TECH FOR GOOD ? RIEN DE NOUVEAU.
Un des épisodes de la série culte Silicon Valley décrit bien le décalage entre les effets de la technologie et l’intention affichée des entrepreneurs. Cette scène mythique de la Saison 2 où plusieurs sociétés se présentent sur la scène d’un incubateur pour lever du capital et finissent toute la présentation par un « Et nous rendrons le monde meilleur ». Comment a-t-on pu arriver à en rire et pourquoi avons-nous tant de mal à y croire ?
Au cours des dernières années, la technologie a tendu à exploiter les données générées par les humains, afin de s’améliorer de manière progressivement autonome. C’est là l’origine de la comparaison faite par Yuval Harari des humains modernes à des « « Data cows », ie des vaches à données (21 lessons for the 21st century, 2018). De manière provocatrice, l’utilisateur de la technologie — et tout consommateur de services ou produits digitaux — se trouve exploité dans sa vie privée et son comportement de chaque instant. A combien valorisez- vous ce que vous faites, et donc ce que vous êtes ? Quel est le prix de vos données de santé ? L’essor technologique actuel est fondé sur un échange déséquilibré entre les plus grandes sociétés technologiques et leurs utilisateurs, alors que le vrai libéralisme économique, et non oligopolistique– suppose un échange équitable. Dès lors, la technologie peut- elle être réorientée et soumise à l’homme, comme n’importe quel outil ?
Cette aspiration au « Bien » a fondé ce que certains appellent le “Tech for good”, une idée européenne bien récente. Est-ce une n-ième niche marketing pour des fonds d’investissement en mal de retours, de capitaux, ou simplement d’inspiration ? Ou est-ce une volonté authentique pour soutenir des projets qui contribuent au bien-être, à la santé physique, — y compris mentale !, des humains.
Depuis notre lancement en 2014 nous avons toujours gardé une éthique d’investissement immuable: nous soutenons très largement des projets qui ont un impact quantifiable et positif sur la vie et l’activité humaine.
Nous avons ainsi choisi de ne pas investir dans les réseaux sociaux- dont les déviances sont aujourd’hui évidentes, ni dans certaines plates-formes de livraison de repas qui ne font que distribuer une alimentation (le plus souvent froide !) de mauvaise qualité, et qui traitent et paient souvent leurs livreurs de la pire manière (lire ce blog d’un livreur de la société française Frichti : https://blogs.mediapart.fr/jerome-pimot/blog/020519/livreur-velo-lexploitation-la-cool)….C’est pour prendre le contre-pied de ces pratiques que nous avons investi dans Habitat Logistics aux États-Unis, une plateforme équitable qui paye les livreurs au double du prix des autres plates-formes en partageant ses profits avec eux.
Nous avons également refusé toutes les plates-formes de prêt aux particuliers ou aux entreprises dont les taux frôlent l’usure, — ou comment exploiter la détresse de certains entrepreneurs pour leur prêter du capital à des taux supérieurs de 300 à 600% aux taux interbancaires, sous le prétexte de la rapidité. Prêter à ceux qui ne peuvent rembourser est bien pire in fine.
La plupart des fonds d’investissement ne se posent pas la question de l’impact de leurs investissements. Les slogans “flashy” vendant leur amour de la technologie et des entrepreneurs cachent souvent un manque de clairvoyance sur les effets de la technologie. Pire, ils n’assumeraient pas le fait de combiner une volonté de faire le bien avec celui de générer un profit — qui reste le fondement de leur métier.
Nous n’avons pas la prétention d’avoir résolu tous les problèmes issus du progrès technologique. Nous prouvons néanmoins chaque jour qu’il est possible de générer des retours très supérieurs à la moyenne des fonds d’investissement européens en appliquant des règles vertueuses.
Sur les 84 projet investis par notre groupe au cours des 48 derniers mois, nous avons la conviction que leur quasi- totalité génère peu ou pas d’externalité négative sur les humains. Le plus frappant : trois des quatre sociétés de notre portefeuille qui sont valorisées plus d’un milliard de dollars contribuent à une amélioration directe de la vie humaine
À commencer par la société Zipline, qui développe des drones à ailes fixes capables de livrer du sang et des médicaments dans les pays africains, avec un premier test réussi au Rwanda.
Puis Guardant Health, le pionnier des biopsies liquides, qui permet d’identifier des cancers, alors qu’ils ne sont pas encore physiquement constitués en tumeurs. La société aurait sauvé près de 90 000 vies en 2018. A défaut de guérir certains cancers, les repérer très tôt permet de les éviter.
Enfin, Zume Inc, une plate-forme de fabrication de repas et de livraison entièrement automatisée qui permet de massifier la distribution de repas organiques et de très hautes qualités nutritives au plus près des consommateurs.
Les projets dans lesquels nous avons investi nous ressemblent, avec nos aspirations et notre perfectibilité. Ils sont le reflet du sens que nos actionnaires et notre équipe donnent à nos investissements.