Retour sur les Rencontres interprofessionnelles du livre

Story-Makers.net
6 min readJul 11, 2016

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Jeudi 7 juillet 2016, l’Arald (Agence Rhône-Alpes pour le Livres et la Documentation) organisait les premières Rencontres interprofessionnelles du livre, à Lyon.

Les rencontres

Pour favoriser la rencontre entre les acteurs du livre et de la lecture en Auvergne — Rhône-Alpes, l’Arald organise la première édition d’un grand rendez-vous interprofessionnel d’échange et de réflexion sur les problématiques qui traversent le monde du livre aujourd’hui.

Auteurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires, organisateurs de manifestations littéraires, enseignants, documentalistes, associations culturelles… sont invités à cette journée professionnelle, qui se clôturera par un apéritif convivial avec tous nos partenaires et amis.

Temps forts :
— Présentation des récentes études sur les auteurs par Emmanuel Négrier ; présentation du baromètre régional de l’édition et de la librairie indépendante réalisé par l’Arald et du diagnostic économique de la librairie et de l’édition en Auvergne par Le Transfo.
— Présentations Pecha Kucha de projets transversaux et innovants des éditeurs, libraires et bibliothécaires.
— Table ronde sur la lecture chez les jeunes adultes : « Générations X, Y, Z… comme Zéro lecture ? ».
— Rencontres avec les éditeurs, autour de leurs nouveautés et catalogues.
Rendez-vous et échanges à tous les étages…

En tant qu’annuaire des acteurs du livre, nous ne pouvions décemment pas rater cette occasion !

Une matinée de statistiques

La matinée fut consacrée aux statistiques récentes concernant les lecteurs, éditeurs et libraires. Ce fut dense et nombreux sont ceux qui sont sortis de la matinée avec des maux de tête : les chiffres brutes ont tendances à faire cet effet.

Philippe Cammand (Arald) et Emmanuel Négrier (Cepel-CNRS-Université de Montpellier) nous ont offert un condensé des études récentes sur les auteurs, rappelant la précarité du métier et se basant sur les chiffres de l’Agessa et distinguant les “pré-compté” (déclarés par leur éditeur) et les “affiliés” (se déclarant d’eux-mêmes).

Ce que nous en avons retenu :

  • Les auteurs, qu’ils soient affiliés ou pré-compté, voient leurs rémunération diminuer depuis plusieurs années.
  • La majorité des auteurs sont des hommes, en moyenne de plus de 50 ans.
  • Rares sont les auteurs à vivre de leur plume (à parvenir à obtenir l’équivalent d’un SMIC) et l’écriture est bien souvent un métier secondaire.
  • Les activités connexes des auteurs (dédicaces, rencontres, tables rondes, etc.) permettent aux auteurs d’améliorer leurs revenus, à condition qu’elles soient variées.
  • Les activités connexes les plus courantes (dédicaces en tête), sont en général les moins rémunérées (voire non rémunérées tout court).

Narges Temimi (Arald) et Françoise Dubosclard (Transfo) nous ont ensuite présenter leurs baromètres de l’économie du livre en Rhône-Alpes et en Auvergne. Une étude statistique très complète, donnant une vision assez générale sur l’activité des éditeurs et des libraires de la région. Ces études ont été réalisées auprès de 200 libraires indépendants de Rhône-Alpes, 100 maisons d’édition en Rhône-Alpes et 46 éditeurs de contenu en Auvergne.

Étant donné qu’il s’agit surtout de statistiques brutes, nous vous conseillons très fortement de vous procurer ce baromètre, auprès de l’Arald, si vous êtes intéressés.

Certaines données ont particulièrement retenues notre attention :

  • 62.5% du chiffre d’affaire (CA) de l’édition de Rhône-Alpes est généré par le groupe Glénat.
  • 2 éditeurs sur 5 ont des activités complémentaires.
  • 100% des éditeurs ont un site web (et ça, ça nous fait plaisir).
  • 64.8% des éditeurs délègue les tâches de diffusion et de distribution à un tiers
  • 38% des éditeurs ont un catalogue à la fois papier et numérique
  • 16% du CA des libraires (vente de livres neufs) est généré par le groupe Decitre
  • 99% des librairies organisent des animations culturelles (majoritairement des dédicaces et des rencontres)
  • 90% des libraires utilisent un outil de communication web (67% sont sur Facebook et 53% ont un site vitrine)

Un monde du livre en mouvement

L’après-midi est également partie sur des chapeaux de roue : 13 projets liés au livre et à l’édition nous ont été présenté, sous forme de Pecha Kucha de 5 minutes.

