurs médias ont considéré l’assassinat du 13 février 2004 à Doha au Qatar, de l’un des dirigeants de la « République tchétchène d’Itchkérie » Zelimkhan Yandarbiev comme une opération du GRU . Le 26 février 2004, dans une déclaration spéciale adressée aux autorités de l’émirat, le ministre des Affaires étrangères par intérim de la Fédération de Russie Igor Ivanov a reconnu le fait que les « kamikazes » arrêtés puis condamnés au Qatar appartenaient aux services spéciaux russes . La même année, les agents ont été libérés de la prison qatarie grâce à des efforts diplomatiques et sont retournés en Russie. Ils furent reçus en héros à leur retour au pays et disparurent aussitôt après.
Recrutement sur une base de l’Otan en Italie
En août 2020, on apprenait qu’un haut gradé français, en poste dans une base de l’Otan en Italie, était soupçonné d’espionnage pour le compte de la Russie. Il aurait été approché par les services secrets de l’armée russe, le GRU. Le ministère des Armées a indiqué avoir saisi la justice pour “atteinte à la sécurité” à l’encontre d’un officier français soupçonné de trahison et l’a arrêté.
Attentat en Tchéquie de l’unité 29155
Les méthodes du GRU, le renseignement militaire russe, ont donné lieu en 2014 à un incident diplomatique. Le sabotage d’un dépôt de munitions à Vrbětice dans le district de Zlín, qui avait fait deux morts fût imputé aux Russes. Les entrepôts qui ont explosé contenaient des munitions d’une société tchèque qui fournissait des armes à l’Ukraine. Les autorités tchèques ont alors exigé le renvoi de 18 diplomates russes. En avril 2021, la police tchèque a mis les supects de l’unité 29155 Alexander Petrov (Mishkin) et Ruslan Boshirov (Chepiga) sur la liste des personnes recherchées.
Le GRU, expert en cyberattaque
Ces trois dernières années, le GRU s’est révélé être un maître en cyberattaques. Le Centre national de cybersécurité britannique affirme avoir démasqué plusieurs de ses équipes de pirates derrière des noms de codes comme “Fancy Bear”, “Sandworm”, “CyberCaliphate”, “Sofacy”, “BlackEnergy Actors”… Le Royaume-Uni a notamment accusé la Russie d’avoir orchestré l’opération “NotPetya” qui avait infecté des milliers d’ordinateurs à travers le monde en juin 2017. Les Etats-Unis ont dénoncé pour leur part un piratage des ordinateurs du Parti démocrate américain, qui préfigurait une ingérence russe présumée dans la présidentielle américaine de 2016.
Les emblèmes du GRU
Pour finir, voici les différents emblèmes du GRU.