Créer sa boite : quand la vraie vie te rattrape…🧐

Maui QUIRANT
7 min readMar 3, 2018

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Je vais commencer cet article en posant une question simple :
Comment survivre lorsqu’on crée une entreprise à 21 ans sans grands revenus ni grandes économies ?

Je vous explique, je m’appelle Maui et j’ai 21 ans.
Je baigne dans l’entrepreneuriat depuis mes 17 ans et après plusieurs projets avortés, il semblait naturel que je sorte enfin quelque chose de concret !

Pour mieux comprendre le problème on va remonter un petit le temps, histoire de vous expliquer mon parcours.

Juin 2011 : J’ai quitté mes parents (à l’autre bout du monde) pour venir étudier seul en France. J’avais 15 ans.

Août 2014 : CAP en poche, c’est durant la dernière année de Bac Pro Ebénisterie que je m’intéresse à l’entrepreneuriat en dirigeant certaines actions de la MDL (Maison Des Lycéens) qui me permettent alors de faire une rencontre qui va changer le cours que prenait ma vie.

Juillet 2016 : Diplômé de BTS NRC (Négociation Relation Client) et terminant major de promo. Je portais à cet époque un projet qui est aujourd’hui rangé dans un dossier qui me sert à caler mon bureau…Deux ans à toute allure qui m’ont plongé à fond dans l’entrepreneuriat et les concours de négociation.
J’ai terminé 300e et des poussières (sur plus de 16.000 candidats) lors du concours “Les Négociales”, j’ai participé à un “Startup Week-end” où il m’aura fallut pitcher devant 400 personnes avec 10 slides et 10 mots seulement pendant 5 minutes, ou encore j’ai été meilleur négociateur de France dans la catégorie BTS NRC…
OK..OK…j’arrête de me vanter pardon ! Mais je suis entrepreneur donc j’ai forcément un égo surdimensionné ! #cliché #àbonentendeur

Juin 2017 : Je boucle enfin la boucle. C’est la fin de mes études avec une Licence Pro Création et Reprise d’entreprise. Inutile comme formation au passage (selon moi) : j’ai beaucoup plus appris en étant autodidacte plutôt qu’assis sur un siège à écouter des gens parler. Cette dernière année était en alternance dans une entreprise innovante du médical.

Mars 2018 : Voila un an et demi que je travaille sur un projet qui se transforme aujourd’hui en création d’entreprise. Une application de rencontres innovante qui sera disponible sur iOS et Android officiellement début avril.
Nous sommes 2 et suivis par une pépinière d’entreprises innovantes.

Ça c’était pour le petit historique !

Maintenant, intéressons nous au faits…
En juillet 2017 je me suis mis exprès au chômage pour pouvoir travailler à temps plein sur l’application. Mais comme tout projet, mon associé et moi avons dû faire face à quelques difficultés techniques, personnelles et temporelles et donc reporter la bêta avec la phase de test puis le lancement final de l’appli.
Mais n’ayant travaillé que 8 mois en alternance (le temps qu’a duré ma licence), l‘État ne m’a donc logiquement accordé que 8 mois d’allocations.

Mon chômage se termine en juin et nous sortons l’application en avril.
Même si nous avons déjà un “business model” cohérent, soyons réalistes, nous n’allons pas monétiser l’appli (achats in-app) tant que nous n’aurons pas atteint un seuil d’utilisateurs actifs permettant de valider l’idée auprès d’une communauté.

Puis un soir dans mon lit j’ai réalisé que 2 mois ça allait faire court…

Je me suis donc logiquement tourné vers les différentes aides possibles (pour ma situation personnelle et non la création d’entreprise) qui, avouons-le, sont nombreuses en France.
Voici la liste de ce dernières (spécifiques à mon cas) et mon éligibilité ou non : (Légende : ⛔️ inéligible, bénéficiaire, 🔄 en attente de réponses)

  • RSA Jeunes ⛔️
    - soit avoir au moins un enfant à charge ;
    - soit avoir travaillé pendant au moins 2 ans (activités salariées ou non), comptabilisés en heures de travail soit un total de 3 214 heures de travail précédant la demande de RSA et vous devez fournir les pièces justificatives de vos activités professionnelles durant ces deux années.
    8 mois d’alternance donc impossible d’y prétendre…pourtant je n’ai pas “rien branlé” puisque avant j’étais dans les études !
  • ARE (Aide au retour à l’emploi) ✅
    J’en bénéficie puisque ce sont mes allocations chômage.
    Montant du jackpot ? 435€/mois !
  • ARPE (Aide à la recherche d’un premier emploi) 🔄
    L’ARPE est une aide financière destinée à accompagner les jeunes diplômés de l’enseignement scolaire, de l’enseignement supérieur ou issus de l’apprentissage, lors de la recherche d’un premier emploi.
  • Versée pendant une durée maximale de 4 mois, son montant s’élève à :
  • 200 € pour les personnes ayant obtenu un diplôme de l’enseignement scolaire à finalité professionnelle ;
  • 300 € pour les personnes ayant obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur à finalité professionnelle par la voie de l’apprentissage ;
  • l’équivalent du montant de la bourse sur critères sociaux perçue lors de la dernière année d’études (entre 100 € et 555 €) pour les personnes ayant obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur à finalité professionnelle sous statut d’étudiant.

Elle concerne les personnes nouvellement diplômées à la recherche d’un premier emploi, boursières lors de la dernière année d’obtention du diplôme, ou sous condition de revenus pour les diplômés par la voie de l’apprentissage.
Yes ! Là je suis éligible ! Ça ne me sauverait pas mais ça me permettrait de survivre (vous comprendrez pourquoi plus bas) 4 mois après la fin de mes allocations chômage.

