Pierrick Filippi
5 min readAug 19, 2015

Nous y voilà ! Des mois que cela me trotte dans la tête… mais de quoi parler ? Et bien, je vais parler de tout ! De tous les sujets sur lequel j’aurais envie de m’exprimer, tant pro que perso, mes coups de coeur et mes coups de gueule.

Ceci est mon premier article. Cela fait quelques semaines qu’il traine dans les brouillons, mais ce sujet me tient à coeur, alors le voici sous vos yeux. N’hésitez pas à me laisser un commentaire !

Mauvaise nouvelle :

la Startup est à la mode !

On entend et on voit ce mot partout en ce moment. Même si je baigne quotidiennement dans cet écosystème, force est de constater que le terme s’est démocratisé. Emission TV, reportages dans les JT, Une des magazines et des quotidiens (même non spécialisés), sans parler des politiques. Bref le terme est à la mode !

On nous répète à longueur de reportages que monter sa startup ce n’est pas si dur (à condition d’avoir un garage bien sûr) et que cela va rapporter gros au prix de quelques efforts et d’un peu de chance. « On » ce sont les médias, relayés par les politiques (ou l’inverse) pour qui le startuper ou dans un sens plus large l’entrepreneur semble être devenu l’ouvrier du XXIème siècle, celui dont tous veulent défendre les intérêts.

Au delà de la récupération politique, ce qui m’agace (n’ayons pas peur des mots) régulièrement c’est que le mot startup est employé à tort et à travers aujourd’hui pour désigner une création d’entreprise ou une jeune entreprise. Et je ne semble pas être le seul à relever la confusion.

Je pourrais pousser l’exemple jusqu’à citer ma grand-mère : il y a quelques mois elle me parlait de son voisin du 1er qui avait lancé, je cite, « sa startup de dératisation ». Pas de produit miracle, ni de robots exterminateurs de rats produits à grande échelle et revendables dans le monde entier, pas même de modèle économique novateur. Juste un service de dératisation. Ma grand-mère s’informe, lit les journaux et regarde la TV. Qu’elle utilise ce terme n’est pas anodin. Pourtant, son voisin a lancé une entreprise de dératisation et pas une startup. Ce n’est ni moins louable ni moins courageux, c’est différent.

Une startup est une jeune entreprise qui propose en réponse à un besoin un produit ou un service innovant pour lequel elle n’a pas encore défini la manière exacte de gagner de l’argent et qu’elle espère diffuser rapidement à une large échelle. Pour utiliser des termes barbares : elle ne connait pas encore son business-model mais veut scaler rapidement sur un marché en croissance. Et surtout elle est agile. Bon nombre de termes mériterait qu’on s’y attarde comme “jeune”, “innovant”, “scaler”, etc. (dans un prochain article?) et la définition elle-même serait sujette à débat ! (Je me souviens d’une discussion sur le sujet avec Cédric G. à l’époque où je me lançais ;-))

Reprenons notre entreprise de dératisation : le marché est connu et limité en taille et géographiquement, le service aussi, la manière de le vendre également. Ceci n’est pas une startup. (mais cela reste une création d’entreprise louable car il y a un besoin à satisfaire)

Autre exemple : je lance un site e-commerce de vente d’objets connectés. Je les vends en ligne ou via un système d’abonnement (box). Ceci n’est selon moi pas une startup, quand bien même les objets vendus sont innovants.

Dernier exemple : je lance une agence de communication sur les réseaux sociaux. Je vends un service à des entreprises que je facture au temps passé. Ceci n’est pas une startup.

Mais pourquoi donc le fait que le terme startup soit galvaudé et populaire est une mauvaise nouvelle, me direz-vous? Et pourquoi cela m’agace-t-il, moi qui ait crée une agence social media Like A Bird (une entreprise) et un outil SaaS de concours sur Twitter Like a Bird Apps (une startup). Essentiellement parce qu’on berce les gens d’illusion et qu’on les induit en erreur…

Monter une startup c’est un état d’esprit différent.

C’est la volonté d’aller là où les autres ne sont pas, de croître rapidement sans vraiment savoir comment au lancement. C’est accepter de pivoter, d’évoluer rapidement en fonction des retours du marché et des premiers clients. A l’inverse, monter une entreprise c’est se positionner sur une activité connue dans un marché connu pour se différencier (souvent par le prix, mais pas que…) et prendre des parts de marché.

On donne l’illusion que cela n’est pas difficile, qu’il y a des quantités folles d’aide et surtout que cela est suffisant pour réussir.

Mais croit-on sérieusement qu’en prêtant (donnant parfois) de l’argent à tous les projets qui le demandent ou presque soit une solution pour relancer l’économie ? On nous parle de bulle boursière sur les startups, mais actuellement la bulle se situe bien plus bas, sur le financement des jeunes pousses non côtés. Quand dans 2–3 ans, 90% des entreprises ne pourront pas rembourser, la bulle (du bas) explosera (et BPI avec). Et puis depuis quand l’argent est-il gage de succès? Même si la trésorerie est le nerf de la guerre, ce qui compte c’est la viabilité financière du projet et comment l’argent est utilisé (c’est à dire pour financer la croissance de l’entreprise).

Au rayon illusions, on notera aussi qu’une startup est soi dans un garage soit des bureaux supers spacieux, très modernes, avec une salle de jeux et des pistolets nerfs ou des Lego sur chaque table. Sinon, ça n’est pas une startup ?

Ceux qui gagnent le plus d’argent dans l’histoire ne sont pas les startups elle-même

Et c’est bien le pire dans tout ça ! L’écosystème lui même se pervertit au lieu d’être garant de certaines valeurs. (Je présente mes excuses à ceux qui se sentiraient visés alors qu’ils sont porteurs des bonnes valeurs)

Je ne compte plus les startups week-end où les projets gagnants sont des box, des applications de rencontres géolocalisées ou un énième réseau social (mais sans pub évidemment, c’est innovant!). Et les différentes associations qui montent des concours douteux, le label FrenchTech (sujet d’un prochain article ? ;-) ), les entreprises qui gèrent des salons ou congrés pour les startups, et les organismes ou freelance qui vendent des formations de GrowthHacking (tiens un autre sujet d’article…) ou les blogs sur l’entreprenariat tenus par des gens qui n’ont rien entrepris d’autre que leur blog !

Je mets tout le monde dans le même panier et tout n’est pas à jeter. Mais j’ai la sensation que cela n’est pas très sain…

Mauvaise nouvelle les startups sont à la mode ! A tous ceux qui seraient tentés de se lancer, faîtes-le pour les bonnes raisons et avec un vrai projet, pas parce que c’est fun (ça ne le sera pas) et à la mode ! Au pire, montez une entreprise, ce sera déjà un très beau défi ! ;-)

Pierrick Filippi

Enfant du Web / Esthète / Fondateur de @LikeABirdApps. Sinon Musique & VTT / Escalade / Rugby. J’ai 2 modèles : Steve Jobs et Alain Chabat.