L’histoire du club secret de trains miniatures sous la Gare de l’Est

Avec des vrais accros au rail

TARGO
4 min readJun 11, 2018

“Je peux vous aider ?” Les piétons égarés, le gardien du parking en gilet jaune a plutôt l’habitude de les voir le week-end. Car en temps normal, le club de trains miniatures du sous-sol de la Gare de l’Est n’ouvre ses portes au public que le samedi et le mercredi. “Oui, on cherche le club de l’AFAC, on a rendez-vous avec Rafael.” “Ah oui, niveau -1 porte n°9 puis vous suivez les escaliers.”

Sur la porte n°9, un interphone “AFAC” est effectivement plongé dans la quasi-obscurité. Driiiiing. Pas de réponses. Quelques secondes plus tard : beeeeep. La lourde porte blanche s’ouvre. Au bout des escaliers, un vieux monsieur somnole derrière l’accueil. “On a rendez-vous avec Rafael.” “Ah oui attendez, je vais le chercher.”

C’est sous la salle des pas perdus de la Gare de l’Est que le club de modélisme de l’AFAC (Association Française des Amis du Chemin de fer) a posé ses valises en 1938. Occupé par les nazis pendant la guerre, le local secret connaît un second souffle une fois la France libérée. Entre 1946 et 1955, trois gigantesques maquettes sont créées. Depuis, quasiment rien n’a bougé.

Quelques minutes plus tard, Rafael apparaît enfin au fond du couloir. “Ah bonjour ! Vous avez trouvé facilement ? Attendez je vais vous faire visiter !” Rafael est l’un des plus jeunes de la bande. “J’avais l’habitude d’aller voir les trains avec ma mère quand j’étais petit et c’est un conducteur de la Gare de l’Est en haut qui m’a indiqué la présence d’une association qui faisait rouler des trains miniatures sous cette gare. Le samedi suivant je suis allé voir l’association et depuis, je la fréquente assidûment”, raconte le trentenaire qui a officiellement rejoint le club en 1991.

Thierry et Rafael, membres de l’AFAC — TARGO.

Il passe la première porte battante. “Donc ça c’est la pièce du réseau 1/86,5, que je manipule. Et là-bas c’est les deux autres maquettes, les 1/30 et 1/43,5.” Au fond du local, une dizaine de passionnés nettement plus âgés que Rafael fourmillent au milieu des maquettes. La pièce est un joyeux bazar. Des vieux panneaux et des affiches issus du réseau ferroviaire français débordent des murs usés du local.

La Gare miniature de St-Aubin — TARGO

Ce soir, c’est Thierry, gilet sans manche et lunettes d’aviateur sur le nez qui est au commande du plus grand des réseaux miniatures. Chewing-gum en bouche, il zigzague frénétiquement entre le tableau de bord et les rails. “Quand on conduit des trains à l’échelle 1/1 ou 1/43,5 il faut de la rigueur, il faut pas faire n’importe quoi.” Thierry a l’habitude, l’ancien cheminot vient ici “depuis l’âge de 8 ans”. “Jamais quand j’étais enfant j’aurais pensé pouvoir venir ici et entretenir ce réseau quoi”, explique le retraité entre deux coups d’œil à la locomotive électrique entrain de circuler. “Je dis pas que c’est un rêve qui s’est réalisé mais bon pas loin quoi.” Le train vient de passer la gare en carton de St-Aubin, où une petite femme en plastique retient sa fille par la main. La grosse main de Thierry vient stopper la course du wagon. “Désolé je dois faire vite ma femme m’attend.”

Thierry, membre de l’AFAC — TARGO

“Je vous montre ma salle ?”, propose Rafael, qui observe la scène de l’autre côté de la pièce. Plus petite mais plus détaillée, la maquette sur laquelle conduit Rafael est protégée par une vitre en plastique. “Signal rouge, fermé, stationnaire” Gling gling, un wagon orange vient de partir “de Paris”. Zzzzzz, il s’élance à toute vitesse entre les petits arbres en plastique et les fausses lignes à haute tension. “Cette rame coûte plus de 200 euros, c’est ma préférée !” Directeur de magasin bio le jour, conducteur de petits trains le soir, Rafael reconnait que le “modélisme ferroviaire est parfois vu de façon péjorative” par les gens qu’il côtoie. “Il ne faut pas limiter ce passe-temps qu’aux petits trains. C’est évidemment un plaisir et un jeu mais au-delà de ça c’est une porte ouverte vers l’extérieur.”

Il explique que régulièrement, des jeunes passent au local pour apprendre et entretenir le réseau.”Avant, je voulais collectionner un maximum de trains, j’étais avide de toutes les nouveautés et maintenant je suis plus dans la volonté de transmettre.” Le train vient d’arriver “dans la fausse Gare de l’Est” en carton-pâte. “Attendez je vais vous montrer le réseau de nuit.” Il appuie sur l’interrupteur prêt de la porte. Les petites lumières des lampadaires des quais miniatures s’allument.

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