  • La CAF (Allocations logement) ✅
    Comme la majorité des jeunes j’en bénéficie déjà.
  • Fonds départementale d’aide aux jeunes en difficultés ⛔️
    pour en bénéficier, vous devez être salarié de moins de 25 ans en situation financière critique ou étudiant non boursier ;
  • vous ne devez plus vivre chez vos parents et être en situation de rupture familiale ;
  • rendez-vous à la mission locale de votre ville pour être aidé.
    Je ne suis pas en situation de rupture familiale, ni salarié, dommage…la prochaine ?
  • La prime d’activité ✅
    J’en bénéficie également (à peu près 100€/mois)
  • La couverture maladie universelle complémentaire 🔄
    Demande en cours d’étude !

Bon et si on résumait un peu après tout ça ?!

Ce que je dois :

  • Loyer : 300€
  • Eau/Electricité/Courses/Essence/Assurances/Internet/Téléphone : 350€
    (sans compter les frais chaque mois liés à la création de la société)

Sous-total → 650€

Ce que je touche :

  • Allocations chômage : 435€
  • CAF/Prime d’activité : 200€

Sous-total → 635€

Total → -15€

Je dois plus que je ne dépense, YEEEEEAAAAAAH !!!!!

MAAAAAAAIIIIIIIS ! Il me faut être honnête à 100% donc il faut savoir que mes parents me payent mon loyer pour m’aider. J’ai la chance d’avoir des parents qui peuvent m’aider financièrement et surtout qui croient en mon projet et mes capacités. Je ne les remercierai jamais assez pour ça.

Après l’aide de papa et maman :

Total → 285€
Ce reliquat permet surtout de pouvoir payer les quelques frais de création de la société. J’ai également la chance d’avoir un réseau professionnel et donc des bons contacts qui croient en mon projet et m’aident pour presque rien (comme mon comptable !).

Maintenant passons à la dernière partie, la plus croustillante !

En Juin mes parents vont arrêter de m’aider car ils ont déjà fait beaucoup pour moi et ont des projets eux aussi (comme rentrer en France !).

Donc on refait le calcul ? Alleeeeeez si, juste pour le fun !

Ce que je devrai :

  • Loyer : 300€
  • Eau/Electricité/Courses/Essence/Assurances/Internet/Téléphone : 350€

Sous-total → 650€

Ce que je toucherai :

  • CAF/Prime d’activité: 200€

Sous-total → 200€

Total → -450€

La vie c’est dur…

CONCLUSION : (Elle vaut le coup !)

Je suis dans une situation, une sorte de “faille” liée à ma situation (exceptionnelle ?), qui fait que je ne peux pas bénéficier d’aides telles que le RSA jeunes par exemple car au yeux de l’État je n’ai pas assez “travaillé” visiblement…Voilà le topo.

2 solutions s’offrent à moi à partir de Juin :

  • Je suis réellement à la rue, mais réellement oui, c’est pas une blague.
    (mais je suis chef d’entreprise wouhouuuuuuu !)
  • Je vais me bouger deux fois plus le cul et je vais trouver un travail (quitte à le quitter 6 mois plus tard si l’appli cartonne, ce qui serait ballot).
    Cette solution serait idéale au niveau financier, mais si on sort une appli et que je n’ai pas vraiment le temps de faire une bonne communication, tout le travail fourni n’aura servi à rien.
    C’est aussi idiot dans le sens où en allant travailler je donnerai moins de chance à mon entreprise d’aller au plus haut alors que je travaille dessus à fond depuis plus d’un an et demi.
    Tout ce travail pour rien de concret au final ça me ferait bien chier !

Bref, il faut savoir que j’irai travailler avec grand plaisir car je suis un bosseur, mais ça me ferait simplement chier (pour parler français wesh) de passer moins de temps dans mon entreprise ou j’ai investi du temps déjà, de l’argent et presque toutes mes économies…

La vie d’entrepreneur c’est un peu ça…un coup de massue de temps en temps !

Cet article n’a pas pour but d’attirer de la pitié ou de la compassion, loin de là.

Je ne suis pas également en train de me plaindre car j’ai conscience qu’en France nous avons beaucoup d’aides qui peuvent nous permettre de nous en sortir et nous sommes chanceux de pouvoir en bénéficier.

Je me “moque” simplement (mais gentiment) de ma situation un peu farfelue car je ne rentre dans aucun des critères pour être éligible à la plupart des aides (personnelles )qui pourraient me permettre de donner un maximum de chance à mon entreprise en me libérant du temps !

Surtout que nous allons obtenir des subventions pour la communication (et exclusivement pour la com) à hauteur de quelques dizaines de milliers d’euros. Donc on a vraiment tous les ingrédients pour réussir. Sauf qu’il y a une seule chose qu’on ne peut pas acheter et qui aujourd’hui me serait bien utile : le temps.

En ce moment on met les réussites entrepreneuriales en avant, mais avant d’y arriver il y a un long (très long même) parcours du combattant parfois. Des doutes, du stress, des peurs, des joies ou des pleurs. Il faut en être conscient, c’est tout.

“Avoir envie de réaliser un rêve, c’est le talent. Le reste, c’est de la sueur.”
J.Brel

Donc si vous hésitez à vous lancer, sachez juste qu’il faut en être conscient.
Vivre ses rêves à un coût.

Je suis un enfant de la génération #MêmePasPeur, et vous ?

Tout est dit.

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Maui QUIRANT

Entrepreneur depuis l’âge de 17 ans et passionné d’entrepreneuriat. J’adore créer et lire les articles qui passent mais surtout en écrire !