Revue UX #6

Facebook versus fake news, UX de rue et logos efficaces

Guillaume Tarsiguel
6 min readNov 10, 2017

Novembre 2017 — semaine 46
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Bonjour ! Je suis Guillaume Tarsiguel, UX designer chez Bloomin, et, chaque semaine — à peu près — , je vous partage, ma vision sur l’actualité et les tendances du design UX, sur l’Internet et au-delà.
C’est parti pour la revue UX #6 !

📰 L’actualité de la semaine

Facebook vs fakes news

(article en anglais, 5 minutes de lecture)

Le mois dernier, Facebook annonçait tester une mesure pour lutter contre les fake news qui pullulent sur son réseau.
L’idée est simple : donner du contexte aux informations partagées sur Facebook. Il serait possible d’évaluer la crédibilité de chaque article grâce à un bouton “info” donnant accès à des informations comme la source ou les articles connexes.

Un nouveau bouton “information” en test sur les articles Facebook (source Facebook)

D’après le modèle comportemental de Fogg, trois critères sont nécessaires pour provoquer un comportement : motivation, capacité, et élément déclencheur.
Ici, le comportement voulu chez l’utilisateur est la vérification des articles qu’il ou elle souhaite partager. La motivation existe déjà chez l’utilisateur : l’intégrité, la volonté de partager la vérité plutôt que le mensonge. La capacité de le faire est déjà présente elle aussi : on peut rapidement vérifier les sources d’une information en quelques recherches sur Internet.
Ce qu’il manque aujourd’hui est le troisième critère : le déclencheur. Et c’est justement ce à quoi Facebook souhaite remédier avec ce nouveau bouton “information”.

Le modèle comportemental de Fogg (source www.behaviormodel.org)

En offrant ainsi la possibilité de vérifier une information à portée de clic, Facebook inciterait grandement ses lecteurs à s’y intéresser — et je suis convaincu de l’impact qu’aurait la simple présence d’un petit bouton dans un coin.
En l’absence de ce bouton, on ne pense hélas pas systèmatiqument à vérifier ses informations. C’est un adage populaire très vrai en design d’interface : “out of sight, out of mind” (“ce qu’on ne voit pas, on n’y pense pas”).

💡 La bonne pratique de la semaine

Prévoir les problèmes de connexion de ses utilisateurs

Sur Twitter, quand un utilisateur souhaite envoyer un message alors qu’il ou elle est hors-ligne, le message n’est pas perdu ; une fonctionnalité propose de copier le message dans le presse-papier.

source littlebigdetails

Cette fonctionnalité, loin d’être anodine, évite dans certains cas la grande frustration de perdre un long message que l’on vient d’écrire.
La bonne idée à prendre ici est de considérer tous les cas d’usage de son interface. Trop souvent des designs d’interface ne prévoient que les cas d’usage idéaux ; or c’est en prévoyant également les cas d’usage limite (perte de connection, batterie faible, environnement bruyant, etc.) qu’une interface peut réellement offrir une expérience positive en toute circonstance.

📊 La statistique de la semaine

Memento logo

Vous avez un papier crayon sous la main ? C’est bon ? OK, sans tricher, prenez quelques secondes pour dessiner le logo de Carrefour.
Carrefour, vous connaissez, bien sûr. Et son logo, on le voit souvent… alors le dessiner, ça doit être facile, non ? Essayez donc avant de lire la réponse plus bas.

Voici la bonne réponse :

Alors, vous l’aviez ? Le “C” en négatif, les bonnes couleurs ? Si oui, bravo ! Si non, rassurez-vous, vous êtes loin d’être seul(e).

En effet, c’est ce qu’indique une étude réalisée par l’agence Signs pour savoir selon quels critères on se rappelle plus ou moins d’un logo. Pour ce faire, ils ont demandé à plus de 150 personnes de dessiner, de mémoire, les logos de 10 grandes marques internationales ou américaines, telles que Ikea, Target ou Starbucks.

Mêmes clients de Starbucks, les sujets ont eu du mal à redessiner fidèlement son fameux logo

Les conclusions de l’étude sont résumées dans ce tableau synthétique :

Les sujets étant américains, les résultats sont bien sûr assez spécifiques aux États-Unis, notamment vis à vis de marques qui ont peu franchi les frontières comme Walmart ou Seven Eleven. On peut tout de même généraliser quelques conclusions de cette étude, à savoir :

  • Être client régulier d’une marque ou non n’influe pratiquement pas sur la mémorisation et la reproduction du logo… Un bon logo est vu et retenu en un clin d’œil, et le voir affiché partout ne va pas changer grand chose à cette première impression.
  • Les logos les plus simples sont les plus facilement retenus et reproduits : moins de couleurs, moins de formes complexes. Cela semble assez logique, d’ailleurs voyez à quel point il est difficile de se rappeler du logo de Starbucks, comparé à celui d’Ikea ou de Target !
  • En moyenne, 80% des participants ont trouvé le bon jeu de couleurs pour les logos. Cela rejoint l’idée que l’on retient davantage l’idée qu’un logo véhicule plutôt que sa composition précise.
Le swoosh, célèbre logo de Nike

Pour une marque destinée au grand public, choisir son logo est crucial.
Un bon logo forge une première impression réussie, et exprime l’identité de la marque en une fraction de seconde — encore faut-il être connu et reconnu. Cette étude semble montrer que, pour avoir un logo dont on se souvient, il est important d’avoir un jeu de couleurs reconnaissable et cohérent, ainsi que des formes simples. Une marque reconnaissable en quelques couleurs (Ikea, Mac Donald’s) ou en un symbole (Nike) dispose là d’un grand impact.

Ça tombe bien, chez Bloomin, notre logo est justement une forme simple, avec seulement deux couleurs. A priori vous devriez pouvoir vous en rappeler facilement 😇

Qu’en pensez-vous ?

Je vous conseille vivement d’aller jeter un œil à l’étude complète sur le site Branded in Memory (en anglais, de 5 à 20 minutes de lecture), par ailleurs très agréable à lire, intéressant, et interactif— vous pourrez même tester vos propres connaissances sur les logos en fin d’article !

📷 L’image de la semaine

UX de rue

Je parlais, dans ma revue UX #2, des lignes de désir, ou comment un utilisateur réinvente un outil et s’en sert hors du cadre prévu lors de sa conception.
Ces lignes de désir sont souvent riches en inventivité, et on peut en voir des exemples partout dans notre quotidien !
Ci-dessus, un bel exemple trouvé dans une rue parisienne : des poubelles transformées en râtelier d’appoint pour les vélos.

D’après vous, cet usage avait-il été initialement prévu par les concepteurs de la poubelle ? Dites-moi ce que vous en pensez, et on se retrouve pour la prochaine revue UX !

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Guillaume Tarsiguel

UX designer • interested in ethics in design, human-computer interaction, and emoji cryptology 👽• www.guillaumetarsiguel.fr