Les outils logiques simples mais pratiques : le MoSCoW

Thomas Gadroy
5 min readMay 12, 2020

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MoSCoW est l’acronyme de

  • Must
  • Should
  • Could
  • Won’t

En bon français :

  • Doit être fait
  • Devrait être fait
  • Pourrait être fait
  • Ne sera pas fait

En gros, c’est une échelle bête comme chou pour prioriser.

Prioriser des tâches, des projets, des retours, des corrections…

Tenez, un exemple type : vous commencez un nouveau projet avec plusieurs collègues, votre manager, son manager…

Vous vous rassemblez autour d’une table de réunion (enfin, plutôt en visio-conférence en cette période de confinement).

Les idées fusent.

Chacun y va de sa contribution sur “ce qu’il faudrait faire pendant le projet”.

Et après une heure d’échange, on se retrouve face à un monstre. Une liste d’idées ingérable.

“Et la maison serait en bois. Et en granit aussi. Avec de la pierre. Mais bleue. Et il y aurait deux cuisines. Et trois WC. Et les poignées serait en marbre. Et la maison serait peinte en bleu. Et en rouge. Et en vert.”

(Vous avez déjà remarqué que les comptes-rendus de projets ressemblent souvent à un jeune enfant ou un pote ivre qui essaye de vous raconter une histoire ?)

Le MoSCoW est un outil très pratique pour faire le tri dans tous ces possibles

Pour séparer

1. Ce qui est réellement important et indispensable (sans lequel le projet n’a plus aucun sens) ⇒ les must

2. Ce qu’il serait tout de même très intéressant d’avoir. Ce qu’on sacrifiera peut-être si on ne peut vraiment pas faire autrement, mais qu’on essaiera de garder jusqu’au bout ⇒ les should

3. Ce qu’il serait cool d’avoir mais… bah, on ne va pas en mourir si ce n’est pas possible ⇒ les could

4. Ce qui ne fera jamais parti du projet. On est bien tous d’accord que ce n’est même pas un sujet. Et qu’il est hors de question que l’on mette les mains la dedans. ⇒ les won’t.

Simple, facile à utiliser et efficace.

Pour commencer, c’est un excellent moyen de se protéger contre le “scope creep”

Vous savez : ces projets qui démarrent gentiment et humblement. Dont on se dit qu’ils sont faisables.

Mais qui, par accumulation d’idées de dernière minute, de suggestions et de “on pourrait”, finissent par devenir des monstres ingérables.

Le MoSCoW aide là aussi à faire le tri.

“C’est top toutes ces idées que vous avez eues. Mais, si je les évalue correctement, ce sont des COULD. Et on a pas encore terminé les MUST. On termine d’abord les MUST et ensuite on verra si on peut prendre des SHOULD. Ok pour vous ?”

Dédramatiser les feedbacks et les retours

Je trouve que c’est aussi un outil extrêmement pratique quand il faut faire des retours à quelqu’un.

Je l’utilise énormément dans mon métier où je dois régulièrement collaborer avec des experts et les aider à produire du contenu sur leur champ d’expertise.

Il s’agit la plupart de temps de personnes très qualifiées, qui ont un véritable savoir et des connaissance pointues dans leur domaine… mais qui n’ont pas souvent l’habitude de créer du contenu sur cette expertise. Ou même de vulgariser tout court leurs connaissances.

Dans ce genre de projet, il est important de leur faire des retours utilisables : surtout pas de les inonder de retours négatifs et de corrections listant absolument tout ce qu’ils auraient pu faire de manière différente.

Le MoSCoW est rudement pratique ça.

Must : il faut que l’on rediscute ensemble de ce passage. En tant que non-expert, je sens que je n’ai pas bien compris toutes les subtilités.

Une tournure n’est pas claire. Je n’ai moi-même pas compris le sens de la phrase.

Il manque une explication ou une information.

Cette tournure peut être mal interprétée. Où l’entreprise ne peut pas se permettre de publier cette phrase telle quelle, parce qu’elle prend trop partie sur un sujet à risque.

Bref : on creuse ensemble parce qu’on ne peut pas publier ce texte en l’état.

Should : si on en a le temps, et qu’il n’y a pas trop de retours MUST à gérer, ce serait vraiment bien de traiter un maximum de ces retours là. Ils sont importants et ils pourraient aider à améliorer la qualité du texte.

Par exemple, on ne comprend pas bien la transition d’un passage à un autre. Ou cette transition sonne un peu forcée et artificielle.

On n’a pas couvert tel sujet annexe qui pourrait être intéressant ici.

Certaines des phrases sont un peu trop longues. Ou un tout petit peu trop tarabiscotées. Et même si cela n’empêche pas la compréhension du texte, les simplifier devrait améliorer significativement la qualité globale.

Could : Mêêh…. Si on a le temps et s’il n’y a vraiment rien d’autre, voici quelques idées de micro-améliorations.

Sinon, je te les passe juste, au cas où elles pourraient te servir pour un prochain contenu.

Autre utilisation…

Forcer les relecteurs, décideurs et validateurs (affreux néologisme) à prioriser leurs retours

L’outil marche dans les deux sens.

J’observe parfois des décideurs ou des relecteurs (dont ce n’est pas le métier ou qui n’ont pas l’habitude de l’exercice) pondre un véritable raz-de-marée de remarques, de corrections, d’annotations, de questions et autres quand on leur demande de “valider un texte”.

On se disperse. On a peur de rater quelque chose. Ou d’oublier une idée qui nous est venue en relisant le texte.

On essaye de corriger soi-même (“Remplacez cette tournure par celle-ci”).

On mélange des retours vitaux et importants…

“Je mets un véto sur cette tournure : on vient d’avoir l’info ce matin. Cette fonctionnalité va sortir deux semaines plus tard que prévu. Il ne faut pas en parler avant le 15.”

… avec des corrections et des reformulations superfétatoires qui sont en réalité des “Moi j’aurais pas écrit ça comme ça”.

Si le rédacteur traite cette avalanche de retours dans l’ordre, il risque de perdre énormément de temps sur des COULD et d’être pris de court au moment d’attaquer les MUST et les SHOULD.

Prioriser la charge de travail à la semaine ou au mois

Autre cas d’utilisation : dans mon métier, je me sers régulièrement du MoSCoW lorsque je dois prioriser les contenus suivant que nous devrions produire.

Imaginons que l’on décide de nettoyer un intranet ou de refaire un site web.

L’une des étapes va être de réaliser un inventaire de tous les contenus dont on dispose aujourd’hui.

Cet inventaire sera suivi d’un audit pour comprendre quelle matière première nous avons. Quels contenus nous manquent.

Le Moscou va énormément aider à prioriser. Et à faire le tri entre les contenus qui méritent des ressources… et ceux qui n’en méritent pas.

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Thomas Gadroy

Content Strategist @Payfit, passionné de marketing pragmatique et #NoBullshit.