Tout est toujours évident après le match (surtout depuis les tribunes)

Thomas Gadroy
3 min readMay 13, 2020

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Je ne sais pas si vous connaissez cette blague récurrente qui circule sur la toile, au sujet du Seigneur des Anneaux ? Celle impliquant Gandalf et ses oiseaux géants ?

(Attention pour ceux qui n’auraient ni lu le livre, ni vu les films, la suite contient des spoilers)

Toute l’épopée (plus de 500 000 mots pour le livre / 11 heures pour le film) tourne autour de la destruction de l’anneau unique. Et du périple nécessaire pour amener, à pied, l’anneau jusqu’au seul lieu ou il pourrait être détruit en traversant des pays en guerre, des armées et des terres sinistrées.

Situation assez standard pour une histoire de fantasy.

Sauf que… En cours de route, le lecteur / spectateur découvre que Gandalf a des relations bien pratiques avec un peuple d’oiseaux géants.

Nombre d’internautes ont fait remarquer que l’histoire aurait pu être beaucoup plus courte… si Gandalf avait utilisé les oiseaux dès le début pour jeter l’anneau droit dans le volcan.

On se serait ainsi évité bien des troubles et bien des aventures.

J’adore cette anecdote pour deux raisons

1/ Elle illustre parfaitement la beauté d’internet. On peut trouver des groupes complets de discussions autour de sujets et des théories de fans rédigées avec le sérieux d’une dissertation de philosophie.

2/ C’est une analogie bien pratique pour expliquer le biais rétrospectif : cette tendance que nous avons tous à surestimer, après la match, la facilité avec laquelle les choses auraient pu être menées différemment.

J’ai l’impression que c’est une situation qui revient souvent dans la vie professionnelle : à la fin d’un projet, quelqu’un vient faire remarquer que l’on a fait bien des détours. Et que l’on aurait pu prendre la ligne droite dès le début.

Mais mettons-nous un instant dans les chaussures des personnages du Seigneur des Anneaux.

Lorsque l’histoire débute, personne n’est bien certain de comprendre la situation

Gandalf n’est pas encore certain que cet anneau à problème soit bien l’anneau unique. Même une fois que ses craintes se confirment, il doute de pouvoir gérer la situation lui-même.

Frodon, lui, se sent complètement dépassé par les événements. Il se remet difficilement du départ de Bilbon, qui était pour lui comme un père adoptif.

Il va falloir un livre complet avant que les protagonistes n’arrivent à rassembler un Conseil, tant bien que mal (avec nombre de déboires et de détours sur la route) afin de décider ensemble de la conduite à tenir.

Et toute l’aventure va se dérouler en suivant la même logique : situation floue, tentative de résolution, déboires, progrès nouvelle situation floue…

La ligne droite entre le départ et l’arrivée est rarement visible au début de l’aventure

Au début d’un projet, on a rarement une idée fine de la route qu’il faudra parcourir. Des problèmes qu’il faudra surmonter.

Même dans une situation idéale, avec une bonne visibilité sur ce qui nous attend, on peut être facilement surpris.

Il est très facile, si on arrive après coup, de tracer la ligne droite entre la case départ et la case arrivée en déclarant “Voilà ce qu’il aurait fallu faire”.

Mais lorsque les protagonistes sont encore sur cette case départ, la case arrivée n’a même pas encore été identifiée.

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Thomas Gadroy

Content Strategist @Payfit, passionné de marketing pragmatique et #NoBullshit.