Les 5 erreurs à éviter pour l’entretien du pied d’un cheval

Pauline
8 min readJan 20, 2017

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niveau: confirmé

Parce que, quand on voit ça on se dit “c’est quoi ce machin?”. Vous l’avez deviné, ça n’aurait jamais du arriver..

1. Ne pas comprendre l’anatomie du pied

Notez ici que j’ai écris ‘comprendre’, j’aurais pu écrire ‘connaître, mais je pars du principe qu’en plus de connaître parfaitement l’anatomie du pied vous comprenez également son fonctionnement interne.

L’ennemi du sabot du cheval c’est: l’imprudence, la négligence suivi en général de l’incompréhension partiel voir total du pied dans son ensemble. Car le pied fonctionne tout ensemble, en non en parties distincts!

Le meilleur ami du sabot c’est: une activité régulière (en km), une alimentation de qualité (riche en minéraux), l’entretien régulier, la remise en question du savoir et de l’acquis (sur base de recherches vétérinaires approfondies, podologues équins), et enfin.. laisser la nature faire son boulot (tout simplement).

Pour qu’un sabot puisse être en bonne santé, il a avant tout besoin d’exercice.

Il serait prétentieux de penser tout savoir sur le pied du cheval, alors qu’en pratiquant un mauvais entretien (qui fragilise le pied) vous mettez la vie d’un cheval en danger.

C’est pourquoi lorsqu’on parle de podologie équine, il s’agit là d’un domaine très complexe, méritant beaucoup plus d’études et de recherches spécifiques. C’est une véritable science, destiné aux passionnés. Cet article s’inspire de Pete Ramey, un ancien maréchal ferrant devenu expert en podologie équine avec un très beau travail sur les pieds nus *sans fers (il propose des articles très complets à lire sur son site), ainsi que de Guillaume Parisot (podologue équin).

2. Un entretien toutes les 4 semaines

Le sabot pousse. Une coupe du pied se fait en moyenne toutes les quatre semaines.

Normalement à cette fréquence, le parage se doit d’être très léger voir à peine perceptible, avec juste ce qu’il faut. Tout en s’assurant que le pied évolue naturellement et devient concave (et non creux).

Il vaut mieux privilégier plusieurs petits entretiens réguliers que quatre gros au bout d’un an. Tout dépend de l’usure du sabot.

3. Ôtez moi ses fers!

Si vous envisagez d’enlever les fers de votre monture, vous avez raison! Dans mon article précédant, je vous explique que le sabot du cheval n’a pas besoin d’une ferrure, c’est la tradition qui le veut.

Si vous n’envisagez pas, ou n’aviez jamais envisagé d’enlever les fers de votre cheval, notez bien que le pied du cheval lui est déjà équipé d’une chaussure adapté (comme l’a prévu la nature). Contrairement à ce qu’on essaie de vous faire croire, le fer n’en est pas une, c’est un morceau de métal inventé par l’homme qui modifie le fonctionnement interne du pied et l’affaiblit.

Un pied libre sans fers est un pied plus énergétique et mieux musclé (s’il est bien entretenu). Un pied ferré va s’atrophier et va s’affaiblir.

Il y a une période de transition lorsqu’on enlève les fers d’un cheval qui est d’environ un an. Pourquoi un an? Le temps que les pieds repoussent entièrement, de a à z.

4. N’utiliser que du matériel de qualité

Je ne veux en aucun cas être tenu responsable d’un mauvais parage suite à cet article. Je tiens simplement à vous aider et à vous sentir un peu plus à l’aise avec le pied d’un cheval (qui est quand même un organe très complexe et important). Chaque changement du pied entraîne une modification de la circulation sanguine. N’hésitez pas à demander l’avis d’un vétérinaire ou d’un podologue équin.

Pour faire un parage, il vaut mieux utiliser du matériel de qualité, plus précis, et qui tiendra plus longtemps.

Je vais d’abord commencer par le matériel de base (l’essentiel):

  • une râpe: save edge (très bonne qualité), elle tiendra longtemps
  • une rénette à lame courbé: double S (très bonne qualité). Ne prenez pas une rénette de mauvaise qualité qui a une mauvaise incurvation, moins solide qui peut blesser le cheval. Une seule rénette suffit.
  • les gants de protection: seul un mauvais pareur n’utilise pas de gants, c’est essentiel pour protéger vos mains. Sinon vous risquez de vous blesser, en vous coupant ou en vous rappant.

Vient ensuite (pour les plus expérimentés):

  • la pince: à ne pas mettre entre les mains de n’importe qui, car beaucoup plus rapide et efficace que la râpe. Elle permet donc de faire des fautes, et d’enlever trop de matière en une fois, ce qui peut blesser le cheval.
  • le trépied du maréchal: pour un meilleur confort du dos (ouf!)

Voilà, évidemment il y a plus, mais je vais m’en tenir à ces outils de base.

5. Ne coupez que ce qui est nécessaire

Que ce soit votre métier ou pas, ne coupez pas trop. Je préfère que vous coupez trop peu que trop. Mais alors, que couper?

Commençons plutôt par ce qu’il ne vaux mieux pas, ou peu couper.

