Projet scolaire : Développer une application mobile en deux mois.

Thomas Alibert
5 min readMar 28, 2017

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Je n’ai pas l’intention de donner ici une recette pour garantir la réussite de la conduite de projets. D’abord parce que je ne prétends pas détenir d’expertise en la matière et ensuite parce que ce n’est pas ce que j’ai envie de raconter. J’aimerais simplement retracer le déroulement d’un exercice pas comme les autres et au cours duquel j’ai pris beaucoup de plaisir ;)

Il s’agissait ici, pour plusieurs groupes de l’IAE Caen, de développer une application mobile en coopération avec des étudiants de Licence Informatique. Ce qui ressemblait à un simple projet technique s’est révélé être une véritable simulation de startup.

Les projets étaient le fruit de propositions des étudiants. Et s’il y a bien une chose que j’ai apprise en m’intéressant à l’écosystème des startups, c’est qu’un business n’est pas créé sur la base d’une idée mais sur celle d’un problème. Or ça tombe bien, un étudiant a plein de problèmes.

Dans mon cas, le problème s’est révélé après avoir décroché un job d’été chez Decathlon. Les locaux sont loin de chez moi, je n’ai pas de voiture et les transports en commun sont à peu près aussi efficaces qu’une dinde essayant de résoudre une équation à deux inconnues, bref … je vais en chier pour rejoindre leurs locaux !

Et si on développait une application permettant aux salariés d’une même entreprise de covoiturer ensemble ? Let’s do this !

Le lean startup :

L’objectif est simple, développer un MVP (minimum viable product) en moins de deux mois et le mettre le plus vite possible entre les mains de ses clients / utilisateurs afin de tester et valider un certain nombre d’hypothèses.

Le tout figure ainsi un cycle itératif favorisant la satisfaction des clients et la réactivité de l’équipe chargée de développer le produit dans le but d’atteindre un product market fit. Plus grossièrement, on n’attend pas d’avoir un produit parfait. On lance au contraire quelque chose d’assez simple que l’on fera évoluer au fur et à mesure que l’on récolte du feedback.

Si nécessaire, le retour d’informations de la part des clients doit amener la startup à pivoter, à réévaluer sa proposition de valeur dans le cas où elle réaliserait que son produit ne répond à aucun besoin.

Le premier outil issu du lean startup est le business model canvas. Il s’agit d’une matrice composée de neufs cases permettant une représentation visuelle de la manière dont l’entreprise entend créer et capter de la valeur (proposition de valeur, clients, coûts, revenus …).

Chacun des membres de l’équipe participe dans l’élaboration du business model en dessinant / collant des post-it dans les cases. Une vision globale se dégage alors de l’implication de chacun et l’équipe s’anime autour de cette vision.

“Fake it ’til you make it” :

En attendant que notre MVP soit au point, nous voulions rencontrer nos clients le plus vite possible afin de les convaincre de l’intérêt de notre solution. Et dans ce cas, la meilleure façon de convaincre c’est de mettre directement entre les mains des gens un produit fini … ou en tout cas leur en donner l’illusion.

Or il existe aujourd’hui un certain nombre de solutions qui ne requièrent pas de connaissances en code et permettent de simuler l’existence du produit quand il s’agit en réalité de simples visuels interactifs, on parle de mockups.

Dans un premier temps, toute l’équipe s’est mise d’accord sur les principales features que nous voulions dans notre appli. Puis nous avons dressé grossièrement un schéma de notre interface utilisateur sur une maquette papier (wireframe).

Il existe ensuite un grand nombre de logiciels permettant de pousser la maquette plus loin au point de la faire ressembler à un produit fini et déployable.

J’ai personnellement utilisé Sketch, un logiciel de design d’interface mobile sur Mac, une véritable tuerie. Je recommande vivement leur site (https://www.sketchappsources.com), une collection d’éléments d’UI, d’icônes etc. pour vous aider à prototyper le plus rapidement possible.

Ce qu’il est possible de faire avec Sketch

Reste à insuffler un peu d’âme dans tout ça en y mettant des animations. Un peu comme si l’application fonctionnait pour de vrai … sauf que non.

C’est là qu’il est temps de switcher sur un outil à partir duquel vous allez importer vos mockups statiques pour les mettre en lien les uns avec les autres pour simuler une interface utilisateur. Pour ça, vous n’aurez que l’embarras du choix car il existe un paquet d’alternatives (Invision, Marvel, Proto.io …).

Et puisque mon pote Confucius dirait : “une image vaut mille mots”, vous pouvez vous rendre ici pour mieux comprendre : https://invis.io/YBAF2OTA2

La landing page :

Nous nous sommes ensuite lancés sur la création d’une landing page afin de récupérer des mails et générer des leads. Pour faire court, une landing page est une page web qui se diffère d’une home page en ce qu’elle sert à convaincre une cible précise, démarchée dans le cadre d’une campagne ciblée.

Une landing page doit aller à l’essentiel et sa composition s’en ressent. On y trouve la proposition de valeur qui doit tenir en une phrase, un discours ou plusieurs points pour étayer la proposition de valeur (optionnel) et un call to action. Ce dernier prend généralement la forme d’un bouton et est destiné à inciter l’utilisateur à effectuer une action comme s’inscrire à une newsletter, entrer ses coordonnées, télécharger une appli …

Tout doit mener à ce call to action, l’objectif d’une landing page est de convertir, c’est tout.

Il existe là aussi plusieurs outils pour réaliser une landing page, dont la plupart ne nécessitent pas de savoir coder (Strikingly, Squarespace …)

Vous trouverez notre landing page ici ;) : http://coboite.fr

Résultat :

En deux mois nous avons convaincu 3 entreprises pour faire tourner une bêta chez eux. Au total, elles rassemblent plus de 900 salariés qui sont autant d’utilisateurs potentiels. Fun fact : l’un des directeurs d’une de ces entreprises a été tellement emballé qu’il veut s’associer avec nous !

L’exercice s’est clos par un pitch devant un jury composé, de représentants d’incubateurs, chefs d’entreprise, investisseurs puis une simulation d’un salon de crowdfunding. Et nous avons remporté les deux !

Ce fut l’occasion de vivre un projet passionant et exaltant. Je pense que si la plupart des projets scolaires laissent les étudiants de marbre c’est parce qu’ils se ressemblent plus ou moins et sont presque standardisés. Ici, le sujet était singulier et développait des thématiques pour la plupart inconnues. Les enseignements tirés sont tangibles et franchement … c’est de la bombe.

Team :

Juste un dernier mot pour dire qu’au-delà de tout ça nous étions une équipe de dingue. Tout le monde s’est défoncé sur ce projet et la confiance régnait au sein du groupe ! Alors encore un grand merci à vous les gars pour tout ce que vous avez fait, vous avez été GR-AN-DI-OS-ES ;) !

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