Comment j’ai fabriqué un placard de désinfection anti-Covid-19

Fabien Roques
5 min readMar 30, 2020

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IMPORTANT :

1 — Avant toute chose, je tiens à préciser que les UVC sont très dangereux pour les humains et les animaux. Il ne faut absolument pas exposer sa peau à ces rayons, ni les regarder, même indirectement. Ils ont notamment des effets cancérigènes pour la peau. Ne reproduisez pas ce projet chez vous si vous n’êtes pas certains à 100% de le faire dans des conditions de sécurité parfaites.

2 — Je ne suis absolument pas spécialiste des rayons UV, ni médecin. Je ne garantis donc pas la pertinence scientifique de mes propos. Il s’agit simplement de la synthèse de mes recherches et expériences personnelles.

Pourquoi est-ce que je me suis lancé dans ce projet ?

Il y a deux semaines, je cherchais un moyen de désinfecter mon smartphone, mes clés, mes achats lors du retour des courses, mon matériel de podcast, mais aussi l’unique masque chirurgical que je possède et que j’utilise lorsque je sors. J’ai commencé en nettoyant ce que je pouvais avec du savon et de l’eau mais cette solution n’est pas optimale pour certains objets fragiles ou non-étanches. Par ailleurs, le nettoyage systématique de mes courses via cette méthode prendrait trop de temps. Or, ayant cru comprendre que le Covid-19 pouvait rester de nombreuses heures sur des surfaces plastiques et métalliques, je n’étais pas à l’aise avec l’idée d’introduire toutes ces sources de contamination potentielles à mon domicile.

Le choix des UVC

Après quelques échanges avec des proches autour des différentes méthodes de désinfection, on me parle des boites à UV utilisées notamment par les dentistes pour stériliser leur matériel. Je me renseigne et découvre que ces boites diffusent des UVC, une catégorie d’UV dont la longueur d’onde se situe autour de 254 nanomètres. Ces UV sont très dangereux pour les humains (ils sont en principe filtrés par l’atmosphère avant d’arriver jusqu’à la terre) mais aussi très efficaces pour tuer les virus et les bactéries. En effet, les UVC s’attaquent à la structure ADN des virus et bactéries, les empêchant de se reproduire. Globalement, ça équivaut donc à détruire tout risque de contamination.

Reste à savoir si cette méthode est bien efficace contre le Covid-19. Je découvre que des tests ont été réalisés avec succès sur une forme antérieure de Coronavirus. Par ailleurs, il se trouve que des robots équipés de grands tubes diffusant des UVC sont utilisés en Chine, notamment, pour désinfecter les pièces de certains hôpitaux après avoir évacué les malades. Grâce à un contact interne en médecine, j’obtiens par ailleurs l’email d’un professeur de médecine parisien, qui me confirme qu’a priori cette technique doit être efficace, bien qu’elle soit dangereuse pour la santé en cas d’exposition.

Fabrication du placard de désinfection

Maintenant que j’ai identifié une méthode de désinfection intéressante, il me reste à pouvoir l’appliquer chez moi, le plus simplement possible et à moindre coût.

Les boîtes à UVC utilisées par les dentistes coûtent très cher : plus de 200$ en général. Il se trouve qu’une société a conçu une boîte dédiée spécialement à la désinfection des smartphones via cette technique, mais elle reste relativement onéreuse (80$ environ) et permet uniquement de désinfecter un smartphone. Finalement, j’identifie une solution beaucoup moins chère. Les UVC sont également utilisés sous forme de lampes installées à l’intérieur du filtre à eau de certains aquariums, pour détruire toutes traces de bactéries et de virus. Ces lampes peuvent être achetées très facilement sur internet et sont accessibles à partir de 15€ environ. Je décide donc de me procurer une lampe de ce type, de 7 Watts, pour 15,03€.

Une fois la lampe reçue, j’identifie un espace simple et plutôt sécurisé qui me permettrait d’exposer différents objets aux UV de cette lampe sans m’y exposer moi-même : un placard, tout simplement. En l’occurrence j’ai choisi le placard de ma cuisine, sous mon évier, car il est proche d’une prise électrique mais aussi d’une aération vers l’extérieur, ce qui peut se révéler utile. En effet, il semblerait que certaines lampes à UV dégagent un peu d’ozone, bien qu’a priori ce ne soit pas le cas des lampes UVC. Dans le doute, je préfère pouvoir aérer facilement.

Je fixe la lampe sur l’une des parois intérieures du placard. En vue d’éviter toute exposition à la lampe, je bricole un système de paravents en cartons à l’intérieur de mon placard, faisant effet de double barrière aux UV. En revanche, l’idée étant de maximiser l’exposition des objets dans le placard aux UV, j’ajoute deux éléments. D’une part, de petits miroirs que j’avais sous la main et que je positionne sur le sol du placard et sur le côté opposé à celui de la lampe, pour minimiser les ombres [update du 30/02/2020 : on m’a finalement indiqué que ces fréquences d’UV se reflétaient mieux sur la couleur blanche que sur des miroirs]. D’autre part, un égouttoir à vaisselle sur lequel je pourrai déposer les objets à exposer, sans qu’ils ne reposent sur le sol du placard.

Voilà, mon placard est prêt. Je vérifie l’étanchéité lumineuse du système en plaçant une lampe traditionnelle à l’intérieur. Tout est OK, rien ne passe.

Et maintenant ?

Dès lors qu’il s’agit d’un bricolage réalisé par un non-expert, je suis tout d’abord preneur des retours des spécialistes : ce système a-t-il des chances d’être réellement efficace contre le Covid-19 ? Ai-je bien pris les mesures de sécurité nécessaires ?

Ensuite, si vous considérez que ce projet a du sens et qu’il vous aiderait à lutter contre le Covid-19, sentez-vous libres de vous en inspirer. Sachez toutefois que si vous décidez de vous lancer dans le même bricolage, je vous encourage vivement à vous renseigner quant à la dangerosité des UVC.

Si vous êtes intéressés par les nouvelles technologies, je vous invite à écouter mon podcast Anti-brouillard. Tous les mois, c’est un échange avec un expert pour décrypter une technologie et en comprendre les enjeux. Blockchain, intelligence artificielle, informatique quantique, l’idée est de rendre ces concepts accessibles à tous. Par ailleurs, je publie aussi des “flash” de moins de 10 minutes toutes les semaines pour revenir sur une actualité autour des nouvelles technologies.

Le podcast est accessible sur iTunes, Deezer, Spotify, et sur la plupart des plateformes d’écoute.

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Fabien Roques

Media Lab @TF1 et producteur/animateur du podcast Anti-brouillard