  • la fourchette: elle est très sensible. Elle doit pouvoir être suffisamment grande pour deux raisons: être en contact avec le sol, ainsi qu’être en contact avec le reste du pied. Dans ces deux cas, elle peut remplir correctement son rôle d’amortisseur. Ce qui veut dire qu’il ne faut pas la couper (sauf en cas de besoin), d’où l’importance de la laisser respirer et de la laisser grandir.

Là ou certains maréchaux justement coupent la fourchette pour lui donner un joli ‘look’, c’est une pratique inconfortable pour le cheval (voir une mutilation inutile). Je vous conseille de lire cet excellent article sur la sole et la fourchette et le PI.

Vous l’avez compris, ne pas trop couper la fourchette si ce n’est que dans un but fonctionnel (pourriture empêchant la pousse normale, par exemple), et non esthétique.

Lors d’un parage il est de notre devoir de protéger la sole, de ne pas l’enlever. C’est une faute que je vois souvent sur beaucoup de vidéos de parages: elle est toujours soit coupé soit râpé pour ne laisser qu’une sole ‘propre’ et bien blanche. Ce qui souvent, pousse le pied à produire encore plus de matière afin de combler ce vide (autour de la fourchette, près du p3). Lorsque vous voyez ça, vous devez vous alerter car c’est bien la preuve que le pied tente de réparer ce qu’il vient de perdre, et qu’il s’agit d’une faute de parage.

image: Vous pouvez voir que sur la première photo, la sole est typiquement très blanche et très creusé car elle a été coupé. Alors qu’en faite, la sole se doit d’être concave pour protéger la troisième phalange (l’os principal du pied). On peut voir l’exemple d’un parage de Pete Ramey, qui lui ne touche plus à la sole et ne coupe que la paroi excessive.

Faites très attention (au risque de très fortement fragiliser le pied): il ne faut pas râper la sole à plat pour avoir une surface parfaitement plane. Regardez bien la différence entre la paroi et la sole..

Image: une sole naturellement concave, qui protège la P3.

Ce qui me choque, c’est de voir cette vidéo, et la quantité de sole que le maréchal enlève pour une ferrure se disant “orthopédique”.

Image: Amincir la sole est dangereux, même irresponsable, car elle protège le P3 (troisième phalange, l’os principal du pied).

Comprenez ici la logique: le cheval va produire une sole plus ‘dure’ (comme noté sur la vidéo), et donc le maréchal en coupe encore plus! Alors qu’en réalité c’est une réaction très logique de défense du pied. Le pied qui essaie de protéger d’avantage son os principal: la troisième phalange.

Pour rappel, voici la densité de protection de la sole laissé à plat, c’est effrayant.

Maintenant que vous savez ce qu’il ne vaut mieux pas couper, que pouvez vous réellement enlever?

Et bien là, cela dépend évidement de la situation. Je ne peux vous donner une réponse parfaite (qui risque d’être mal interprété), car tout dépend du pied en question!

Ce que je peux en revanche, c’est de vous mettre en garde contre certaines mauvaises pratiques (ce qu’on vient de voire quoi). Je peux aussi vous confirmer que la pousse excessive de la paroi nécessite une coupe (avec un angle de 45°).

Le plus important à retenir pour un bon parage, c’est qu’il est primordial de s’inspirer de la nature et du pied du cheval à l’état sauvage (et non pas s’inspirer d’un pied d’un cheval domestiqué).

Pour rappel, voici ce qu’est le véritable pied d’un mustang sauvage. C’est votre model idéal:

Image: Le ‘horse mustang roll’ est basé sur le pied du mustang sauvage. Un pied qui avec l’usure, s’arrondit sur les bords.

Image: Une sole protège le pied. Elle est concave. Elle s’épaissit et durcit lorsqu’elle est en bonne santé. La fourchette est grande, bien développé, en contact avec le sol et le reste du pied.

En dernier, j’ajouterai que la nature offre un guide très précis du pied du cheval qu’il nous suffit de suivre avec beaucoup d’observation. Le pied du cheval n’a pas besoin de beaucoup de coupe, seulement une coupe correcte et respectueuse du pied (en enlevant seulement ce qui est nécessaire, jamais plus).

Comme d’habitude nous avons juste besoin d’apprendre à écouter le cheval, surtout lorsque le cheval tente de communiquer avec vous (ce qui est souvent le cas lors d’un parage) .

Conclusion

  1. Connaître parfaitement l’anatomie du pied en plus de comprendre son fonctionnement interne. Pour qu’un sabot puisse être en bonne santé, il a avant tout besoin d’exercice.
  2. Un pied se doit d’être paré toutes les 4 semaines idéalement. Mieux vaut privilégier plusieurs petits entretiens réguliers, plus légers voir à peine perceptibles, avec juste ce qu’il faut. Tout en s’assurant que le pied évolue naturellement et devient concave.
  3. Enlever les fers d’un cheval lui fera son plus grand bien et permettra au pied libre de se muscler et d’être plus énergétique.
  4. N’utiliser que du matériel de qualité pour le parage.
  5. Lors d’un parage, ne coupez que ce qui est nécessaire. Il vaut mieux couper trop peu que trop. N’abimez pas la fourchette et la sole, laissez les respirer et grandir. Et enfin, inspirez vous de la nature et du pied du cheval à l’état sauvage.

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