La technique du canard en plastique

Un excellent outil pour le rédacteur, le chef de projet et le développeur

Thomas Gadroy
3 min readMay 13, 2020

La technique du canard en plastique” est une technique bien réelle, inventée et utilisée par les développeurs.

L’idée ? Le développeur garde près de son écran et de son ordinateur un petit canard en plastique.

Parce que cet objet en apparence ridicule peut l’aider à résoudre des bugs et des problèmes complexes.

(Oui exactement : le canard en plastique jaune que vous imaginez)

La plupart des gens sous-estiment à quel point le métier de développeur est complexe. Et, plus particulièrement, à quel point le code sur lequel ces développeurs travaillent peut se montrer complexe.

Imaginez un texte de loi qui aurait été écrit en 1500. Au fil des années, on est venu ajouter des amendements, des corrections, des éditions et des modifications.

Le développeur, lorsqu’il intervient sur du code, doit créer des “amendements” compatibles et cohérents avec l’historique et avec tout ce qui a été ajouté avec le temps.

En tant qu’utilisateur, lorsque nous ouvrons Netflix ou Twitter ou Facebook, le service nous paraît extrêmement simple. Et c’est normal : des experts ont travaillé dur pour donner cette impression de simplicité.

Mais la moindre action que nous faisons est gérée par plusieurs lignes de codes. Afficher des éléments. S’inscrire. Générer un mot de passe sécurisé. Retrouver un mot de passe perdu.

Le développeur doit écrire, ligne par ligne comment le service en ligne doit se comporter exactement dans chaque situation.

Bref : il n’y a rien d’étrange à ce qu’un développeur, après avoir écrit du code se retrouve face à une erreur et doive se poser pour comprendre pourquoi le code ne se comporte pas comme le développeur l’avait prévu.

Il attrape alors son canard en plastique et se met à lui expliquer, ligne par ligne, le code qu’il a créé et la manière dont ce code aurait dû fonctionner.

“Bon la première ligne la, elle…

Puis la ligne suivante…

Et du coup la ligne d’après…”

Le côté magique de cette technique, c’est qu’elle marche.

Le fait de s’arrêter et sortir la tête du guidon pour expliquer à une autre personne ce que l’on vient de créer, pourquoi et comment aide très souvent à identifier la source du problème.

En expliquant à voix haute, on identifie des micro-éléments ou des failles sur lesquelles on est passé trop vite et qui sont en fait la cause du problème.

Le canard en plastique dans l’écriture

En tant que rédacteur, j’aime beaucoup cette tactique car, vous l’aurez compris, elle s’applique parfaitement au monde de l’écriture.

Quand j’écris un contenu (un article de blog, un livre blanc voire même un e-mail un soupçon stratégique), il m’arrive souvent de m’arrêter parce que quelque chose ne va pas.

Le texte n’est pas bon. Ça ne sonne pas juste. L’information ne passe pas. Je ne suis pas convaincu. Il manque quelque chose.

Bref : il y a un bug.

Dans ces cas-là, j’essaye la technique du canard en plastique. Et, à défaut de canard, je lis le tout à voix haute.

Et je commente au fur et à mesure.

J’explique ce que je suis en train d’essayer de faire.

Quel est mon objectif.

Pourquoi est-ce que je me casse la tête à faire ce contenu.

À qui il est destiné.

En quoi ce contenu apporte de la valeur ajoutée à cette personne.

Le simple fait de me rappeler à voix haute ces informations suffit dans 90% des cas à détecter ou et pourquoi le texte “ne va pas”.

Bien souvent, parce que je m’égare dans des délires ou des anecdotes personnelles qui ne viennent en rien aider le lecteur (pardon, je me travaille là-dessus).

Parce que j’ai rédigé des passages beaucoup trop longs et trop compliqués, sans aucune valeur pour la cible visée.

Ou, plus généralement, parce que j’ai perdu en cours de route ce qui faisait tout l’intérêt de ce contenu : le caractère utile, utilisable, engageant ou divertissant pour le lecteur.

--

--

Thomas Gadroy

Content Strategist @Payfit, passionné de marketing pragmatique et #NoBullshit.