Des projets éditoriaux passionnants et originaux, comme le magazine Georges (kits vitrine et animations pour libraires et bibliothécaires, pour les enfants de 7 à 12 ans, avec des thèmes originaux et décalés), les éditions Oui’Dire (adaptation sur disque du travail des conteurs), les éditions du Miroir (vulgarisation sociologique via les beaux livres), la collection Les Feux Follets (au modèle économique souple : 3 livres par an, vendus à l’unité ou par abonnement) et une présentation des revues en Rhône-Alpes (et pour tout savoir sur les revues, nous vous conseillons le petit guide de la revue, de l’Arald).

Ont également été présenté des projets de regroupement d’éditeurs et de libraires :

  • les Indés de l’imaginaire : les éditions Mnémos, ActuSF et Les Moutons Électriques se sont regroupées pour mettre en commun leur communication, leur distribution et leur diffusion. Une expérience réussie pour ces trois maisons amies, fonctionnant de manière collégiale. À trois, tout leur est plus facile (ou presque), et plusieurs projets communs voient le jour (une collection poche commune, Hélios, et un label ados et jeunes adultes, Naos).
  • Le Dépôt Imaginaire : Un collectif régional d’édition, de promotion et de diffusion. Dans les faits, c’est aussi un lieu “vitrine” pour une douzaine de maisons d’édition, avec des expositions d’illustrateurs connus ou méritant d’être plus connus, des rencontres, des dédicaces, etc. En bref, un lieu de vie passionnant et convivial (où nous allons de plus en plus régulièrement ;) ).
  • Le Gecla : outil mutualisé d’un réseau de libraires solidaires.

Des projets web :

  • Droits.info est un projet web permettant aux maisons d’édition de gérer simplement les droits de leurs auteurs et les contrats pour environ 400€/an (le site sera disponible en septembre 2016).
  • 1D Touch et le projet 1D Book : 1D Lab ouvre son projet 1D Touch au livre,après avoir fait ses preuves dans le monde de la musique.
  • Accessibilité et numérisation de la presse ancienne : Alizé Buisse de l’Arald nous partage son expérience de transformation de scans de journaux anciens de format images vers des fichiers ePubs utilisables par le plus grand nombre.

Et un petit coup de cœur personnel : Donnez à lire ! En partenariat avec le secours populaire, des librairies partenaires ont permit à des lecteurs d’acheter un livre jeunesse pour l’offrir à un enfant ou un adolescent.

La lecture chez les jeunes : question récurrente

Générations X, Y, Z… Comme Zéro lecture ?

Malgré le titre de la table ronde, ce fut, pour nous, la grande surprise de cette journée !

Cette table ronde, modérée par Thierry Ermakoff (Enssib), accueillait Christine Détrez (écrivaine et sociologue), Cécile Mansour (Professeure de lettres/histoire en lycée professionnel), Olivier Zerbib (Maître de conférence et professeur de sociologie) et Pauline Torbaty-Crassard (responsable des partenariats de #VendrediLecture).

Un constat est partagé par les quatre intervenants : les 12–18 ans lisent peu de romans… Mais c’est tout à fait normal ! À un âge où la sociabilisation est le maître mot, ces jeunes se tournent vers d’autres activités ou d’autres formes de lectures, tels que les mangas, bandes dessinés ou les comics, mais cela ne les empêche pas de lire de gros volumes si la passion les anime. On pense notamment aux sagas Twilight, Harry Potter et autres ouvrages adaptés au cinéma ou en séries.

Il est à noté que la plupart des jeunes interrogés tiennent fortement à la lecture et, même s’ils ne la pratiquent pas, ils ne s’imaginent pas abandonner ce loisir.

Une conclusion qui a donné le sourire à l’assemblée : les jeunes sont comme les adultes, ils ont des périodes où ils ne lisent pas ou moins… Dans leur cas, c’est en général la période du collège et du lycée, où ils n’en ont simplement pas le temps.

Des rencontres professionnelles

Cette journée fut également l’opportunité de (re)découvrir certaines maisons d’édition et de faire la connaissance de nombreux acteurs de la grande chaîne du livre (faut-il dire “Interprofessionnelle du livre”, désormais ?).

Ce fut également l’occasion de présenter Story-makers à certains d’entre eux, notamment les booktubers /blogueurs présents, dont la pétillante Cassandra/Croque-les-mots, la (pas si) sauvage Bulledop et Hélène Ptitelfe qui nous suit depuis OctoGône 2015 !

Comptes-rendus

Nous ne sommes bien sûr pas les seuls à avoir fait un petit compte-rendu de l’événement ! En voici quelques-uns et, bien sûr, prévenez-nous si vous en trouvez d’autres !

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