Les rationnels raisonnables et les rationnels intégristes

Thomas Gadroy
5 min readApr 17, 2020

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Il n’y a pas de catégorie “Philosophie de comptoir” sur Médium, je crois, mais si cette catégorie existait, cet article nagerait en plein dedans.

Ce qui suit ne repose sur aucune recherche, aucune étude, aucune data… bref : aucune science digne de ce nom. Il ne s’agit vraiment que d’une observation personnelle.

Mais c’est un sujet qui me travaille depuis plusieurs années : les gens que l’on peut qualifier de “rationnels”.

Sans chercher à stéréotyper qui que ce soit, il faut tout de même reconnaître que nous avons chacun une personnalité et que celle-ci a tendance, la plupart du temps à nous faire réagir ou à nous comporter de telle ou telle façon.

  • Certaines personnes, par exemple, sont plus introverties tandis que d’autres sont plus extraverties.
  • Certaines personnes ont plutôt tendance à prendre des décisions en s’appuyant sur leurs émotions et ce qu’elles ressentent, tandis que d’autres vont plutôt s’appuyer sur les faits et les observations.
  • Certaines personnes aiment beaucoup improviser, tandis que d’autres ont une préférence marquée pour la planification et la préparation.

Et il n’y a là aucun jugement. Aucun de ces traits n’est supérieur à l’autre.

Certains traits sont peut-être plus adaptés dans certaines situations, mais (j’insiste vraiment là-dessus) je suis convaincu qu’aucun n’est supérieur à l’autre.

Sans compter que ces tendances que l’on peut observer chez les gens ne sont rien que cela : des tendances. Rien d’inéluctable ou de déterminé.

Bon, maintenant que tout ça est dit, j’aimerais partager une observation sur les gens qui sont plutôt généralement “rationnels”.

Et de la même manière que quelqu’un qui s’apprête à sortir une horreur va commencer sa phrase par “Je ne suis pas raciste, mais”, je voudrais commencer la mienne par “Je suis moi-même quelqu’un de rationnel (et souvent coupable de ce que je décris juste après)”.

Je vois 2 types de personnes “rationnelles” : les raisonnables… et les intégristes

Et si vous aussi vous avez des personnes très rationnelle, très cartésiennes, dans votre entourage, vous avez probablement déjà observé quelque chose de similaire.

Le rationnel intégriste

Le rationnel intégriste est une personne qui croit en la logique… de la même manière qu’un fondamentaliste croit en la religion.

Le rationnel intégriste est typiquement le genre de personne qui, pendant une discussion, va s’accrocher à un point mineur (qui n’est pas le cœur de la discussion) mais qu’il refuse de laisser passer. Et il sera impossible d’aller plus loin tant que ce point-là (qui n’a aucune importance pour la discussion) n’aura pas été discuté.

Et par “discuté” j’entends que (1) l’intégriste ait pu exprimer son avis et (2) que personne ne viennent le contredire ensuite.

C’est le type de personne qui va s’exprimer avec une certaine condescendance. Elle laissera rarement passer une occasion d’étaler son savoir en corrigeant la moindre approximation dans les propos des autres.

Elle aura un comportement presque allergique et irrationnel (le comble) lorsqu’elle est confrontée à un discours ou une idée qui va à l’encontre de ce qu’elle considère comme logique.

Cette allergie peut prendre même des formes de violence verbale.

La plupart du temps, c’est une personne qui a une méfiance presque irraisonnée pour l’intuition, les émotions et ce qu’elle considère comme des “ennemis” de la logique.

Le rationnel raisonnable

À l’opposé du spectre, le rationnel raisonnable, lui, est convaincu de l’importance de la logique, mais comme étant un outil parmi plusieurs autres.

Il se sert de la logique, mais n’en est pas esclave. Elle est tempérée par la tolérance pour ce qui est différent (et même de l’intérêt et de la curiosité).

Chez certains, elle prend même une forme paradoxale, puisque l’une des conclusions à laquelle la logique parvient elle-même, c’est que nos propres limitations ne nous permettent pas d’être 100% logiques et que certaines choses nous échappent.

C’est typiquement le genre de personnes qui va laisser passer des points de désaccord mineurs et qui va chercher à aider et à accompagner, plutôt que de chercher à écraser les interlocuteurs. Une personne qui est capable de se questionner elle-même.

Qui considère que l’intuition, les émotions et l’ouverture d’esprit ne sont pas incompatibles avec la logique.

(J’avais prévenu en introduction : philosophie de comptoir)

Si des professionnels passent par ici, ils pourront très justement faire remarquer que ces deux comportements ne sont pas forcément liés au fait d’être rationnel.

Mais disons que c’est ma manière à moi de rationaliser le sujet.

Et d’essayer d’en apprendre pour aller dans la bonne direction au lieu de tomber dans l’écueil de l’intégriste… et de ces tendances qui méritent d’être corrigées car, non seulement elles sont contre-productives, mais elle rendent en plus la vie invivable pour soi et pour les autres.

D’apprendre à lâcher un point mineur de la discussion (qu’il s’agisse du boulot ou des relations persos).

Ne pas s’acharner à trouver une solution élégante à un problème (“Il faut que l’on développe un script qui va gérer automatiquement cette tâche pour nous”) quand la solution pragmatique qui prendra moitié moins de temps serait de se relever les manches et de traiter la chose en une fois.

De garder l’esprit ouvert face à des concepts qui sortent des sentiers battus et ne pas les qualifier hâtivement d’illogiques. Se méfier des réaction épidermiques a des idées ou des suggestions.

Reconnaître et accepter les émotions, les sentiments et l’inconscient comme une part naturelle de nous.

Accepter l’idée qu’il y a une extraordinaire richesse à aller chercher dans des domaines qui ne sont pas incompatibles avec la logique mais qui, au contraire, la complète parfaitement.

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Thomas Gadroy

Content Strategist @Payfit, passionné de marketing pragmatique et #NoBullshit.